Chapitres
Symphonie n° 1
en sol mineur
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
1808, Paris
Époque
Pré-romantique
Taille
Environ 25 minutes
Dimensions
Orchestre classique, ici avec les bois et les cors doublés
Signes distinctifs
Le début du Menuet en pizzicato.
Ce qu'on aime
La tonalité dramatique ; le souvenir de Haydn dans l’Andante, la promesse de Mendelssohn dans le Finale.
Nous vous conseillons
Gluck, Armide ; Méhul, Stratonice ; Beethoven, Symphonie n° 3, « Héroïque ».
Vous concevez combien il est douloureux, pour un jeune musicien dévoré de la passion de son art, de voir la froide insensibilité du public à la représentation des chefs-d’œuvre de notre école, et d’entendre sans cesse blasphémer Gluck, Sachini, Méhul […] enfin tout ce qui est fait pour exciter au plus haut point l’enthousiasme des âmes sensibles.
Onze ans quand Gluck arrive à Paris, vingt-six lorsqu’éclate la Révolution française, quarante-et-un au sacre de Napoléon : la vie d’Étienne-Nicolas Méhul est portée par les sursauts de l’Histoire.
Cet enfant des Ardennes naît pourtant sous une étoile modeste, d’un père maître d’hôtel chez le comte de Montmorency. L’organiste de Givet – son village –, puis Guillaume Hanser, pédagogue au monastère voisin de Laval-Dieu, lui apprennent la musique.
C’est en 1779 qu’il se rend à Paris, où Gluck vient de présenter en quelques années Iphigénie en Aulide, Orphée et Eurydice, Alceste et Armide. Arrivé à temps pour la création d’Iphigénie en Tauride, Méhul déjà conquis par le « réformateur » du drame lyrique retiendra le souffle, la grandeur, la puissance orchestrale.
Attiré par le théâtre, poussé par le talent et un certain entregent, il prépare ses débuts à l’Opéra quand survient la Révolution. Dans les années qui suivent, son style pathétique triomphe aussi bien à l’Opéra Comique – 200 représentations de son vivant pour Stratonice (1792) – qu’auprès du pouvoir et des foules, grisés par ses hymnes à la patrie – le Chant du départ, symbole aujourd’hui encore de nos armées, fut longtemps considéré comme une deuxième Marseillaise.
Étienne-Nicolas Méhul
Antoine-Jean Gros - Wikimedia Commmons
Si Méhul fait jouer dès 1797, au théâtre Feydeau, une symphonie dont seuls deux mouvements nous sont parvenus, il attendra 1808 pour présenter au Conservatoire sa Première symphonie en sol mineur, telle qu’inscrite au catalogue.
Trois autres suivront jusqu’en 1810, une cinquième restant inachevée. Seules les deux premières symphonies de Beethoven ont alors été jouées à Paris : « De tous les artistes qui ont entendu exécuter ces ouvrages, Méhul fut le seul dont elles recueillirent l’approbation », se souvient le chef d’orchestre François Habeneck, y voyant « l’occasion qui poussa Méhul à écrire des symphonies analogues ».
Le premier mouvement de la Symphonie en sol mineur, avec ses roulements de timbales, ses sauts mélodiques et ses rythmes haletants, évoque certes la véhémence beethovénienne. Il rappelle aussi ce que le maître viennois doit aux accents révolutionnaires, et montre le métier dramatique du compositeur français.
L’Andante qui suit adopte un énoncé limpide, des cadences élégantes, un dialogue espiègle entre instruments qui rappelle Haydn. Le père des musiciens européens, alors dans sa dernière année, et dont les symphonies sont souvent interprétées à Paris depuis le début du siècle, semble inspirer les variations volubiles du thème, dont la grâce évoque des salons disparus.
Le mystère des cordes en pizzicato dans le Menuet, qui cède le pas à une ronde conquérante, rend à l’œuvre sa tonalité pré-romantique.
Trois notes brèves, puis un accent, forment le rythme obsédant sur lequel s’élance le Finale. Celui-là même qui inaugurera la Cinquième symphonie de Beethoven, innervant tout son premier mouvement : œuvre immortelle entre toutes, qui sera créée à Vienne quelques mois plus tard, un soir de décembre…
Luca Dupont-Spirio
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