Chapitres
Mozart,
une journée particulière
Quand un grand musicologue américain – H. C. Robbins Landon – s’enflamme pour son compositeur favori, cela donne un roman haletant sur la dernière journée de travail de Mozart, avant qu’il ne s’alite définitivement. Aux œuvres directement citées dans le livre font écho des extraits de deux œuvres d’une grande maturité : la Symphonie n° 39 et le Concerto pour piano n° 27, sous la direction de Laurence Equilbey et dans la mise en scène de David Lescot.
Les œuvres du programme
Mozart, une journée particulière
Julien Benhamou
WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)
Adagio et fugue en ut mineur, K. 564, Adagio
Canon de Constance et Wolfgang (basé sur le canon K. 560)
Adagio et fugue en ut mineur, K. 564, Fugue
JOHANN SEBASTIAN BACH (1685-1750)
O Lamm Gottes, unschuldig, extrait
WOLFGANG AMADEUS MOZART
Adagio et fugue en ut mineur, K. 594, Adagio
Ne pulvis et cinis K. Anh. 122
Requiem K. 626, Recordare, extrait
JOSEPH HAYDN (1732-1809)
Symphonie n° 92 « Oxford », 4e mouvement
Julien Benhamou
WOLFGANG AMADEUS MOZART
Symphonie n° 39, 4e mouvement
Requiem K. 626, Hostias, extrait
La Clémence de Titus, Vengo ! Aspettate
La Flûte enchantée : Ouverture ; Hm hm hm ; Der, welcher wandert diese Straße ; Marche des prêtres
Concerto pour piano n° 27 K. 595, 2e mouvement
Quatuor en ut majeur K. 465 « Dissonances »: 1er mouvement
La Clémence de Titus : S’altro che lacrime ; Ah, perdona al primo affetto
Requiem K. 626, Lacrimosa, extrait
Don Giovanni, Batti, batti, o bel Masetto
La Finta giardiniera, Dolce d’amor compagna speranza
Vesperæ solennes de confessore K. 339, Laudate dominum
Sérénade K. 320 « Posthorn », Dernier mouvement, extrait
Projet artistique
Solistes
Wolfgang Amadeus Mozart – Thomas Enhco
Ana Maria von Genzinger et Mlle de Destary – Florie Valiquette
Constanze – Antoinette Dennefeld
Galitzine – Mikhail Timoshenko
Van Swieten, Schloissnigg et Schikaneder – Jacques Verzier
Kees, le messager et l’assistant – Yoann Le Lan
Ensemble
Insula orchestra
Direction
Laurence Equilbey
Martynas Stakionis, chef assistant
Livret et mise en scène
David Lescot
Incidental illustration
Sagar Forniés
Jordi Gastó
Additional designs
Fabio Castro
Igor Sarralde
animation vidéo
David Cremnitzer
Une date proche de la fin, qui laisse le champ libre pour imaginer cette dernière journée active comme le résumé de toutes ces dernières années.
Un jour de novembre 1791, le destin de Wolfgang Amadeus Mozart a définitivement basculé : miné par des années de surmenage, une santé fragile et la précarité, le compositeur s’est alité pour mourir quelques semaines plus tard. Le musicologue H. C. Robbins Landon a imaginé cette dernière journée active le temps d’une fiction inspirée de faits réels : Mozart. Une journée particulière : 12 novembre 1791 *.
Remontons un peu le temps. À partir de l’été 1788, la situation de Mozart est au plus bas : il doit se résoudre à déménager dans un faubourg de Vienne et perd une fille dont la naissance, quelques mois plus tôt, l’avait réjoui au plus haut point. Malgré la détresse et l’isolement, cette période est particulièrement féconde : coup sur coup, Mozart compose notamment ses trois dernières symphonies, pour lesquelles on ne connaît cependant aucun commanditaire. Rien ne permet même d’affirmer qu’il les ait entendues… La Symphonie n° 39, que d’aucuns qualifient de « maçonnique », constitue le premier volet de cette trilogie.
