Chapitres
La Harpe enchantée (Ouverture de Rosamunde)
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
9 août 1820, Theater an der Wien (Vienne)
Époque
Romantique
Taille
10 minutes
Dimensions
28 jeux de 4 cordes, 17 tubes de résonnance et une paire de peaux à tonnerre
Signe distinctif
A survécu à la pièce de théâtre – perdue – qu’elle était censée introduire.
Ce que nous aimons
Sa fraîcheur, sa vitalité, et son efficacité : un concentré de théâtre.
Nous vous conseillons
Si Schubert n’a pas eu le succès escompté à l’opéra, il a excellé dans le format concis de l’ouverture, comme en témoignent celles composées pour Fierrabras, Les Conjurées, Rosamunde ou encore Alfonso und Estrella.
Le temps ne saurait plus être loin dans lequel ces excellentes compositions de Schubert seront de nouveau exhumées et où un public plus connaisseur […] sera émerveillé par la beauté de cette œuvre.
Idée reçue : Schubert n’était pas doué pour l’opéra. Ce n’est pas faute pourtant de s’y être intéressé.
Comme le papillon irrésistiblement attiré par la lumière, Schubert a toute sa – brève – vie durant, caressé le rêve du grand opéra allemand contre l’hégémonie de l’opéra italien, à l’instar du Freischütz de Weber en 1821.
Si ses tentatives opératiques sont nombreuses (vingt opéras en 31 ans !), peu de partitions sont portées à la scène de son vivant : Die Zwilingsbrüder (Les Frères jumeaux, 1820), Die Zauberharfe (La Harpe enchantée, 1820) et Rosamunde (Rosemonde, princesse de Chypre, 1823).
Encore la première partition n’est-elle qu’un Singspiel en un acte et les deux autres des musiques de scène.
Toute sa vie durant, Schubert s’obstine, espérant une gloire qui viendrait par l’opéra, car à l’époque, c’est la voie royale pour acquérir une reconnaissance internationale.
Las ! La Harpe enchantée s’attire des critiques virulentes, en raison notamment d’un livret à l’intensité dramatique faible, et n’est jouée que huit fois.
Pire, la plupart de ses opéras ne sont pas portés à la scène. Fierrabras, pourtant commandé par le directeur du théâtre de Vienne, n’est finalement pas programmé. Rossini y est indirectement pour quelque chose : son arrivée à Vienne promet des succès enthousiastes. Partout, on réclame sa verve, ses pyrotechnies vocales, ses effets immédiats. Rossini est partout, provoquant le sarcasme de Beethoven : Rossini über alles !
Two Lovers kissing in a Rose Garden
Dante Gabriel Rossetti - Birmingham Museums Trust
Tout ce travail « pour rien », pour reprendre l’expression même de Schubert. Jamais il ne connaîtra le succès sur les scènes lyriques.
Que lui manque-t-il ? La veine mélodique, il la possède, ô combien. Lui fait peut-être défaut le sens du théâtre, contrairement à Mozart, ainsi qu’un Da Ponte qui lui aurait fourni de bons livrets.
S’ajoutent à cela des considérations extra-musicales : un manque de diplomatie ou de goût pour les compromis, sans doute nécessaires pour s’attirer les bonnes grâces des directeurs de théâtre et des producteurs.
Ironie du sort, La Harpe enchantée n’est aujourd’hui célèbre que parce que son ouverture (qui est aussi celle de Rosamunde) fait partie du répertoire des grands orchestres.
Isabelle Stibbe
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