Chapitres
Beethoven – Farrenc #2
Rédaction : Cora Joris.
Introduction
Œuvres
Ludwig van Beethoven – Concerto pour piano n°2
Louise Farrenc – Ouverture n°1 et 2
Louise Farrenc – Symphonie n° 2
Distribution
Lucas Debargue, piano
Insula orchestra
Laurence Equilbey, direction
Insula orchestra continue de défricher avec passion l’œuvre de Louise Farrenc, compositrice française du XIXe siècle injustement oubliée. Ses deux ouvertures comme sa Symphonie n° 2 témoignent de son impressionnant talent symphonique. Leur compagnonnage avec le Concerto pour piano n° 2 de Beethoven, interprété par le sensible Lucas Debargue, fait de ce concert un hommage passionnant au romantisme.
Insula orchestra
Julien Benhamou
Beethoven en dix points
Portrait de Beethoven
Joseph Karl Stieler - Wikimedia commons
1. Ludwig van Beethoven est un compositeur allemand de la fin du XVIIIème siècle et du début du XIXème siècle.
2. Il est né en Allemagne mais a vécu à Vienne, en Autriche, presque toute sa vie.
3. Il commence sa carrière comme virtuose du piano avant de se consacrer à la composition.
4. Avec Wolfgang Amadeus Mozart et Joseph Haydn, il représente le style musical viennois.
5. Il fait partie des derniers compositeurs de la période classique mais on le considère aussi comme l’un des premiers compositeurs romantiques.
Der Hohe Markt in Wien
Raimund von Stillfried - Wikimedia Commons
6. Il souffre de problèmes d’audition et devient sourd à l’âge de 27 ans.
7. Dans la plupart de ses œuvres, son style musical est tourmenté et dramatique.
8. Il compose neuf symphonies, dans lesquelles il agrandit l’orchestre et développe une puissance musicale qui inspire et impressionne tous les compositeurs du XIXe siècle.
9. Il compose également de nombreuses pièces pour piano, des œuvres de musique de chambre, des concertos et des œuvres vocales. Il compose un seul opéra.
10. Il est l’un des compositeurs les plus joués aujourd’hui, et certaines de ses œuvres sont très connues, comme la Symphonie n° 5, ou encore la Symphonie n° 9 et son hymne à la joie dans le dernier mouvement.
Farrenc en dix points
Louise Farrenc
Louise Farrenc - Wikimedia Commons
1. Louise Farrenc, née Louise Dumont, est une compositrice et pianiste française du XIXème siècle.
2. Très jeune, elle étudie auprès de professeurs de piano et de composition renommés comme Hummel ou Reicha.
3. Elle épouse Aristide Farrenc, un flûtiste et éditeur de musique, qui publie ses œuvres en créant les Éditions Farrenc.
4. Entre 1842 et 1872, elle enseigne le piano au Conservatoire de Paris, avec un statut officiel de professeure, ce qui était très rare pour une femme à l’époque.
5. Elle doit cependant se battre de longues années pour obtenir l’égalité salariale.
Misia au Piano
Theodore Robinson - Wikimedia Commons
6. Elle a la charge de la classe féminine de piano, puisqu’à l’époque, les classes d’instruments n’étaient pas mixtes.
7. Elle publie de nombreux recueils pédagogiques pour le piano qui sont adoptés par le Conservatoire comme modèle d’enseignement.
8. Elle compose principalement pour le piano, mais elle écrit aussi des œuvres de musique de chambre, des œuvres pour voix et trois symphonies.
9. Elle connaît un grand succès de son vivant ; elle a l’estime et le soutien de nombreux musiciens et elle reçoit plusieurs prix pour ses œuvres.
10. Aujourd’hui, ses œuvres sont peu jouées.
Beethoven, Farrenc et le romantisme
Ludwig van Beethoven
Jab d'après Hammann- gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
Beethoven, à l’aube du romantisme
Beethoven, avec Haydn et Mozart, est l’un des plus grands compositeurs de la période classique. Le XVIIIe siècle en musique fait naître des genres musicaux comme la symphonie ou le quatuor à cordes; les œuvres se jouent le plus souvent à la Cour et les compositeurs sont au service de nobles ou de princes qui leur commandent de la musique.
Mais Beethoven se distingue des autres compositeurs : son langage musical est plus tourmenté, ses œuvres sont plus expressives, passionnées, dramatiques, puissantes… Le compositeur s’inspire des sentiments humains, de la nature, du climat révolutionnaire qui secoue l’Europe…
Beethoven bouleverse aussi les genres, et notamment la symphonie, qu’il développe particulièrement. Ses œuvres sont plus longues, plus complexes, Beethoven ajoute des instruments, et sa Symphonie n° 9 fait intervenir un chœur et des chanteurs solistes, en plus de l’orchestre. Il donne à la musique un nouveau tournant, et aujourd’hui, on le place à cheval entre la période classique et le XIXe siècle romantique.
