Chapitres
Scène de Bérénice
« Berenice che fai ? »
Les clefs de l'œuvre
Date et lieu
Le 4 mai 1795 au King’s Theatre de Londres pour un concert donné au bénéfice de Joseph Haydn.
Époque
Classique
Taille
Un peu moins de 8 minutes
Dimensions
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 cors, cordes
Signe distinctif
La plus grande scène dramatique de Haydn.
Ce que nous aimons
Sa profondeur et ses contrastes dramatiques qui annoncent le romantisme.
Nous vous conseillons
L’autre grande scène de concert de Haydn : Arianna (1789).
La salle était pleine et l’auditoire distingué. […] scena nuova de moi […]. L’auditoire était très satisfait, et moi aussi.
En 1795, Joseph Haydn se trouve à Londres – son deuxième séjour dans la capitale de l’Angleterre, où il triomphe avec ses symphonies et achève la dernière des douze Londoniennes.
S’il excelle dans ce genre orchestral, il voudrait également montrer son art de l’opéra italien, frustré que son Anima del filosofo n’ait pu être présentée au public londonien, en 1791, pour des raisons administratives. C’est sans doute en ayant cette annulation à l’esprit qu’il compose sa Scène de Bérénice pour la deuxième partie d’un concert donné à son bénéfice, le 4 mai 1795 au King’s Theatre de Londres.
La cantatrice pour laquelle il l’écrit s’appelle Brigida Banti, une soprano à la longue carrière (elle avait fait ses débuts à l’Opéra de Paris en 1776), devenue prima donna au King’s Theatre pour la saison 1795.
Le texte dont Joseph Haydn s’empare est tiré de l’Antigono de Métastase, un livret déjà mis en musique par Johann Adolf Hasse et une trentaine d’autres compositeurs. La scène se situe à la fin de l’acte III, quand Bérénice, repoussée par Démétrius déchiré entre ses sentiments pour elle et son devoir filial (il est le fils d’Antigonus, le fiancé de Bérénice), laisse éclater sa douleur et succombe au délire.
Joseph Haydn compose un long monologue qui s’appuie sur une structure traditionnelle : récitatif, air lent, récitatif, air vif.
Dès le début, le trémolo des cordes qui décrit les frissons glacés de Bérénice contraste avec la sérénité du hautbois et du basson alors que l’héroïne imagine la satisfaction des dieux à la mort de son amant. Ce récitatif débouche sur un Largo tout à la fois tranquille et passionné en mi majeur.
Un bref récitatif sert de transition entre ce premier air et le second, un Allegro aussi fougueux que virtuose qui se conclut fortissimo.
Die Verstoßene
Sandro Botticelli - Wikimedia Commons
Outre de forts contrastes, l’œuvre surprend par sa hardiesse harmonique : modulations saisissantes, usage de l’enharmonie à deux reprises font de cette partition la plus grande scène dramatique de Joseph Haydn.
La critique de l’époque ne s’y est pas trompée, comme en témoigne cet article : « C’est avec plaisir que nous informons le public que le génie n’est pas totalement négligé que certains le prétendent. Le bénéfice de Haydn a eu lieu au Great Concert Room du King’s Theatre lundi dernier, et on y a vu non seulement les meilleurs juges et les plus fervents amateurs en matière de musique, mais un auditoire distingué qui remplissait la salle. Plus de la moitié des morceaux qu’on a exécutés étaient de Haydn, et témoignaient indubitablement de l’étendue et de la variété de ses pouvoirs. […] La scena, par Madame Banti, était tout aussi italienne, mais plus magistrale encore, car d’un style plus noble. »
Isabelle Stibbe
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