Franz Schubert

Symphonie n° 4 en ut mineur « Tragique »

Franz Schubert

Que Franz Schubert ait pu composer en un laps de temps si réduit une œuvre d’une telle profusion et d’une telle richesse, reconnaissable entre toutes, voilà qui dépasse l’entendement. S’il était parvenu à vivre quelques décennies de plus plutôt que de mourir scandaleusement à l’âge de 31 ans, qui sait de quels autres prodiges il aurait pu être capable. Jusqu’où serait-il allé, quels nouveaux chemins aurait-il abordés ? Autant de questions qui resteront à jamais sans réponse. Soyons reconnaissants qu’un Schubert, aussi brève que fut son existence sur cette Terre, ait pu exister et prodiguer au monde tant de trésors.

Symphonie n° 4 « Tragique »

Comparée à ses symphonies précédentes, la Quatrième permet à Schubert de faire un grand pas en avant. Il met les influences de Mozart et Haydn de côté, creusant son sillon sur le modèle beethovenien – ne serait-ce que par sa tonalité d’ut mineur, qui est aussi celle de la Symphonie n° 5 du glorieux aîné. Beethoven, l’idole dont il ne cessera de vouloir être le digne continuateur. Hélas, il disparait trop tôt pour que les Viennois l’adoubent dans ce rôle. Écrite en 1816 – Schubert n’a que 19 ans – mais créée 21 ans après sa mort, la Quatrième prend le sous-titre de « Tragique » par la volonté même du compositeur, sans que son caractère d’ensemble ne corresponde tout à fait à cet intitulé.

Le premier mouvement débute par un Adagio molto méditatif et recueilli, qui anticipe quelque peu sur la Symphonie « Inachevée » (seule autre symphonie de Schubert en mineur), avant un  Allegro vivace résolu. Le deuxième volet, Andante, exhale cette douce quiétude qui n’appartient qu’au compositeur, avant un épisode plus inquiet, le rythme obsessionnel des cordes instaurant une sorte de tension. Le Menuetto débute sur un Allegro vivace assez rustique, un Trio tranquillement dansant faisant office d’intermède. Le bondissant Allegro conclusif brille d’un éclat singulier : ce mélange de verve, d’énergie et de grâce mélodique n’appartient décidément qu’à Schubert.