L’année suivante voit la composition d’une autre symphonie ayant marqué l’histoire de la musique : la Symphonie n° 92 dite « Oxford » de Joseph Haydn, ami intime de Mozart. On dit que Mozart lui-même en aurait corrigé quelques épreuves. L’œuvre est créée en 1791 à Londres sous la direction de Haydn tandis que Mozart, lui, a dû renoncer à un voyage pourtant prometteur en Angleterre.
En dépit de cette frustration, l’horizon de Mozart commence enfin à s’éclaircir. Le 5 janvier 1791, il met la touche finale à son Concerto pour piano n° 27. Quelques mois plus tard, il livre ses deux derniers opéras : La Flûte enchantée, projet cher à son cœur, constitue une véritable profession de foi maçonnique tandis que La Clémence de Titus, commande concrétisée dans l’urgence, recèle de nombreux trésors malgré le cadre contraignant de l’opera seria.
Et puis il y a le Requiem, laissé inachevé, sans lequel la légende de la mort de Mozart ne saurait être complète. Aux dires de Constance, ce Requiem aurait accaparé son époux dans ses derniers mois. En sommes-nous bien sûrs ? Car la dernière œuvre à laquelle il ait travaillé avec certitude était une cantate maçonnique destinée à ses frères de loge, dont la création a eu lieu le 18 novembre 1791 sous la direction même de Mozart.
Comme on vient de le constater, la date du 12 novembre 1791 retenue par Robbins Landon est bel et bien imaginaire. De la part d’un éminent spécialiste de Mozart, il ne peut s’agir que d’un choix délibéré : une date proche de la fin, qui laisse le champ libre pour imaginer cette dernière journée active comme le résumé de toutes ces dernières années. Une journée « particulière » où se heurtent pêle-mêle, dans l’urgence et les dettes, le Mozart symphoniste, pianiste, compositeur d’opéra, franc-maçon… mais aussi, simplement, l’homme Wolfgang.
Yann Breton
* Paris, Jean-Claude Lattès, 1993.
Les personnages de la « Journée particulière »
Mozart, une journée particulière
Julien Benhamou
Mozart, une journée particulière
Julien Benhamou
Constance Mozart, née Weber (1762-1842)
Épouse de Mozart, sœur de la chanteuse Aloysia Weber sur laquelle Mozart avait jeté son dévolu en premier lieu.
Maria Anna von Genzinger, née von Kayse (1755-1793)
Amie commune à Mozart et Joseph Haydn.
Gottfried van Swieten, baron (1733-1803)
Aristocrate, bibliothécaire, collectionneur, diplomate et mécène d’origine hollandaise. C’est dans sa bibliothèque que Mozart s’est familiarisé avec la musique des « anciens », notamment Haendel et Bach. Van Swieten fut également l’ami de Haydn et de Beethoven.
Bernhard von Kees (1720-1795)
Conseiller viennois très impliqué dans la diffusion de la musique et l’organisation de concerts, notamment des concerts d’amateurs. Mozart semble avoir été un habitué de ses séances musicales.
Antonio Salieri (1750-1825)
Compositeur italien ayant mené une brillante carrière à Vienne. Contrairement aux rumeurs longtemps propagées, il semble que ses relations avec Mozart aient toujours été respectueuses.
Johann Baptist von Schloissnigg (1746-1804)
Conseiller de l’empereur Joseph II, par ailleurs professeur de droit. Dans le roman de Robbins Landon, von Schloissnigg est aussi le chef des Illuminati.
Emanuel Schikaneder (1751-1812)
Chanteur, librettiste, directeur de théâtre. Il est l’auteur du livret de la Flûte enchantée, dans laquelle il tiendra le rôle de Papageno… tout en étant directeur du Freihaustheater, où l’opéra a été créé !
Dmitri Mikhaïlovitch Galitzine (1721-1793)
Ambassadeur de Russie à Vienne durant le règne de Catherine la Grande. Grand ami et mécène de Mozart, qui fréquentait assidûment les académies données par Galitzine en son palais.