Beethoven und das Rasumowsky'sche Quartett
Österreichische Nationalbibliothek
Femme lisant à l’angle d’un piano
Marie Bashkirtseff - Artvee
Farrenc, le romantisme français
En France, dans le courant du XIXe siècle, Louise Farrenc est une compositrice à la grande renommée et sa musique suscite l’admiration des artistes. Elle est aussi une grande pédagogue, aussi bien dans son enseignement du piano au Conservatoire de Paris qu’à travers ses méthodes et œuvres d’apprentissage de l’instrument qui sont publiées par son mari. Comme Beethoven, son langage musical est expressif, notamment dans ses œuvres pour piano, mais également tourmenté et puissant, surtout dans ses œuvres pour orchestre (dans ses trois symphonies ou ses deux ouvertures).
Louise Farrenc était une compositrice reconnue à son époque, mais avec le temps, son nom a été un peu oublié, notamment parce qu’elle n’a pas composé d’opéra, ce qui était un marqueur de reconnaissance dans le milieu de la musique en France. Encore aujourd’hui, ses œuvres sont rarement jouées.
Le concerto pour piano n° 2 de Ludwig van Beethoven
Nom
Concerto pour piano et orchestre n° 2 op 19 en si bémol majeur
Date de naissance
Composition entre 1794 et 1795, création le 29 mars 1795
Lieu de naissance
Burgtheater de Vienne, par Beethoven au piano
Durée
30 minutes environ
Structure
3 mouvements (I- Allegro con brio, II- Adagio, III- Rondo – molto allegro)
Effectif
Piano soliste et petit orchestre symphonique (cordes – 1 flûte – 2 hautbois –2 bassons – 2 cors)
Concerto
Un concerto est une œuvre qui fait dialoguer un instrument soliste et un orchestre qui l’accompagne. Le concerto se structure traditionnellement en trois mouvements de tempo différent : vif – lent – vif. Le soliste fait souvent preuve de virtuosité dans un concerto, et est mis en valeur par l’orchestre.
Un concerto est une œuvre qui fait dialoguer un instrument soliste et un orchestre.
Beethoven commence la composition de son Concerto pour piano et orchestre n° 2 alors qu’il a 24 ans ; il s’est installé à Vienne en Autriche et étudie la composition. À cette époque, il est davantage connu comme pianiste que compositeur, et se produit régulière-ment pour montrer ses talents de virtuose et d’improvisateur. Le Concerto n° 2 rassemble un effectif instrumental plutôt restreint, bien loin des futures œuvres monumentales de Beethoven : l’orchestre symphonique ici ne fait pas entendre de clarinette ni de timbales (encore facultatives dans les œuvres orchestrales à cette époque).
C’est l’orchestre qui ouvre l’œuvre dans une longue introduction faisant entendre certaines des mélodies principales du premier mouvement. Le piano entre ensuite en douceur et reprend les thèmes énoncés par l’orchestre en y ajoutant des ornements, c’est-à-dire en ajoutant des notes autour de la mélodie, principalement sous forme de gammes. A la fin du mouvement, l’orchestre laisse la place au piano pour une cadence de soliste, à l’origine improvisée mais que Beethoven écrit et fait publier quelques années plus tard.
Le deuxième mouvement commence lui aussi par une introduction de l’orchestre qui dévoile un tempo particulièrement lent et un univers musical recueilli. Les cors tiennent une longue note, un peu mystérieuse, qui annonce l’arrivée majestueuse du piano. Ce-lui-ci occupe le premier plan sonore, et l’orchestre ponctue ses mélodies de notes douces et légères.
Dans le dernier mouvement, c’est cette fois le piano qui commence, et l’orchestre qui lui répond. Ce jeu de dialogue se poursuit dans tout le mouvement, pétillant et vif, et jusqu’à la fin de l’œuvre.
Insula orchestra et Lucas Debargue
Julien Benhamou, 2022
Le deuxième mouvement, en opposition au premier, incarne le calme après la tempête, avec un chant apaisé et lumineux. Cependant, on ressent néanmoins une tension sous-jacente, comme une colère intérieure dont on devine la menace.
Cette impression se confirme dans le troisième mouvement. Traditionnellement dans le genre de la symphonie, celui-ci consiste en une danse légère et joyeuse ; ici, la danse se fait tourmentée, que même la partie centrale, plus calme, ne semble pas suffire à apaiser.
Le quatrième mouvement, enfin, achève l’œuvre dans un tumulte incroyable de l’orchestre : les cordes fougueuses sont soutenues par des timbales vigoureuses qui mènent tout l’orchestre dans un déchaînement final.
Ainsi, la Symphonie n° 1 de Louise Farrenc semble se placer dans la lignée de Beethoven, avec une fougue exaltée et tourmentée qui forme l’une des facettes du romantisme en musique.
Les ouvertures de Louise Farrenc
Nom
Ouverture n° 1 op. 23 en mi mineur
Date de naissance
Composition en 1834
Lieu de naissance
Paris
Durée
10 minutes environ
Effectif
Orchestre symphonique (cordes – 2 flûtes – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 4 cors – 2 trompettes – 3 trombones – timbales)
Une ouverture est un morceau court qui a pour fonction d’introduire une œuvre beaucoup plus longue.
