Chapitres
Concerto pour piano
et orchestre n° 3
en ut mineur, op. 37
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Achevé en 1802 et créé en avril 1803 à Vienne par Ludwig van Beethoven au piano.
Époque
Romantique
Taille
Environ 35 minutes
Dimensions
Flûtes, hautbois, clarinettes et bassons par deux, cors et trompettes par deux, timbales, cordes, piano solo
Signe distinctif
Le seul concerto de Beethoven en mode mineur.
Ce que nous aimons
La synthèse entre classicisme et romantisme.
Nous vous conseillons
Le Concerto en ut mineur n° 24 de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) dont Beethoven s’inspire fortement.
Le Concerto en ut mineur est le type des œuvres beethoveniennes qui, sans être directement inspirées par la Révolution, reflètent néanmoins l’audace, la liberté, l’indépendance, la conquête morale […].
Ludwig van Beethoven et Wolfgang Amadeus Mozart se sont-ils vraiment rencontrés ? Faut-il donner crédit à l’anecdote selon laquelle le jeune homme de 17 ans, auditionné par son aîné, aurait été reçu froidement ? Ou croire la version opposée selon laquelle Amadeus se serait exclamé : « Écoutez ce nom : Beethoven, le monde entier en entendra parler » ?
Ce qui est certain, c’est que la musique de Mozart était familière à Beethoven. Son Concerto pour piano n° 3 en témoigne : le choix de la tonalité d’ut mineur rappelle celle du Concerto pour piano n° 24 – une œuvre que Beethoven portait en grande estime. Entendant lors d’une promenade en compagnie de son ami le compositeur Johann Baptist Cramer les notes du finale s’échapper d’une fenêtre, il se serait écrié : « Cramer, Cramer, nous ne serons jamais capables de faire quelque chose comme cela ! ».
D’autres parentés – trop nombreuses pour être reléguées au rang de coïncidences –, accréditent l’idée d’une filiation entre les deux partitions : ainsi du tout premier thème de l’Allegro qui paraît presque une citation de celui de Mozart, ou encore du style galant qui parcourt le deuxième thème.
Klavierkonzert mit Alexander Skrjabin unter der Leitung von Sergej Kussewitzky
Robert Sterl - Wikimedia Commons
Pourtant, comme toujours chez Beethoven, les influences sont dépassées pour donner libre cours à un style personnel et une pensée foisonnante. Si sa partition figure aujourd’hui au rang des plus belles pages du concerto romantique, c’est que la structure classique cohabite avec une subjectivité qui annonce le romantisme. Selon les canons traditionnels, le premier mouvement recourt à la forme sonate et le dernier à celle du rondo, mais le mouvement lent, lui, est écrit en mi majeur, une tonalité inattendue, très éloignée de celle du premier mouvement (l’ut mineur). Ce contraste dramatise le discours et lui apporte une intensité poignante.
Beethoven crée son concerto au Theater an der Wien en 1803. Une anecdote célèbre racontée par son ami Ignaz von Seyfried montre bien le talent que le compositeur déployait au piano : « Beethoven m’invita à lui tourner les pages ; mais ciel ! C’était plus facile à dire qu’à faire. Je ne voyais guère que des pages blanches, tout au plus par-ci par-là quelques hiéroglyphes totalement incompréhensibles pour moi ; il jouait la partie principale presque entièrement de mémoire car il n’avait pas eu le temps, comme cela lui arrivait souvent, de l’écrire complètement. »
La partition n’obtient pas le succès escompté sans doute en raison d’un manque de préparation, même si l’œuvre est aujourd’hui considérée comme un modèle du genre concertant. Tour à tour héroïque, lyrique ou poignante, elle dévoile aussi, dans son dernier mouvement, le ton primesautier que Beethoven peut emprunter, même s’il surprend par la contradiction entre la tonalité tragique d’ut mineur et la forme rondo destinée aux musiques enjouées.
C’est cette ambivalence qui est au cœur de la complexité beethovénienne et donne tout son prix à sa musique.
Isabelle Stibbe
Autres ressources associées
Contenu lié
Direction … Gand
Bibliothèque
Retrouver les ressources associées à cette œuvre dans notre bibliothèque numérique.Vous aimerez aussi
Dans le même thème