Chapitres
Saint François d’Assise
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
27 et 28 mars 1891, Conservatoire de Paris
Époque
Romantique
Taille
22 minutes
Dimensions
Deux solistes (ténor et basse) et chœur accompagnés d’orchestre.
Signe distinctif
Le dernier oratorio de Charles Gounod, que l’on croyait perdu jusqu’à la redécouverte de la partition dans les archives des Sœurs de la Charité de Saint-Louis, à Vannes en 1996 et révélé au public par Pascal Escande.
Ce que nous aimons
Le don de mélodiste qui s’épanche dans les interludes d’orchestre, et l’orchestration raffinée qui laisse libre place au déploiement des voix.
Nous vous conseillons
La Rédemption, autre oratorio de Charles Gounod, d’un format plus développé.
Un joyau qui renonce à la dimension spectaculaire de Mors et Vita au bénéfice d’une intimisme orant particulièrement émouvant.
Comme Franz Liszt, son contemporain, ou plus tard Gabriel Pierné, Charles Tournemire ou Olivier Messiaen, Charles Gounod s’est penché sur le personnage de Saint François d’Assise pour élaborer ce court oratorio en deux volets. Symboliquement créée les jeudi et vendredi saints de 1891, l’œuvre trouve son pendant dans le format concis des scènes bibliques de César Franck (Rébecca) ou de Hector Berlioz (version initiale de l’Enfance du Christ).
La première partie, « la cellule » débute par un prélude instrumental, d’un rythme régulier, qui évoque par la circularité de ses motifs la claustration de Saint François, qui semble en proie au ressassement dans son étroite cellule. Un thème de cantique, confié aux cordes et accompagné par l’orgue introduit un premier récitatif, avant le cantique exalté du saint : « Agneau de Dieu ».
L’aspiration au sacrifice trouve ses mots dans une paraphrase du psaume XXIII : « Comme le cerf soupire » avec un accompagnement descriptif des plus réussis, avec les figures des violons symbolisant les eaux et le rythme des palpitations du cœur confié aux bois. Le crucifix, image du Christ, lui répond : « viens ma douce victime » dans un esprit troublant assez voisin des séductions mortelles de l’Erlkönig de Goethe. Ce dialogue laisse la place à un intermède instrumental lyrique, où s’épanche l’orchestre sur un tapis séraphique d’orgue et de harpe, qui conclut cette première partie.
St. Francis Of Assisi In Ecstasy Before A Cherub With A Violin
Gioacchino Assereto - Artvee
La deuxième partie, « la mort », bénéficie de l’expérience opératique de C. Gounod au service d’une mise en scène particulièrement efficace : coups de timbales dramatiques, interruptions angoissées des cuivres et chromatismes douloureux des contours mélodiques des bois instaurent un climat de tension haletant.
Au moment de quitter la vie, le saint d’Assise bénit la ville, avant que ses frères entonnent un cantique, révélant la lutte entre l’aspiration à la mort de François et la crainte des frères de demeurer orphelins. Sa réponse se fait pleine d’espérance : « Mes fils, ne pleurez pas ! C’est le jour qui commence. » La scansion des basses de l’orchestre accompagnant ce chant va en se ralentissant progressivement : le saint expire, alors qu’une vision extatique des chérubins (« chœur de voix célestes » dans la partition) chante l’accession au ciel du petit pauvre d’Assise.
Dans la tonalité de mi majeur, soutenu d’arpèges de harpe, cet épisode n’est pas sans évoquer le chœur mystique qui clôt la Faust-Symphonie de F. Liszt. Le postlude reprend alors le thème du cantique de François, dans une dimension transfigurée par une orchestration renouvelée, qui traduit le talent de coloriste de C. Gounod au service d’une vocalité toujours soignée et d’une rare économie de moyens.
Guillaume Le Dréau
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