En musique, une ouverture est un morceau court qui a pour fonction d’introduire une œuvre beaucoup plus longue, comme un opéra par exemple. L’ouverture est la plupart du temps étroitement liée musicalement à ce qui la suit, notamment avec des mélodies communes. Parfois, l’ouverture est une pièce isolée, qui n’introduit pas de suite ; c’est le cas des ouvertures de Louise Farrenc.
Les deux Ouvertures de Louise Farrenc sont composées la même année, en 1834. C’est la première fois qu’elle écrit pour orchestre, et ces deux pièces lui permettent d’approcher le genre de la symphonie, dans lequel elle se lance quelques années plus tard avec ses trois Symphonies, composées en l’espace de cinq ans. En effet, la symphonie est l’un des grands genres du XIXe siècle en musique, notamment depuis Beethoven, et représente un réel enjeu pour les compositeurs.
Chacune des deux Ouvertures commence par une introduction lente qui précède la partie rapide. Dans l’Ouverture n° 1, l’orchestre se fait magistral, majestueux, tandis que dans l’Ouverture n° 2, le caractère est plutôt sombre et menaçant. Pourtant, un élément est commun à ces deux introductions : les timbales, instrument de la famille des percussions, qui dépassent ici leur simple fonction percussive en jouant un rôle thématique. En effet, ce sont les timbales qui semblent mener l’orchestre, particulièrement dans l’Ouverture n° 2, et cette écriture rappelle celle de Beethoven qui, le premier, a confié un rôle nouveau à cet instrument (dans sa Symphonie n° 9 ou dans son Concerto pour violon par exemple).
Wiener Philharmoniker
Ferdinand Schmutzer - Wikimedia Commons
Nom
Ouverture n° 2 op. 24 en mi bémol majeur
Date de naissance
Composition en 1834
Lieu de naissance
Paris
Durée
10 minutes environ
Effectif
Orchestre symphonique (cordes – 2 flûtes – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 4 cors – 2 trompettes – 3 trombones – timbales)
Les parties rapides des deux Ouvertures de Louise Farrenc font entendre de nombreux contrastes de caractère : les passages les plus doux et tendres, mélancoliques ou joyeux, dans lesquels la flûte traversière ou le hautbois sont mis en valeur, sont vite rattrapés par le drame, le tumulte orchestral.
Ces deux œuvres ont été plutôt bien reçues par le public de l’époque, qui a été surpris et impressionné des talents d’écriture de Louise Farrenc.
Symphonie n° 2 de Louise Farrenc
Nom
Symphonie n° 2 op 35 en ré majeur
Date de naissance
Composition en 1845, création le 3 mai 1846
Lieu de naissance
Paris
Durée
30 minutes environ
Structure
4 mouvements (I- Andante – Allegro, II- Andante, III- Scherzo Vivace, IV- Andante – Allegro)
Effectif
Orchestre symphonique (cordes – 2 flûtes – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 2 cors – 2 trompettes – 2 timbales)
Une symphonie est une œuvre composée pour orchestre symphonique
Une symphonie est une œuvre composée pour orchestre symphonique, qui se structure la plupart du temps en quatre mouvements. Le tempo et le caractère changent d’un mouvement à l’autre, en suivant en général ce schéma : vif – lent – modéré, dansant – vif.
Comme dans les deux Ouvertures, le début de la Symphonie n° 2 de Louise Farrenc fait entendre une introduction lente particulièrement dramatique, dans laquelle les timbales annoncent la menace qui plane sur tout le premier mouvement. Les contrastes se multiplient : contrastes de caractère, de nuances, de timbres, enchaînements rapides du grave à l’aigu, particulièrement dans le pupitre des cordes…
La compositrice compose l’Andante, au tempo lent, dans une mesure à trois temps qui permet un balancement dansant, berçant. Les instruments à vent et les violons se passent les mélodies tout en douceur, et à nouveau, les timbales interviennent pour donner une dimension dramatique et tourmentée à l’œuvre.
Le troisième mouvement, très rapide, fait entendre un orchestre agile, avec des cordes qui jouent très rapidement, et un véritable dialogue entre les différents pupitres d’instruments, qui se répondent les uns aux autres. Les contrastes de nuances sont très forts dans ce mouvement : à plusieurs reprises, l’orchestre éclate soudainement, mené par les timbales et les cuivres.
Le dernier mouvement achève la Symphonie n° 2 de Louise Farrenc avec la même grandeur et la même fougue que les mouvements précédents, témoignant de la théâtralité du langage musical de la compositrice.
Orchestre Colonne
André Devambez - Wikimedia Commons
Autres ressources associées
Contenu lié
Bibliothèque
Retrouver les ressources associées à cette œuvre dans notre bibliothèque numérique.Vous aimerez aussi
Dans le même thème