Chapitres
Dixit Dominus,
HWV 232
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Composé le 4 avril 1707 à Rome
Époque
Baroque
Taille
35 minutes
Dimensions
Cinq solistes, chœur à cinq, cordes et basse continue.
Signe distinctif
Première composition que Haendel a daté avec précision : « S[oli] D[eo] G[loria]. G. F. Hendel 1707 », suivie de la date « 4 d’aprile Roma ».
Ce que nous aimons
La synthèse entre le contrepoint allemand et l’expressivité italienne. Sa puissance dramatique.
Nous vous conseillons
Ses opéras Trionfo del Tempo et Rinaldo qui reprennent certains motifs musicaux du Dixit Dominus.
À Florence ou Venise il donnait cantates comme opéras, Dixit Dominus, Agrippina ; de quoi, à pas même vingt-cinq ans, n’être qu’Italien, et immortel.
« À nous deux Rome ! » C’est sûrement ce que s’est exclamé Georg Friedrich Haendel, jeune Rastignac avant l’heure, lors de son voyage dans la capitale éternelle. Nous sommes en 1707, le musicien n’a que 21 ans mais il a déjà occupé un poste important, celui de titulaire de l’orgue de la cathédrale de Halle, en Allemagne, son pays natal, et composé pour Hambourg deux opéras : Almira et Nero.
Pour lui dont le père aurait préféré une carrière juridique malgré une vocation musicale précoce, c’est une belle revanche, et comme beaucoup de musiciens de son temps, le jeune Saxon cède à l’appel de l’Italie. Après avoir composé à Florence son premier opéra italien, Rodrigo, ainsi que plusieurs cantates latines, il s’installe à Rome au service du marquis Ruspoli, un riche mécène amoureux des arts.
Très vite, il se fait remarquer par un cénacle regroupant poètes, musiciens, cardinaux et protecteurs les plus importants de l’époque. Le voilà parti à la conquête de cette noblesse romaine pour qui il compose avec une fougue frôlant la frénésie des dizaines de psaumes, motets, cantates en latin, comme pour faire oublier ses origines protestantes.
Le Dixit Dominus est la plus importante de ces œuvres. Jubilatoire et flamboyante, cette cantate s’appuie sur le Psaume 110 de David, un texte à la gloire de Dieu incontournable dans la liturgie chrétienne, déjà illustré par Monteverdi, Scarlatti et Vivaldi (et bientôt par Mozart).
The Ecstasy of Mary Magdalene
Francesco Albani - Saint-Louis Art Museum
Dès le premier mouvement, Haendel allie un art consommé du contrepoint hérité de ses prédécesseurs comme Buxtehude, à une invention mélodique toute italienne où l’on sent l’hommage à Vivaldi ou les emprunts à Scarlatti. Comme un caméléon, Haendel s’adapte remarquablement à son nouvel environnement dans cette œuvre qui sonne plus italienne que bien des partitions italiennes, de même qu’il créera plus tard en Angleterre la quintessence de la musique anglaise.
Surtout, Haendel ajoute à son Dixit Dominus des affects, des contrastes, une expressivité, bref, des passions qui font de cette pièce une page charnière de l’histoire de la musique. À l’austère tête-à-tête avec Dieu qui caractérise les chorals de Bach est en train de succéder une théâtralisation de la musique sacrée qui annonce le baroque flamboyant dont on trouvera maints exemples dans l’opéra, dans lequel Haendel excelle.
Sans doute aussi assiste-t-on, bien avant la mythologie romantique, à une affirmation plus forte de l’artiste, qui, tout en servant le texte, s’en sert lui-même pour édifier sa propre gloire. Pari réussi pour Haendel qui, à partir de la création du Dixit Dominus, en juillet 1707, accède à la renommée. Et se voit proposer de se convertir au catholicisme – une proposition qu’il décline poliment.
Isabelle Stibbe
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