Chapitres
Ouvertures
op. 23 et 24
Les clés de l'œuvre
The Concert
Magnus Enckell - Artvee
La musique de Farrenc est d’une inspiration et d’une qualité sans égale dans le Paris du milieu du XIXe siècle.
Les ouvertures op. 23 et 24, qui datent toutes deux de 1834, marquent un tournant dans l’œuvre de Louise Farrenc. Avec ces partitions, elle abandonne le domaine de la musique pour piano dans lequel elle avait commencé sa carrière et se libère en même temps du cadre de la vie musicale parisienne.
Tandis que ses pages pour piano répondaient encore à la mode et aux besoins de l’édition musicale, elle s’aventure sur un terrain incertain avec ces premières pièces orchestrales. En dehors du fait qu’une œuvre orchestrale pose le problème de son exécution, le genre de l’ouverture de concert, c’est-à-dire indépendante de toute œuvre scénique, est encore récent et provient d’Allemagne.
Son « inventeur » est Felix Mendelssohn, qui l’a inauguré avec l’Ouverture du Songe d’une nuit d’été (1826) et celle des Hébrides (1830/1832).
À peu près au même moment cependant, vers 1826–1827, Berlioz compose sa première ouverture de concert, celle de Waverley, qui est jouée au Conservatoire en 1828 et à nouveau en 1829.
Les ouvertures de Mendelssohn, quant à elles, ne seront programmées qu’au début des années 1840 par la Société des concerts du Conservatoire, qui donne la préférence aux ouvertures d’opéra dans les premières années de son existence. En 1834–1835 seulement apparaissent quelques ouvertures de concert isolées dans ses programmes.
Assemblée de spectateurs
Ernest Joseph Laurent - RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Thierry Le Mage
On ignore auxquels de ces concerts Louise Farrenc a pu assister, si elle eut l’occasion de consulter des partitions, ou si elle appris l’existence de ce nouveau genre par la presse musicale. Tous ces morceaux qui ont pu lui servir de modèle relèvent toutefois de la musique à programme, tandis que ses deux ouvertures de concert ne reposent sur aucun contenu extra-musical.
Les deux ouvertures de Farrenc – qui, avec leurs quatre cors, deux trompettes et trois trombones, font appel à un orchestre plus important que ses trois symphonies postérieures – sont construites pareillement : une introduction lente fastueuse, de caractère théâtral, s’enchaîne à un Allegro dont la forme correspond à celle de nombreux premiers mouvements de symphonie.
Comme la Deuxième Symphonie, l’opus 23, en mi mineur, commence par de puissants unissons puis fait dialoguer des voix solistes. Le morceau a pour thèmes principaux une simple enfilade de doubles notes aux cordes et une ample cantilène de clarinette qui sera accompagnée dans chaque épisode par les doubles notes des cordes.
L’opus 24, en mi bémol majeur, fait un effet plus sombre et dramatique que l’opus 23. On y entend moins de voix solistes, ce sont bien plus des blocs orchestraux qui sont juxtaposés. Cependant, ici aussi le motif en croches du premier thème sert d’accompagnement dans d’autres épisodes du morceau. Le deuxième thème ne dessine pas de courbe mélodique, à la différence de celui de l’opus 23, mais, comme le premier thème de chacune des deux ouvertures, est formé de divers modules interchangeables.
Christin Heitmann
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