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Sauvegarde et diffusion de l’esthétique baroque

L’Accademia Bizantina a été fondée à Ravenne (Italie) en 1983 avec pour intention de « faire de la musique à la manière d’un grand quatuor à cordes ». Nombre de personnalités éminentes du monde musical ont encouragé les premiers pas et la croissance de l’orchestre, parmi lesquelles Jörg Demus, et Luciano Berio.

Peu à peu, l’ensemble a trouvé sa propre voie en adoptant un style interprétatif spécifique, basé sur un langage commun et une pratique reflétant la plus pure tradition de la musique de chambre italienne.

En 1996, Ottavio Dantone est nommé directeur artistique et musical, garantissant le prestige et la qualité artistique de l’ensemble. Sous sa conduite experte, Accademia Bizantina allie la recherche philologique à une approche esthétique de l’interprétation baroque.

« Interpreters of Baroque Suggestion »

L’Accademia Bizantina a à cœur de partager sa culture musicale, à travers son activité interprétative mais également académique. Elle travaille main dans la main avec des artistes et chercheurs dans le but de faire connaître l’atmosphère et les sensations de l’époque baroque aux mélomanes d’aujourd’hui.

La méthode Ottavio Dantone – Accademia Bizantina

Ottavio Dantone est un claveciniste et organiste hors pair, mais il se distingue également par sa fine connaissance des codes du Baroque. Sa méthode, à la fois empirique et philologique, lui permet de lire des partitions historiques comme si elles lui étaient contemporaines, en prenant en compte les pratiques et coutumes de l’époque qui n’apparaissent pas à l’écrit. La musique revêt alors de nouvelles nuances et reflète plus fidèlement l’intention du compositeur.

Partager les trésors du répertoire

L’Accademia Bizantina cherche à toucher un public toujours plus important et divers. Si la production de concerts demeure au cœur de son activité, elle s’engage également dans des projets de transmission visant à partager les trésors de la musique baroque au plus grand nombre.

L’Accademia Bizantina a sélectionné plusieurs grandes œuvres de son répertoire dans le but d’élaborer autour d’elles un corpus de ressources, qu’elle mettrait à la disposition sur différentes médias et plateformes notamment, des chefs d’orchestres et musiciens, afin de leur fournir des pistes de réflexion sur l’esthétique recherchée.

Les ressources de l’Accademia Bizantina mettent en relief son expertise de l’interprétation du répertoire baroque italien. L’opéra, genre-phare à cette époque, se révèle d’une fascinante complexité pour l’interprète moderne : il faut investir tant le champ musical que littéraire (les livrets font l’objet d’une étude attentive), considérer les usages du temps, et assumer aussi une part de choix subjectifs, qui font l’interprétation un processus dynamique, artistique et non figé et immuable.

C’est ce travail multidimensionnel que documenteront les ressources de l’ensemble, qui englobent donc autant la recherche musicologique fondamentale, les études d’interprétation, la médiation et l’éducation artistique et culturelle, qui vise à faciliter la réception des œuvres auprès de tous les publics, ou encore les options artistiques, qui constituent la signature de l’Accademia Bizantina et de son chef Ottavio Dantone.

Orchestre et centre d’enseignement 

Le Balthasar-Neumann-Chor und Ensemble est un chœur et orchestre allemand fondé par Thomas Hengelbrock dans les années 1990. Il tire son nom d’un célèbre architecte baroque, son époque de prédilection.

Le BNCE s’attache à faire renaître la sonorité d’origine d’œuvres aussi bien connues (Orfeo ed Euridice de Gluck, Parsifal de Wagner) qu’oubliées. Sa démarche historiquement informée s’appuie sur une étude précise des partitions, associée à un jeu sur instruments d’époque.

Le BNCE est également éditeur : avec Edition Balthasar Neumann, il rend accessible aux autres ensembles et au public les recherches entreprises dans le cadre de ses productions. Les parutions sont disponibles dans des éditions critiques musicologiques, ou pratiques.

Le Balthasar-Neumann Chor und Ensemble a pris un parti audacieux parmi les ensembles sur instrument d’époques : celui d’aborder un répertoire stylistiquement large, du premier baroque à la fin du XIX^esiècle. Or, le répertoire tardif constitue un champ encore très neuf des démarches historiquement informées ; les ressources tant documentaires et musicologiques que pratiques à ce sujet sont encore rares. De surcroît, le travail musicologique de l’ensemble confronte différentes méthodes : en particulier, aux côtés d’une recherche bibliographique poussée, il n’hésite pas à solliciter l’expertise des musiciens, s’appuyant sur leur expérience de terrain, notamment sur des questions organologiques ou de pratique d’exécution, notamment pour les vents. Le partage de telles ressources est donc d’autant plus précieux.

La redécouverte du patrimoine tchèque

Orchestre et ensemble vocal tchèque de premier plan, le Collegium 1704 a été fondé par le claveciniste Václav Luks au début des années 2000. Il se spécialise dans l’interprétation du grand répertoire baroque sur instruments d’époque, qu’il présente à Prague et Dresde ainsi que dans des salles et festivals prestigieux tels que le Salzburger Festspiele, la Berliner Philharmonie, le Theater an der Wien, le Wiener Konzerthaus, l’Elbphilharmonie de Hamburg ou le Festival de Besançon.

