Chapitres
Symphonie n° 1
en si bémol
« Le printemps », op. 38
Les clefs de l'œuvre
Date et lieu
31 mars 1841, à Leipzig, sous la direction de Mendelssohn
Époque
Romantique
Taille
35 minutes
Dimensions
Orchestre symphonique
Signe distinctif
Les réminiscences des thèmes qui changent de forme, parfois interrompus par de nouveaux motifs, au gré d’un esprit lunaire.
Ce que nous aimons
La puissance euphorique des sensations printanières.
Nous vous conseillons
Clara Schumann, Concerto pour piano
Pourriez-vous insuffler un peu à votre orchestre le désir du printemps lorsqu’il joue ? C’est ce que j’avais le plus à l’esprit en composant […].
« Printemps » ? C’est bien une renaissance que traverse Schumann quand lui vient l’idée de sa Première symphonie. À trente ans, il vient d’épouser Clara Wieck, son grand amour, après un long procès contre le père de la jeune femme – dix années séparent les tourtereaux –. Elle-même compositrice et pianiste virtuose, Clara (désormais Schumann) encourage Robert dans une nouvelle voie : « j’ai été prise du désir de t’inciter à écrire pour l’orchestre. Ton imagination et ton esprit sont trop grands pour le faible piano » (lettre du 7 janvier 1839).
À cet instrument, le musicien vient de consacrer l’essentiel de sa jeunesse créative. Féru de poésie, bercé par les romans fantastiques de Jean Paul et d’E. T. A. Hoffmann, ce fils d’écrivain transpose au clavier ses visions de lecteur. Ainsi naissent les Papillons, les Kreisleriana, chez un artiste porté à l’extase comme à la dépression.
Une symphonie en sol mineur entreprise à vingt-deux ans – en pleine passion pour Ludwig van Beethoven – reste inachevée, son premier mouvement faisant pâle figure dans un concert où Clara éblouit au piano.
À Leipzig où il vit depuis ses études, Robert rencontre Felix Mendelssohn qui dirige l’orchestre du Gewandhaus, l’un des meilleurs au monde encore aujourd’hui. Il fera créer par son ami la Symphonie n° 8 en ut majeur dite « La Grande » du défunt Schubert, découverte chez le frère de ce dernier lors d’un voyage à Vienne, et dont il vantera les « divines longueurs » dans la revue qu’il dirige en critique inspiré.
Robert Schumann ne manque donc pas de modèles, ni d’occasions, lorsqu’il esquisse au début de 1841 la Première symphonie en si bémol. L’année précédente a été celle du lied : plus de cent mélodies pour voix et clavier, dans un genre plus commercial que les rêveries pour piano cultivées jusque-là – son esprit poétique, mais aussi l’aspect financier du mariage, appellent ce virage créatif.
Penn State glee club – spring concert
Lanny Sommese - Artvee
La nouvelle année sera celle de l’orchestre. En quatre jours, du 23 au 26 janvier, il compose d’un bout à l’autre la trame de la Première symphonie; l’instrumentation est achevée le mois suivant. « Feu symphonique », écrit-il dans le journal intime qu’il tient avec Clara, nourri par un poème d’Adolf Böttger sur… le printemps.
Justement: le 31 mars, à l’orée des beaux jours, Felix Mendelssohn dirige au Gewandhaus la création de l’œuvre. Les mouvements portent encore les sous-titres que Robert Schumann effacera à la publication : Début du printemps, Soir, Joyeux compagnons, Printemps en fleur.
L’appel initial des trompettes et cors, puis de tout l’orchestre, semble une mélodie sans paroles pour les vers finaux d’Adolf Böttger : « Oh, tourne, tourne tes pas lents / En vallée fleurit le printemps ! »
L’introduction « un peu majestueuse » peint l’hiver vaincu par l’arrivée de la belle saison, triomphante dans l’Allegro molto vivace qui accélère le thème d’ouverture au rythme exalté.
La tempête revient, menaçante, avant la réexposition euphorique où se glisse un motif nouveau, rêveur, typique du musicien-poète.
Rêverie encore dans le Larghetto qui déploie une phrase langoureuse, pleine d’ivresse printanière, soudain obscurcie par une sentence des trombones.
Le Scherzo transforme celle-ci en danse fataliste d’où s’échappent deux épisodes, l’un rustique, l’autre hardi.
Le finale, Allegro animato, lance une gamme extatique, avant de joyeux motifs de ballet où s’invite une citation mélancolique des Kreisleriana, conjurée à son tour par une phrase conquérante. La confrontation des éléments s’achève en apothéose.
« Année symphonique », 1841 verra aussi la naissance de l’Ouverture, scherzo et finale, d’une Fantaisie pour piano et orchestre – premier mouvement du futur Concerto –, ainsi que d’une Symphonie en ré mal reçue – éclipsée encore par le brio de son épouse Clara –, d’où naîtra la Quatrième symphonie.
Luca Dupont-Spirio
Pépite
Spring Blossom
Aureliano de Beruete - Artvee
Différentes sources indiquent que l’élément déclencheur de l’inspiration de Schumann pour sa Symphonie n°1 « Le Printemps » aurait été les deux dernières lignes d’un poème de Adolf Böttger (1810-1870), extrait d’un recueil qui s’intitule Frühlingsmelodien. À noter, selon un commentateur germanophone, la concordance des syllabes du dernier vers avec la phrase musicale introductive de la symphonie : « Im Tha-le blüht der Früh-ling auf! »
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