Chapitres
Egmont
Les clefs de l'œuvre
Compositeur
Ludwig van Beethoven
Librettiste
Johann Wolfgang von Goethe
Date et lieu
Création initialement prévue le 24 mai 1810 ; survenue après terme le 15 juin 1810 au Burgtheater de Vienne.
Époque
Romantique
Taille
45 minutes pour la musique seule.
Dimensions
Une phalange symphonique d’une cinquantaine de musiciens ; aux avant-postes, cinq rôles dont un à la fois parlé et chanté.
Signe distinctif
Une œuvre conçue par Beethoven comme acte de résistance à l’occupation napoléonienne en Autriche.
Ce que nous aimons
La réunion de deux des plus grands génies allemands, Goethe et Beethoven
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Le drame d’Egmont est inspiré d’événements réels. Dans les années 1560, les Pays-Bas espagnols sont secoués par des violences religieuses. Lamoral, comte d’Egmont, gouverne la Flandre : il comprend qu’il sera impossible de rétablir l’ordre par la répression et privilégie la tolérance. Le duc d’Albe, venu rétablir l’autorité royale, le fait juger arbitrairement et exécuter en 1568 à Bruxelles. S’ensuivirent quatre-vingt années de guerre qui aboutirent à l’indépendance des Provinces-Unies.
Goethe mêle à ces faits historiques une intrigue amoureuse et crée le personnage de la vaillante Klara, qui préfèrera suivre Egmont dans la mort que lui survivre.
À sa création en 1789, la pièce connaît un succès mitigé : Goethe est d’abord contraint de la réduire de cinq à trois actes, avant qu’elle ne disparaisse tout à fait de la scène.
Pourtant, à l’automne 1809, le Burgtheater à Vienne décide de reprendre Egmont : un choix qui n’a rien d’anodin alors que la ville subit l’occupation napoléonienne. Ludwig van Beethoven est sollicité pour composer une musique de scène : il accepte avec enthousiasme.
Et pour cause : Egmont réunit de nombreux thèmes qui lui sont chers, tels que « la liberté ou la mort » (par ailleurs devise de la Révolution française), le peuple, la force de l’amour et l’opposition du libéralisme à l’absolutisme.
Le rôle de Klara le séduit par son audace et sa ressemblance avec Léonore qui, dans son opéra Fidelio, se déguise en homme pour libérer son mari emprisonné. En 1815, Beethoven rendra hommage à une autre héroïne travestie : Léonore Prohaska, tombée au front pour libérer son pays des armées de Napoléon.
[Beethoven] a prouvé que, parmi tant de compositeurs, il était celui qui a su saisir au plus profond ce poème à la fois tendre et puissant
Suivant les codes de la musique de scène, Beethoven doit composer une ouverture et des entractes. En outre, Goethe a prévu dans le drame d’Egmont deux lieder (mélodies) pour Klara (rôle à la fois parlé et chanté), un accompagnement musical pour sa mort, un mélodrame (scène où le texte est parlé sur la musique) pour le sommeil d’Egmont et une symphonie triomphale qui suit l’exécution du héros.
Beethoven peine à tenir les délais, comme cela lui arrive régulièrement : il faudra attendre la quatrième représentation de la pièce, le 15 juin 1810, pour que le public viennois découvre enfin la musique achevée.
Cette musique porte la marque de son époque troublée par la guerre ; on entendait déjà l’écho des batailles en 1805 dans la Symphonie n° 3 « héroïque » de Beethoven, ainsi que dans ses marches militaires.
Le premier lied de Klara, « Die Trommel gerühret » (Le Tambour bat) place aux avant-postes la flûte piccolo et les timbales, qui figurent le fifre et le tambour militaire : petit à petit, l’intimité de la chambre où chante Klara fait place à l’excitation guerrière de la jeune femme.
Plus tard, la marche solennelle du deuxième entracte n’est pas sans rappeler les cérémonies publiques et autres fêtes civiques de la Révolution française : l’auditeur est partagé entre la sourde menace des timbales et le caractère presque spirituel d’une mélodie qui semble s’étendre à l’infini.
Portret van Lamoraal
Martin Esslinger - Rijksmuseum
Le sommeil et la mort ont également une place importante dans le drame. Tandis que le poison agit sur Klara, les timbres voilés des cors, hautbois, clarinettes et bassons illustrent cette vie fragile qui se consume jusqu’au dernier souffle.
Emprisonné, Egmont fait un dernier songe : un motif en notes répétées sur un accord suspensif semble ouvrir et fermer de véritables parenthèses musicales qui annoncent les sonorités fantastiques du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn.
Yann Breton
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