Chapitres
Symphonie n° 28
en do majeur
K. 200
Les clés de l'œuvre
Date et lieu de création
Salzbourg, novembre 1773
Époque et durée
Classique, 26 minutes
Dimensions
Orchestre
Signes distinctifs
L’adjonction de trompettes à l’orchestre, à l’époque réservées au domaine théâtral ou religieux
Ce que nous aimons chez elle
’originalité de l’économie de moyens, notamment dans le final, véritable pied-de-nez au goût mondain de l’époque
Ils en ont parlé
« Fort des leçons et de l’exemple de Joseph Haydn, Mozart signe ici l’acte de naissance de la symphonie moderne. » Jean et Brigitte Massin, Wolfgang Amadeus Mozart, Paris, Fayard, 1970
Si vous l’avez aimée, nous vous conseillons
Michael Haydn, Symphonie n°25 en sol majeur
Le monument Mozart, à Salzbourg - BNF
Écrite par un jeune musicien de dix-sept ans, cette symphonie est l’une des premières à marquer l’individualité d’un auteur à la recherche de sa liberté. En effet, depuis l’avènement de Colloredo comme prince-archevêque de Salzbourg, les Mozart père et fils sont soumis à une discipline qui restreint leur liberté de composer. À l’automne 1773, alors qu’il rentre sans succès de Vienne où il était venu chercher l’opportunité d’un poste moins inhibant, W. A. Mozart se remet à la composition de plusieurs symphonies, en rupture avec son écriture habituelle.
L’arpège martial par lequel débute cette symphonie étonne en effet par sa rudesse inédite. La mesure à trois temps de cet Allegro spiritoso permet néanmoins de modérer ces accents. Le second thème, de style amène, évolue presque comme un menuet, jouant d’un dialogue entre cordes et hautbois avec des effets d’écho. Mais les oppositions nombreuses entre tutti et cordes jouées piano, le dramatisme du développement et l’énoncé théâtral du début qui renvoie à l’opéra (W. A. Mozart à la même époque reprend l’écriture d’un Thamos, roi d’Egypte) marquent une rupture avec le goût galant alors à la mode.
Le mouvement lent, Andante, est joué tout son long en sourdine. La phrase initiale, d’un équilibre remarquable, énoncée sur un lacis de seconds violons, est ponctuée de touches de cors et de hautbois. Une seconde idée, ironique avec ses trilles et notes répétées, fait dialoguer de manière rapprochée les deux pupitres de violons, tandis que la partie centrale développe la pensée ornementale qui ponctuait le premier thème.
Le Menuet, des plus originaux, se caractérise par deux éléments : le premier jouant sur des équivoques harmoniques, et le second évoluant sur une note-pédale de cors sur laquelle les harmonies s’immobilisent pour retarder la résolution. Le bref trio, piqué, est d’une simplicité d’écriture qui ne peut que rivaliser avec une diversité rythmique forçant le paradoxe.
Enfin, le final doit son caractère burlesque à la simplicité des éléments musicaux mis en jeu : une mélodie constituée de trilles ironiquement entrecoupée de silence, et une rosalie aux allures de fanfares alternant deux notes, tonique et dominante. On comprend que le public aristocratique de Salzbourg ait peu goûté les apparences d’une symphonie désinvolte et par moments frondeuse : le père de W. A. Mozart, Léopold, écrira plus tard que cette symphonie, avec la n° 29, « ne fait guère honneur » à son auteur ; en effet, elle est comme le révélateur d’une sorte de « crise » montrant un W. A. Mozart cherchant à s’émanciper des jougs politiques et esthétiques de son époque.
Guillaume Le Dréau
Autres ressources associées
Contenu lié
Mozart à trois chefs
Vous aimerez aussi
Dans le même thème