Le Collegium 1704 apporte une attention particulière à un répertoire rare : celui des pays d’Europe centrale, et en particulier de ceux correspondant à l’actuelle République tchèque, aux XVII^e et XVIII^e siècles. Le dominent les figures de Jan Disma Zelenka (1679-1745) pour l’époque baroque tardive, et de Josef Mysliveček (1737-1781) pour la période classique.

C’est d’ailleurs ce premier qui donne son nom à l’ensemble : en août 1704, la pièce jésuite Via Laureata, que la musique de Zelenka accompagne, est jouée dans l’église Saint-Nicolas à Prague. On retient cette date comme celle de l’arrivée à Prague du compositeur.

Aujourd’hui, le Collegium 1704 souhaite partager ses recherches sur le patrimoine musical tchèque, et notamment sur les œuvres de Jan Disma Zelenka et de Josef Mysliveček. En les mettant à disposition librement, il espère que les nombreux acteurs du monde de la musique seront désireux de s’emparer de ces œuvres et de les diffuser à leur tour.

Le travail de redécouverte mené par le Collegium 1704 impose un important traitement de sources manuscrites (partitions, manuscrits autographes, etc.), étayé de considérations sur la manière d’interpréter ces œuvres ; le partage des ressources de l’ensemble permet de le documenter et de découvrir les défis que posent ces partitions oubliées.

Les pratiques d’exécution des genres concertants, et en particulier la question de l’élaboration des cadences de solistes, font l’objet d’une étude inédite dans le champ des performance practices.

L’orchestre pionnier de la pratique historiquement informée partage son savoir

Le Concentus Musicus Wien est l’orchestre mythique fondé en 1953 par Nikolaus Harnoncourt, pionnier du mouvement des orchestres sur instruments d’époque, et son épouse Alice Harnoncourt.

Il interprète principalement des œuvres des répertoires baroque et classique, sous la direction de Stefan Gottfried.
Dès sa création, l’ensemble s’attache à respecter les intentions des compositeurs le plus fidèlement possible : il ne donne son premier concert officiel qu’en 1957 (au Palais Schwarzenberg, à Vienne) après quatre ans de répétitions et recherches musicologiques.

Il apparaît primordial de valoriser et transmettre ce savoir si précieux, réuni au fil du temps. Le Concentus Musicus Wien dispose en effet de nombreux documents qu’il désire partager, notamment autour d’œuvres sacrées de Bach et Mozart.

Depuis sa fondation en 2012, Insula orchestra explore sur instruments d’époque un répertoire qui s’étend de la fin du baroque au milieu du romantisme, tout en proposant un éclairage original pour ces œuvres.

Sa démarche historiquement informée en fait un des grands acteurs du mouvement initié dans les années 1960. L’orchestre a compilé et créé au fil des années de nombreuses ressources à la fois artistique et scientifique, documentaires et pédagogiques, qui seront désormais consultables en ligne sur le portail La Documenta.eu.

40 ans au service de la musique baroque

Fondés en 1979 par William Christie, Les Arts Florissants sont l’un des ensembles de musique baroque les plus reconnus au monde.

Fidèle à l’interprétation sur instruments anciens, cette formation — qui tient son nom d’un petit opéra de Marc-Antoine Charpentier — a joué un rôle pionnier pour faire redécouvrir dans toute son actualité la musique européenne des XVII^eet XVIII^e siècles, représentée par Handel, Charpentier, Monteverdi, Rameau, Bach ou Purcell.

Aujourd’hui, c’est ainsi une centaine de concerts et de représentations que Les Arts Florissants proposent chaque année sur les plus grandes scènes françaises et internationales. Une riche programmation, portée par des musiciens exceptionnels venus du monde entier pour interpréter ce répertoire sous la direction de William Christie et de Paul Agnew… et faire vivre ce « style Arts Flo » reconnaissable entre mille.

Partager un corpus inédit

Ensemble parmi les pionniers du mouvement historiquement informé, Les Arts Florissants, ont fait redécouvrir au public de nombreuses œuvres oubliées des XVII^e et XVIII^e siècles.

En plus de 40 ans d’activité, ils ont élaboré un précieux corpus de ressources qu’ils souhaitent rendre accessibles par le biais de plusieurs réseaux : éditions, médiathèques, instituts de recherches… Cette démarche s’inscrit dans l’ADN des Arts Florissants, qui mènent déjà de nombreuses activités de transmission. Les Arts Flo Juniors notamment, qui offre à de jeunes musiciens leur première expérience professionnelle, bénéficieraient de cet important travail musicologique.

Les ressources associées font entrer dans les secrets de la restitution d’une œuvre baroque, en particulier des œuvres dramatiques : quelles sources utiliser ? Comment les comparer et en tirer un matériau musical pour l’interprétation ? Comment permettre au public du XXI^e siècle d’en apprécier toutes les subtilités ?

Les différentes ressources versées permettront d’éclairer ce travail musicologique, interprétatif et artistique, qui croise des approches diverses ; il s’agit en somme de pénétrer les coulisses d’un ensemble sur instruments d’époques et d’embrasser d’un regard tout le processus qui mène à l’interprétation d’une œuvre en concert.