Chapitres
Concerto pour piano
en la mineur, op. 54
Les clefs de l'œuvre
Date et lieu
Créé le 1er janvier 1846 au Gewandhaus de Leipzig par Clara Schumann au piano.
Époque
Romantique
Taille
30 minutes
Dimensions
Piano et orchestre symphonique
Signe distinctif
Le dialogue entre le piano et l’orchestre, sans rechercher à tout prix la virtuosité.
Ce que nous aimons
La beauté mélodique et l’impétuosité de l’écriture.
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Le concerto d’Edward Grieg, en la mineur aussi, qui a peut-être été inspiré par celui de Schumann.
Je ne l’aime pas, je l’adore ! Et il n’y a pas un premier mouvement de concerto qui me donne une telle plénitude, un tel élan, un tel bonheur de jouer.
Attention, une musique peut en cacher une autre ! En l’occurrence, le Concerto pour piano de Robert Schumann est d’abord une Fantaisie pour piano et orchestre. Une partition écrite juste après sa première symphonie, en 1841, dans le bonheur conjugal savouré avec Clara après que le père de la jeune fille a enfin donné son accord pour leur mariage. Pourtant, le compositeur n’arrive pas à faire publier sa Fantaisie, essuyant le refus de six éditeurs, jusqu’au moment où, vraisemblablement sur le conseil de Clara, il lui adjoint deux mouvements, dans la pure tradition classique des concertos.
À l’époque de Schumann, le concerto pour piano n’est plus, comme au temps de Mozart ou de Beethoven, intégré à l’orchestre. Place à la virtuosité, le soliste règne en maître ! Mais à plusieurs reprises, Schumann s’insurge contre cette suprématie du pianiste, appelant de ses vœux une forme dans laquelle il « puisse déployer toute la richesse de son art et de son instrument, tandis que l’orchestre ne serait plus simplement spectateur et mettrait ses nombreux personnages au service d’une intrigue composée de manière plus artistique. »
Une déclaration d’intention ? Peut-être. En tout cas, les spectateurs qui assistent à la création de la partition en 1846 sous les doigts de Clara Schumann sont surpris de ne pas trouver dans ce nouveau concerto les morceaux de bravoure habituels – encore que la vélocité du finale appelle une virtuosité certaine. Le succès est cependant au rendez-vous et il devient par la suite un classique du répertoire.
Le premier mouvement débute de manière fracassante avec une attaque du piano qui conduit immédiatement à un thème magnifique en la mineur, une tonalité que Robert Schumann associe souvent à Clara. Il construit d’ailleurs le motif initial sur les notes do-si-la-la (C-H-A-A en notation allemande) pour ClArA ou CHiArinA – une belle offrande amoureuse au moment de sa lune de miel avec son épouse.
Listening to Schumann
Fernand Khnopff - Wikimedia Commons
D’inspiration chambriste, l’Intermezzo en fa majeur constitue un dialogue subtil entre le soliste et l’orchestre.
Dans la partie centrale, le violoncelle chante une mélodie exaltée avant que les bois (clarinettes et bassons), en rappelant le thème initial du premier mouvement, préparent le mouvement final. Celui-ci s’enchaîne directement et se montre énergique, semé d’arpèges brillantes.
Si Schumann ne témoignait d’aucune sympathie pour les « gladiateurs du clavier », il termine néanmoins son concerto en apothéose, faisant mentir Liszt qui déclarait avec humour : « Schumann avait écrit un concerto sans orchestre [l’opus 14], voici maintenant un concerto sans soliste. »
Isabelle Stibbe
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