Chapitres
Symphonie n° 25
en sol mineur
K. 183
Les clés de l'œuvre
Date et lieu de création
le 5 octobre 1773 à Salzbourg
Époque et durée
Classique, 25 minutes
Dimensions
Orchestre
Signes distinctifs
la première symphonie de Mozart en mode mineur. Appelée « la petite » par rapport à l’autre symphonie en sol mineur, la Symphonie n° 40, K. 550
Ce que nous aimons chez elle
ses couleurs passionnées, qui doivent sans doute à la liberté que Mozart a trouvée à Vienne pendant les six mois qu’il y a passés avant d’écrire sa symphonie
Ils en ont parlé
« … la tonalité de sol mineur correspond toujours chez Mozart à une ‘stimmung’ (humeur) spéciale, comme si elle était commandée par un certain état d’âme, et s’accompagne toujours des mêmes particularités rythmiques et chromatiques », les musicologues et spécialistes de Mozart, Jean et Brigitte Massin
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Mozart tourne le dos au style italien des compositions précédentes pour explorer des sentiments plus personnels
En octobre 1773, Wolfgang Amadeus Mozart est de retour à Salzbourg, sa ville natale, après avoir passé plus de deux mois à Vienne où son père, Leopold, s’est, une fois encore, escrimé en vain pour lui trouver un emploi. Malgré cette tentative infructueuse, le jeune homme de 17 ans qui a goûté à la liberté, loin de son détesté employeur, l’archevêque Colloredo, revient plein d’un nouveau savoir et d’une saine émulation. À Vienne il a entendu de nombreux contemporains comme Joseph Haydn, Johann Christian Bach, Johann Baptist Vanhal et humé son époque.
L’année 1773 marque un tournant dans l’évolution stylistique de W.A.Mozart, dont témoigne la Symphonie n° 25, écrite en octobre. Le changement le plus évident réside dans la tonalité en mineur, inédite chez le compositeur. Il est probable qu’il a été sensible à l’air du temps, au mouvement Sturm und Drang alors prisé à Vienne, ce courant qui préfigure le romantisme et qui irrigue par exemple la Symphonie funèbre n° 44 de Joseph Haydn. Autre changement marquant : la Symphonie n° 25, qui est proche des Symphonies n° 28 (K. 200) et n° 29 (K. 201) écrites la même année, tourne le dos au style italien des compositions précédentes de W.A. Mozart pour explorer des sentiments plus personnels. Cette démarche, peu usuelle au XVIIIe siècle, explique que bien des commentateurs lisent cette partition (et plus encore l’autre symphonie en sol mineur de 1788, K. 550) comme une amorce au romantisme qui fleurira au XIXe siècle, même si d’autres, comme le musicologue Jens Peter Larsen, ne voient dans cette prétendue crise romantique des années 1770 que la cristallisation du classicisme.
Structurée en quatre mouvements selon le modèle de Mannheim, la Symphonie n° 25 frappe dès les premières notes par son ton fiévreux, une urgence, une tension qui ne se relâche presque jamais ou alors brièvement, comme pour mieux la relancer. Syncopes des violons, grands intervalles disjoints, passages en unissons, contrastes dynamiques servent ce souffle véhément qui tranche avec le style mondain qui avait pu avoir cours dans les précédentes symphonies de W.A. Mozart.
Même s’il contraste par son climat plus apaisé, l’Andante qui suit se teinte peu à peu de mélancolie. Le Menuet du troisième mouvement débute par un puissant unisson et se poursuit d’une manière martiale tout en laissant percer des accents nostalgiques, que seul le Trio en majeur, confié aux vents, vient éclairer. Enfin, l’Allegro renoue avec la tonalité tragique du premier mouvement et traduit les passions et une forme d’anxiété d’un adolescent que W.A. Mozart, plus tard saura dépeindre avec encore plus de maturité dans Don Giovanni.
Isabelle Stibbe
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