Chapitres
Symphonie n° 1, op. 32
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
1845 à Bruxelles
Époque
Romantique
Taille
35 minutes environ
Dimensions
Orchestre symphonique
Signes distinctifs
Une tradition viennoise alliée à un parfum romantique.
Ce qu'on aime
Son énergie et sa vitalité.
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La Troisième symphonie.
[…] C’est parmi les hommes que Mme Farrenc doit chercher ses rivales.
Devenir compositrice au XIXe siècle relevait de la gageure – Fanny Mendelssohn ou Clara Schumann, malgré leurs talents évidents, durent mettre leurs ambitions créatrices sous le boisseau, réduites à leur rôle d’interprètes voire à leur condition de femme. Dès lors, s’attaquer au genre symphonique relevait presque de l’exploit !
Lorsque la Française Louise Farrenc écrit sa Première symphonie en 1841, elle n’est que la deuxième femme de l’histoire de la musique à se lancer, après Marianne Martines en 1770. Et il est frappant de lire à quel point les critiques de l’époque la comparent à un homme ou utilisent à son sujet des qualificatifs liés à la virilité. Sous la plume de Castil-Blaze : « C’est parmi les hommes que Mme Farrenc doit chercher ses rivales » ; sous celle d’Adolphe Giacomelli, parlant de sa Troisième symphonie : « une œuvre forte et virile » tandis que Honoré Chavée décrit « les traits et les formes cérébrales d’une femme à la stature élevée, à l’aspect presque viril… ».
Même en se voulant élogieux, ces commentateurs ne font que souligner la faiblesse ou l’infériorité supposées des femmes. Comme si l’ampleur des orchestres devait dépasser leurs forces, alors que la faute revenait bien davantage aux préjugés de l’époque : pas facile de convaincre les chefs d’orchestre ou les programmateurs que les femmes avaient les capacités intellectuelles pour investir le répertoire des concerts symphoniques – ne parlons même pas des scènes lyriques !
L'absence
Alfred Emile Leopold Stevens - Flickr
Pourtant, née en 1804 dans une famille d’artistes qui comptait de nombreux peintres et sculpteurs, dont son père, Louise Farrenc, née Dumont, montra très tôt des talents pour la musique, et en particulier le piano.
Vers quinze ans, elle commença l’étude de l’harmonie et de la théorie musicale avec Antonin Reicha (1770 – 1836) qui fut l’ami de Ludwig van Beethoven. Deux ans plus tard, elle épousa Aristide Farrenc, flûtiste et éditeur de musique, lequel l’encouragea non seulement à continuer ses études mais à faire connaître ses compositions. L’arrivée de leur fille, Victorine, en 1826, ne modifia fort heureusement pas ses orientations.
Si ses concerts comme interprète ou ses premières compositions sont tournés vers le piano, et que c’est également pour cet instrument que Louise Farrenc obtint un poste de professeur au Conservatoire de Paris en 1842, elle se tourna pour la première fois vers l’œuvre orchestrale en 1834 avec les Ouvertures op. 23 et 24.
Sa Première Symphonie, créée à Bruxelles en 1845, avec succès semble-t-il, se déploie en quatre mouvements, selon la tradition classique. Elle débute par un Andante sostenuto énergique et conclut par un fougueux Finale, qui font immanquablement penser à Beethoven, ce qui ne l’empêche pas de montrer tout son art personnel de l’orchestration et son sens de la mélodie, comme en témoigne par exemple l’Adagio cantabile du deuxième mouvement ou le lyrisme du troisième.
Après sa mort en 1875, Louise Farrenc est tombée dans l’oubli, mais comme plusieurs de ses collègues féminines, elle fait l’objet d’une redécouverte depuis quelques années. <
Ce n’est que justice.
Isabelle Stibbe
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