Chapitres
Die Schöpfung
[La Création]
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Née le 29 avril 1798 dans l’intimité du palais Schwarzenberg à Vienne ; baptisée dans l’allégresse publique le 19 mars 1799 au Burgtheater de Vienne.
Époque
Classique
Taille
Une heure et demie
Dimensions
Trois solistes (soprano, ténor, baryton), un chœur mixte, un orchestre symphonique
Signe distinctif
Commence avec « La Représentation du Chaos » : un véritable défi musical !
Ce que nous aimons
Son langage musical imagé et poétique
Nous vous conseillons
Les deux autres oratorios de Haydn : Les Sept dernières paroles du Christ en Croix pour un format plus court, et Les Saisons dans la veine de La Création.
Ainsi nous entendons, attendris, les sons
De l’œuvre de ton imagination
Et rendons hommage, les larmes aux yeux,
À Toi, Créateur d’harmonies célestes !
Au commencement était… Bach. Bach et ses Passions, une certaine façon poétique et dramaturgique de traiter le texte biblique en s’appuyant sur des récitatifs et des chorals.
Au même moment était… Haendel. Haendel et ses oratorios qui marquèrent si fort Haydn, lors de ses séjours londoniens, qu’il voulut se mesurer à lui.
Puis vint le Baron van Swieten. Ce diplomate et mécène, cultivé et mélomane, organisa des concerts privés auxquels participèrent Mozart, Haydn puis Beethoven, et qui firent beaucoup pour la diffusion de la musique de Bach et de Haendel. Il est l’auteur du livret allemand de La Création, d’après la Bible et Le Paradis perdu de John Milton. Ainsi naît La Création de Haydn.
Coïncidence ? Cette partition qui décrit la naissance du monde est une œuvre où les « premières fois » abondent. C’est la première fois qu’Haydn écrit un oratorio – il sera suivi trois ans plus tard par un deuxième, Les Saisons, toujours sur un livret de van Swieten, tandis qu’un troisième Le Jugement dernier, restera à l’état de projet.
C’est aussi la première fois que Haydn passe autant de temps sur une partition. Deux ans, ce n’était pas jusque-là dans ses méthodes. Mais lorsque certains le pressaient de se hâter, il répondait : « J’y mets le temps parce que je veux qu’elle dure », jolie façon dire à quel point il était conscient de composer pour la postérité.
C’est encore la première fois qu’il porte à un degré tel le système de l’imitation de la nature dans les arts. Au-delà de dépeindre en musique ce que décrivent les mots – le chant des oiseaux, la mer déchaînée, le rugissement des lions… –, il s’agit également de mettre en œuvre des symboles.
Ainsi, au lieu de conclure la partie intitulée « le Chaos » par des résolutions harmoniques, Haydn les évite : « c’est que rien n’a encore pris forme », explique-t-il.
Autre exemple : le chiffre trois répété à plusieurs reprises – Mozart avait fait de même dans sa Flûte enchantée. Sans doute l’influence du baron van Swieten, affilié comme lui à la loge Zur wahren Eintracht de Vienne, n’est-elle pas étrangère à ce maniement des symboles.
The Expulsion of Adam and Eve from Paradise
Benjamin West - Wikimedia Commons
Il en résulte une œuvre solaire, marquée par un souffle et des audaces harmoniques qui, aux dires de certains, annoncent le Tristan de Wagner, « performance d’autant plus considérable qu’elle émane d’un maître confondu en ses débuts avec d’obscurs musiciens autrichiens du début du XVIIIe siècle.»
Il reste que le succès de La Création est considérable dès sa première exécution publique à Vienne, en 1799, au Burgtheater, avant de conquérir bientôt l’Europe.
Et puisqu’il a été beaucoup question des « premières fois », concluons par une « dernière fois » : l’ultime apparition publique de Haydn le 27 mars 1808 dans un concert dirigé par Salieri et à l’issue duquel Beethoven lui baise publiquement les mains. L’œuvre au programme ? La Création, bien sûr !
Isabelle Stibbe
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La Création
Direction… Hambourg
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