Chapitres
Fantaisie sur les Ruines d’Athènes, S. 122
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
1848, Weimar (Allemagne)
Époque
Romantique
Taille
Environ 10 minutes
Dimensions
Piano et orchestre
Signe distinctif
La virtuosité pianistique, la puissance orchestrale.
Ce que nous aimons
Toute une pièce, avec ses moments lyriques et orageux, qui défile en dix minutes dans un grand élan de brio.
Nous vous conseillons
Beethoven, Les Ruines d’Athènes, Egmont (musiques de scène) ; Liszt, paraphrases de Norma, Rigoletto, Don Juan…
Lorsque j’eus fini, Beethoven me prit de ses deux mains, m’embrassa sur le front et me dit doucement : « Va ! tu es un heureux ! Car tu apporteras joie et bonheur à beaucoup d’autres !
Il n’y a rien de meilleur ni de plus beau.
1811. François Ier, empereur d’Autriche, rumine. Napoléon, plusieurs fois son vainqueur, a obtenu nombre de ses provinces, et sa fille Marie-Louise en mariage. En Hongrie où il règne encore, l’insurrection nationale menace. Il faut lier autorité et largesse, ramener le peuple à son souverain.
Ainsi est inauguré le théâtre de Pest – dont l’union en 1873 avec sa voisine Buda formera Budapest. Pour l’occasion, on joue notamment une pièce de Kotzebue, Les Ruines d’Athènes, dont Beethoven compose la musique.
Résumé : après un sommeil de deux mille ans, Minerve voit Athènes occupée par les Turcs ; cherchant la culture et la raison, elle les trouve transportées à Pest, sous le règne éclairé de l’empereur François.
View of Athens
Page William - Wikimedia Commons
1848. La révolution hongroise rugit. Depuis Weimar, Liszt tourne les yeux vers sa patrie de naissance et de cœur; Pest est au centre des événements. Il y a toujours été porté en triomphe, depuis des récitals donnés à onze ans en costume national, jusqu’à ses tournées de virtuose, en passant par les concerts de 1838 pour les victimes des inondations.
Se rappelle-t-il la création des Ruines d’Athènes, l’année de sa naissance, lorsqu’il en réveille la musique dans une fantaisie pour piano et orchestre ? Pense-t-il plutôt à son dessein de transformer Weimar en « Athènes du Nord » ?
Quoi qu’il en soit, sa dévotion à Beethoven – que partagent tous ses contemporains – est absolue. Présenté enfant au titan grâce à son maître Carl Czerny – un mois avant les débuts hongrois évoqués plus haut –, il aurait reçu de lui un baiser en signe de consécration.
Toute sa vie, il ne cessera de donner ses œuvres, hissant les dernières sonates au sommet du répertoire; lorsqu’un comité échouera à réunir des fonds pour un monument à Bonn, il le financera lui-même.
Cette révérence inspire peut-être la solennité initiale de la Fantaisie sur les ruines d’Athènes.
Liszt confie à l’orchestre seul un thème lumineux : la marche sur laquelle, dans la pièce, le chœur prépare les autels des dieux grecs. Presque aucune altération, mais un arrangement instrumental qui magnifie la mélodie.
L’entrée du piano, seul à son tour, oppose un mélange inquiet de motifs fragmentés. Émerge enfin le thème lugubre des derviches qui, chez Beethoven et Kotzebue, lancent des invocations tourmentées à Mahomet. Les doigts courent fiévreusement sur le clavier, auxquels l’orchestre joint ses grondements terribles.
La tempête s’apaise, et l’hymne serein des autels offre une brève transition vers… la marche turque, morceau le plus célèbre de l’original, ici longue apothéose où les protagonistes rivalisent d’éclat.
Luca Dupont-Spirio
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