Chapitres
Concerto pour violon
en mi mineur, op. 64
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Le 13 mars 1845 à Leipzig
Époque
Romantique
Taille
28 minutes
Dimensions
Orchestre symphonique et violon soliste
Signe distinctif
L’entrée du violon sans introduction, l’enchaînement des trois parties dans un seul souffle.
Ce que nous aimons
La douleur, la tendresse, l’euphorie touchées par une même grâce.
Nous vous conseillons
Johannes Brahms, Concerto pour violon
Mendelssohn se montra […] d’une modestie touchante, s’en remettant, pour trancher certaines questions, au jugement de [Ferdinand] David et de [Niels] Gade.
« Je voudrais t’écrire un concerto pour violon l’hiver prochain ; le début me trotte dans la tête et ne me laisse pas en paix. » Il faudra six ans toutefois à Felix Mendelssohn pour achever l’œuvre annoncée dans cette lettre, en 1838, à son ami Ferdinand David. La faute, notamment, à un agenda bien rempli.
Le compositeur, qui dirige à Leipzig l’orchestre du Gewandhaus, réalise des tournées à Cologne, Düsseldorf, Paris, Londres, Birmingham. À Berlin, le roi de Prusse lui demande d’écrire pour sa chapelle et son théâtre – ainsi naîtra la musique pour Le Songe d’une nuit d’été, suite d’une ouverture créée à dix-sept ans.
Chef d’orchestre, il promeut ses contemporains Robert Schumann, Louis Spohr, Ferdinand Hiller, mais aussi les œuvres anciennes de Georg Friedrich Haendel et Johann Sebastian Bach – on lui doit la résurrection, en 1829, de la Passion selon saint Matthieu.
Pianiste virtuose, mais aussi dessinateur et peintre, l’enfant prodige dont l’esprit éblouissait Goethe a conquis le monde de la musique allemande et européenne.
Au Gewandhaus, il a fait venir Ferdinand David comme premier violon. Celui-ci le remplace durant ses voyages ; il conseillera en outre Felix Mendelssohn dans l’écriture du concerto – son deuxième en réalité pour l’instrument, après celui en ré mineur composé à treize ans. De là ce brio qui enflamme la partition et magnifie le chant des cordes.
Achevée le 16 septembre 1844, l’œuvre sera créée par Ferdinand David le 13 mars suivant au Gewandhaus sous la direction de Niels Gade. Le compositeur, alors souffrant, ne peut tenir la baguette ; il reprendra le concerto avec son orchestre et son violoniste préférés quelques mois plus tard, et l’entendra peu avant sa mort sous l’archet de son protégé Joseph Joachim – qui créera à son tour le concerto de Johannes Brahms.
Gewandhaus Konzertsaal
Bertha Wehnert-Beckmann - Stadtgeschichtliches Museum Leipzig
Ferdinand David
Johann Georg Weinhold - Wikimedia Commons
Chef-d’œuvre de Mendelssohn dans le genre – il en a écrit notamment pour le piano –, le Concerto pour violon illustre un miracle propre au musicien : l’accord parfait du classicisme et du romantisme.
Le violon entre sans introduction de l’orchestre – qui pose seulement la tonalité –, les trois mouvements s’enchaîneront sans pause, dans un même souffle. Le célèbre premier thème s’élance, aussi douloureux qu’élégant, vers un second plus serein, tendrement amené par les clarinettes sur une basse flâneuse.
Au milieu de l’Allegro fait irruption la cadence – grand solo virtuose –, qu’on attendait à la fin ; les thèmes reviennent avec un orchestre inexorable, avant une coda enfiévrée. Le basson tient l’accord final et s’échappe, bientôt rejoint par les autres instruments pour introduire la superbe cantilène du violon.
Généreuse, troublée puis apaisée, celle-ci conduit au finale : un instant de tourmente puis une grande vague d’euphorie, sur des motifs qui rappellent la gaité du Songe d’une nuit d’été, avec ses danses de fées et ses fanfares triomphales.
Luca Dupont-Spirio
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