Mlle de Destary
S’agirait-il d’un personnage fictif ? Robbins Landon la présente comme la nièce d’un baron von Braun, qui figure parmi les souscripteurs lors de trois concerts donnés par Mozart en 1784.
Aux origines : note de Franck Krawczyk
Portrait inachevé de W. A. Mozart (1782)
Joseph Lange
C’est Peter Brook qui le premier me mit sur la piste du drôle de récit de Robbins Landon traitant des derniers mois de Mozart. Je le lisais comme un pendant au film si frappant de Miloš Forman (Amadeus) mais sous un angle davantage musicologique. Il m’ouvrait une nouvelle perspective à une incarnation possible de ce génie pris dans un quotidien qui nous parle au plus près de notre actualité (maladie, économie, pouvoir).
Et c’est bien grâce au long travail de Laurence Equilbey mené avec Insula orchestra, questionnant avec courage et audace le renouvellement des formes de concert, que l’on peut rêver à une nouvelle approche du sujet. Pour apporter un maillon supplémentaire à un large public qui pourra ainsi entrer plus directement dans les grandes œuvres de l’histoire. Elle s’inscrit dans cette longue et belle chaîne des transmetteurs innovants, capable de réunir la vie et l’art au présent de nos passions communes.
Franck Krawczyk, compositeur
Note d’intention – Laurence Equilbey
Laurence Equilbey, à propos de "Mozart une journée particulière"
Note d'intention – David Lescot
Je voulais construire une sorte de bande-dessinée vivante, en intégrant des personnages réels au milieu des dessins, avec une dimension naïve, presque enfantine.
Quel est votre rapport à Mozart ?
J’ai mis en scène deux de ses opéras, La Finta Giardiniera et La Flûte enchantée. Des expériences fondamentales pour moi. Chaque fois, je trouvais le livret assez léger, et j’ai compris que c’était la musique qui nourrissait le versant émotionnel de l’œuvre de façon extraordinairement puissante. Et sa musique est toujours très théâtrale, elle dessine les caractères, les situations et les sentiments, ce qui est un grand atout à l’opéra.
Quels ont été vos choix pour adapter le livre de H. C. Robbins Landon ? Est-ce vous qui avez choisi les extraits musicaux et si oui selon quels critères ?
J’ai gardé les éléments documentaires et historiques, et réécrit les dialogues, de façon à dessiner davantage les personnages, en particulier les personnages secondaires, qui jalonnent le chemin de croix de Mozart. En ce qui concerne la musique, c’est essentiellement Laurence Equilbey qui a choisi, mais nous avons travaillé ensemble à l’articulation texte-musique.
Pouvez-vous dire quelques mots de votre mise en scène ?
C’est la première fois que je travaille avec un dessinateur, en l’occurrence Sagar Forniés, issu de la bande dessinée, et son collaborateur Jordi Gastó, qui définit avec lui les choix d’illustration. C’est passionnant. Je voulais construire une sorte de bande-dessinée vivante, en intégrant des personnages réels au milieu des dessins, avec une dimension naïve, presque enfantine. L’orchestre est présent aussi, derrière le tulle où sont projetés les dessins, et peut apparaître ou disparaître. Et le fait d’avoir des interprètes qui sont à la fois acteurs ou actrices et musiciens, comme pour Thomas Enhco qui joue Mozart, apporte une fluidité et un effet de surprise permanent. Quand la musique jaillit pour de vrai au milieu d’une scène jouée, l’effet produit en est augmenté.
David Lescot, livret et mise en scène
Pratique d’exécution
Mozart, une journée particulière
soliste / 2.2.2.2 / 2.2.3.0 / Timbales / pianoforte / 7.5.4.3.2
+ piano soliste
Diapason
430 Hz
Nomenclature – Mode d’emploi
Boulogne-Billancourt
Auditorium de La Seine Musicale
Disposition de l’orchestre – Plan de scène
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Bibliothèque
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