Chapitres
Symphonie concertante pour violon et alto
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Août 1779, Salzbourg
Époque
Classique
Taille
35 minutes
Dimensions
Symphonie pour un violon et un alto solos, avec hautbois et cors.
Signe distinctif
Une symphonie à deux solistes imprégnée par l’énergie de Paris dont Wolfgang Amadeus Mozart revenait tout juste.
Ce que nous aimons
Son mouvement central, l’un des sommets de l’expressivité mozartienne, où le violon et l’alto nouent un dialogue intense.
Nous vous conseillons
le Concerto n° 9 pour piano et orchestre « Jeunehomme » de W. A. Mozart quasiment contemporain (1777) dont le mouvement lent trouve des inflexions similaires.
À Salzbourg, je ne sais pas qui je suis […] Je n’en demande pas tant, je n’en demande pas non plus si peu : être seulement quelque chose.
En décembre 1771, Wolfgang Amadeus Mozart alors âgé de 17 ans est entré au service de l’archevêque Colloredo à Salzbourg.
Les contraintes imposées par l’ecclésiastique pèsent au jeune musicien et finissent par dégénérer en un véritable affrontement. « Écoutez l’histoire. Voici cinq ans passés que mon fils sert notre prince pour un traitement de misère, dans l’espoir qu’il ferait peu à peu agréer ses efforts et son savoir accompli, uni à sa très grande diligence et à son zèle jamais en défaut. Mais là nous nous sommes trompés ! Je ne vous infligerai pas une longue description de la façon de penser et d’agir de notre prince ; qu’il me suffise de dire qu’il n’a mis aucune vergogne à affirmer que mon fils ne sait rien, qu’il devrait aller au conservatoire de Naples pour étudier la musique », écrit Léopold Mozart au Padre Martini en 1777.
La tension culmine à l’été 1777 lorsque Mozart sollicite un congé pour aller à Paris. La réponse du prince, longtemps attendue par le compositeur et son père est brutale : « que le père et le fils aient selon l’Évangile, la permission d’aller chercher fortune ailleurs. » Cette cinglante mise à pied pousse l’ancien enfant prodige trop sûr de son talent pour accepter de se soumettre à démissionner.
Près d’un an et demi plus tard, le compositeur revient dans sa ville natale : il s’est rendu à Paris, où sa mère y est morte et n’y a pas rencontré le succès espéré. Ce voyage amer est pourtant jalonné de rencontres fondatrices, notamment avec l’orchestre de Mannheim, qui permet à W. A. Mozart d’approfondir sa connaissance des vents.
The Violin Player from The Caprices
Jacques Callot - Art Institute of Chicago
La Symphonie concertante pour violon et alto synthétise magnifiquement l’ensemble de ces expériences : c’est à Paris que W. A. Mozart a découvert le genre concertant, qui fait dialoguer un orchestre et plusieurs solistes dans l’esprit d’une conversation « à plusieurs » qui vire souvent à la compétition.
Nulle démonstration de brio dans l’œuvre pourtant : la proximité des timbres de l’alto et du violon incite au contraire le musicien à jouer sur leur entrelacement, leur fusion, notamment dans le bouleversant mouvement central, une longue cantilène partagée entre les solistes et l’orchestre.
L’esprit de Mannheim, lui, règne sur la densité orchestrale nouvelle, dans l’œuvre de W. A. Mozart, qui fait foisonner un nombre inédit de thèmes et de motifs mélodiques dans l’œuvre, dans l’attention donnée aux registres medium qui enrichissent considérablement les timbres.
Revenu dans une ville qu’il détestait désormais, le musicien autrichien démontre à travers cette symphonie concertante que cette voie amère avait pourtant donné naissance à un chef-d’œuvre.
Charlotte Ginot-Slacik
Autres ressources associées
Contenu lié
Bibliothèque
Retrouver les ressources associées à cette œuvre dans notre bibliothèque numérique.Vous aimerez aussi
Dans le même thème