Chapitres
Symphonie n° 38
« Prague » en ré majeur,
K. 504
Les clefs de l'œuvre
Date et lieu
Composée à Vienne en décembre 1786 et créée le 19 janvier 1787 au Théâtre national de Prague.
Époque
Classique
Taille
31 minutes
Dimensions
Orchestre symphonique
Signe distinctif
Une symphonie à trois mouvements, sans menuet, contrairement à la plupart des symphonies de l’époque.
Ce que nous aimons
Sa parfaite maîtrise et ses affinités avec Les Noces de Figaro, Don Giovanni et La Flûte enchantée.
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Les Noces de Figaro et le Concerto pour piano n° 25, K. 503
[Le finale] est l’un de ces étranges mouvements en ré majeur que l’on trouve chez Mozart et qui, en dépit de toute leur apparente sérénité et de leur réelle perfection, laissent l’âme meurtrie.
Avec Salzbourg, sa ville natale, et Vienne, sa ville d’élection, W. A. Mozart a eu des relations ambivalentes.
Dans la première, il y a le bonheur des souvenirs d’enfance mais la difficile relation avec le prince archevêque Colloredo – et peut-être la figure trop imposante de son père. Dans la seconde, il y a la liberté mais aussi un public volage, qui le porte aux nues lors de son arrivée en 1781 commence à se détourner de lui en 1786, année de création des Noces de Figaro qui ne tiennent l’affiche que neuf fois.
Rien de tel à Prague. Son opéra y connaît un succès éclatant, au point que Mozart reçoit d’un de ses frères maçons, Johann Thun, une invitation à venir assister à une des représentations.
Pour hâter son arrivée, son ami joint même à sa lettre une pétition des musiciens de l’orchestre qui d’après leur chef « sont tellement ravis de la partition des Noces qu’après chaque représentation ils voudraient recommencer à jouer leurs parties ».
W. A. Mozart se met donc en route pour la capitale de la Bohème en janvier 1787. S’il y met les pieds pour la première fois, le public, lui, est déjà conquis depuis sa découverte de L’Enlèvement au sérail en 1782.
Que dire alors lorsque le compositeur vient voir Les Noces puis revient les diriger trois jours plus tard ? Entre temps, il donne un concert où il fait exécuter sa Symphonie n° 38 en ré majeur, composée à Vienne pour l’occasion.
Un triomphe ! Comme le relate le critique musical (et futur biographe de Mozart) Franz Xaver Niemetschek : « Jamais encore on n’avait vu le théâtre si plein de monde, jamais un ravissement aussi puissant et unanime que celui éveillé par son jeu divin. Nous ne savions, en effet, ce que nous devions le plus admirer : de sa composition extraordinaire ou de son jeu extraordinaire. L’un et l’autre firent sur nos âmes une impression d’ensemble semblable à un charme suave. »
Le Chérubin de Mozart
Jacques-Émile Blanche - Artvee
L’effectif orchestral frappe par l’absence de clarinettes, d’autant plus surprenante de la part de W. A. Mozart qu’il affectionne cet instrument, mais sans doute s’explique-t-elle par son ignorance des ressources dont il allait disposer à Prague. Hormis cette contrainte, Mozart a écrit l’une de ses œuvres les plus personnelles, comme stimulé par l’amour des Praguois.
Le premier mouvement se décline en un Adagio et un Allegro qui annonce l’ouverture de La Flûte enchantée dès les premières notes au rythme syncopé.
Dans le deuxième mouvement, l’Andante alterne entre majeur et mineur, comme porteur d’inquiétudes voire de menaces.
Un tragique que l’on retrouve dans le troisième mouvement même si Mozart y glisse le thème de Chérubin dans les Noces de Figaro quand Suzanne le pousse à sauter par la fenêtre pour échapper au comte. Signe d’un compositeur qui se jette dans l’inconnu même si le sol se dérobe ou simple hommage au public de Bohème ?
En tout cas la lune de miel avec Prague ne s’arrête pas à la Symphonie en ré majeur car le concert donné le 19 janvier, non seulement lui rapporte la somme bienvenue de 1000 florins, mais surtout un contrat pour un nouvel opéra.
Ce sera Don Giovanni.
Isabelle Stibbe
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