Chapitres
Concerto pour piano
en ré mineur n° 20, K. 466
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Le 11 février 1785 à Vienne par Mozart au pianoforte.
Époque
Classique
Taille
Environ 30 minutes
Dimensions
1 flûte, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales, cordes et piano solo
Signe distinctif
Le premier des deux concertos écrits par Mozart en mode mineur.
Ce que nous aimons
Son expressivité tragique
Nous vous conseillons
Le Concerto en ut majeur n° 21, K. 467, écrit simultanément. Ou l’autre concerto en mode mineur, le Concerto en ut mineur, K. 491.
[..] Ce jour-là, je vis bien des regards brouillés de larmes et je compris que tout ce qu’à 20 ans j’avais le plus aimé dans Beethoven n’était que le développement, l’amplification d’ailleurs sublime parfois, de ce que Mozart avait déjà apporté à un monde incapable de rien comprendre à demi-mot […]
En cette année 1785, Wolfgang Amadeus Mozart vit à Vienne où il exerce en tant que musicien indépendant. Une liberté chèrement conquise à une époque où la plupart des compositeurs sont assujettis à un prince.
Même s’il est obligé de produire beaucoup pour survivre, les années 1784-1786 représentent une période brillante, marquée par le succès qu’il obtient à la fois comme pianiste et comme compositeur.
Après six concertos écrits en 1784, celui en ré mineur fait partie d’une deuxième série de six composés entre février 1785 et décembre 1786, dont tous semblent avoir été destinés aux concerts par souscription (« académies ») au cours desquels Mozart se produisait lui-même.
Blick auf den Stephansdom vom Glacis aus
Thomas Ender - Wikimedia Commons
C’est justement lors d’une de ses académies qu’il créé le 11 février 1785 son Concerto n° 20, achevé la veille comme en témoigne son père, fraîchement arrivé à Vienne, dans une lettre à sa fille : « Le concert fut magnifique et l’orchestre a admirablement joué. En plus des symphonies, une chanteuse du théâtre italien a interprété deux airs. Nous avons ensuite entendu un nouveau et splendide concerto de Wolfgang, que le copiste, lorsque nous sommes arrivés, était encore occupé à recopier, et donc Wolfgang n’eut même pas le temps de répéter entièrement le rondo, ayant à vérifier les copies. »
L’une des originalités de cette œuvre est le choix de la tonalité du ré mineur, une tonalité que Mozart utilisera peu dans sa vie : pour le quatuor K 421 et surtout pour Don Giovanni et le Requiem. D’emblée, cette tonalité confère une atmosphère dramatique, accréditant pendant longtemps l’idée d’un Mozart romantique annonciateur de Beethoven – le Concerto en ré fut d’ailleurs pratiquement son seul concerto joué au XIXe siècle.
L’atmosphère fiévreuse de l’œuvre se fait entendre dès l’Allegro avec son rythme syncopé, sa basse angoissée et ses triolets chargés de tension. Comme ce premier mouvement échappe aux schémas traditionnels ! L’apaisement provoqué par l’arrivée du soliste cède vite pour renouer avec une tension énergique. Dès lors, le jeu entre le piano et l’orchestre se déploie dans un fougueux dialogue.
L’irruption du mouvement lent se fait dans la tonalité souriante du si bémol majeur. Cette Romance est proche d’un opéra tant Mozart fait chanter les voix avec pureté. Une sérénité que vient rompre le mouvement central en sol mineur qui contraste par son intensité pathétique.
L’agitation orageuse de la partition finit par se transformer dans le finale en une conclusion joyeuse en majeur, comme un cri de triomphe. Celui d’un homme heureux de vivre à Vienne hors de toute sujétion. Celui d’un homme qui vient d’adhérer à la franc-maçonnerie, où peut prendre corps, sur le plan des idées et non plus seulement en musique, son aspiration à l’universalité.
Isabelle Stibbe
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