Chapitres
Requiem en ut mineur
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Composé en 1816 et créé le 21 janvier 1817 à la basilique de Saint-Denis pour commémorer l’anniversaire de la mort de Louis XVI
Époque
Romantisme
Taille
50 minutes
Dimensions
Chœur mixte à 4 voix et orchestre traditionnel sans flûtes et avec ajout d’un tam-tam
Signe distinctif
L’absence de solistes, la présence d’un tam-tam
Ce que nous aimons
La synthèse entre le style de tombeau à la française et un tableau opératique à l’italienne
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Son exact contemporain, le Requiem inachevé de Frantz Schubert écrit dans la même tonalité d’ut mineur. Et bien sûr l’opéra Médée de Cherubini dans l’interprétation de La Callas.
Le Requiem, dans son ensemble, est selon moi le chef-d’œuvre de son auteur.
Comme Mercadante ou Rossini, Luigi Cherubini fait partie des Italiens dont la carrière prend un essor considérable en France. C’est même à Paris que ce Florentin né en 1760 acquiert la gloire et la reconnaissance.
En 1785, il y obtient sa première commande importante : Démophon, une tragédie lyrique sur un livret de Marmontel. Deux ans après, installé définitivement en France, il connaît l’étonnant privilège de jouir des faveurs de tous les régimes successifs : la Révolution française le consacre directeur du Théâtre de Monsieur aux Tuileries.
Le Directoire le nomme Inspecteur de l’enseignement du Conservatoire nouvellement créé – c’est à cette époque qu’il crée son opéra Médée.
Après une brève disgrâce qui l’oblige à quitter Paris, il revient sous le Consulat avec des œuvres plus légères, en rapport avec l’air du temps. Sous l’Empire, Napoléon lui commande plusieurs musiques officielles et le nomme Chevalier de la Légion d’honneur.
Exilé en 1815, le succès de sa première symphonie est tel que Louis XVIII lui propose un poste à l’Académie des Beaux-Arts, lui commande deux œuvres dont ce Requiem en ut mineur à la mémoire de Louis XVI, et le nomme surintendant de la Chapelle royale.
Son dernier poste sera celui de directeur du Conservatoire, un poste qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort en 1842, à l’âge de 82 ans.
The Annunciation of the Death of the Virgin
Samuel van Hoogstraten - Artvee
Au vu de ce parcours, il est difficile de savoir ce que pensait intimement Cherubini. Monarchiste, il l’était certainement. Mais son chef-d’œuvre qu’est son Requiem en ut mineur illustre peut-être tous les conflits de la société française au sujet de ce moment crucial de son histoire : la Révolution française et la mort du roi.
C’est en tout cas l’interprétation du chef d’orchestre argentin Leonardo García Alarcón. « J’ai dirigé cette œuvre à Berlin pour les 25 ans de la chute du mur et j’ai ressenti tout au long de son exécution cette dialectique de pensées et de sentiments. C’est comme être devant un tableau musical inachevé, il y a un grand point d’interrogation à la fin de la pièce : pourquoi est-ce arrivé, pourquoi a-t-on guillotiné le roi ? Qu’est-ce que la monarchie ? »
Sur le plan musical, il en résulte une œuvre très personnelle. Si l’influence du Requiem de Mozart est patente – Cherubini s’inspire de ses couleurs sombres en utilisant des instruments à vent comme les clarinettes et le basson –, il réussit à trouver une couleur française typique de la nouvelle musique de la fin du XVIIIe / début du XIXe.
Ces couleurs et harmonies françaises coexistent avec un esprit italien : la partition est un drame pour chœur et orchestre quasi-opératique. Loin d’être une œuvre conservatrice, le Requiem en ut mineur de Cherubini expérimente un nouveau langage, témoin la première phrase qui fait entendre des accords diminués tout à fait inattendus.
Empreint de culpabilité, de pardon et de déchirement, il porte un poids existentiel qui évoque irrésistiblement Beethoven. Pas étonnant que ce dernier ait déclaré : « Si je devais écrire un requiem, celui de Cherubini serait mon unique modèle ».
Isabelle Stibbe
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