Chapitres
Symphonie en
si bémol majeur n° 102
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Londres – création le 2 février 1795
Époque
Classique
Taille
25 minutes environ
Dimensions
Orchestre classique
Signe distinctif
L’élan, l’énergie, l’optimisme.
Ce que nous aimons
La générosité, les mille variations d’une gaieté inaltérable.
Nous vous conseillons
Les autres Symphonies londoniennes, La Création et Les Saisons.
De [la Symphonie n° 102], disons simplement que les meilleurs juges doutent que Haydn lui-même l’ait jamais surpassée. Le dernier mouvement a été bissé, et l’Adagio aurait encore davantage mérité de l’être.
« Le Shakespeare de la composition musicale est attendu d’une heure à l’autre », annonce à Londres le Morning Herald du 23 novembre 1782. Haydn, visé par cette métaphore grandiose – on le comparera encore au plus grand poète britannique –, se fera attendre longtemps.
Premier compositeur d’Europe par la gloire et la notoriété, il reste le serviteur du prince Nicolas Esterházy, qui le requiert auprès de lui dans son palais isolé en pleine campagne hongroise. Il faudra attendre la mort de ce seigneur en 1790, l’avènement de son successeur et le licenciement immédiat de son orchestre, pour que le prince des musiciens, à cinquante-huit ans, dispose enfin de lui-même.
Installé à Vienne grâce à une pension de son ancien employeur, il examine les offres qui affluent de toutes parts, considère plus particulièrement celle du roi de Naples, lorsque se présente un soir un visiteur inattendu. « Je suis Salomon, de Londres, et suis venu vous chercher. Demain, nous arrangerons un accord ».
Johann Peter Salomon, violoniste allemand et imprésario aux manières brillantes, obtient ce que plusieurs Londoniens avant lui se sont vu refuser : la venue de Haydn, moyennant un salaire qui dépasse largement les habitudes de ce dernier. Mozart, inquiet, lui rappelle son âge, sa méconnaissance du grand monde et des langues étrangères. Réponse de l’aîné : « mon langage est compris dans le monde entier ».
Westminster Abbey From The Schools
Thomas Malton Jnr - Birmingham Museums Trust
Le 1er janvier 1791, Haydn embarque pour le premier de deux longs séjours en Angleterre – ses seuls voyages hors de l’empire autrichien – qui le verront produire ses douze Symphonies londoniennes.
L’impression que lui procure la vue de la mer – « je restai sur le pont durant toute la traversée afin de contempler pleinement ce monstre grandiose, l’océan » – résume l’ivresse de la liberté et de la nouveauté.
Comme la plupart de ses voisines, la Symphonie n° 102 en si bémol exprime un optimisme foncier, où l’esprit des Lumières rejoint le goût du public anglais pour le brio et la légèreté.
À l’introduction gracieuse du premier mouvement succède l’élan irrésistible du Vivace, dont les traits fougueux électrisent la masse de l’orchestre, tandis que des procédés savants en font jouer la texture pour le plaisir des amateurs.
Le lyrisme paisible de l’Adagio n’est qu’élégance et poésie, ciel bleu où quelques nuages rehaussent la pureté de l’ensemble.
Le Menuet déborde d’une énergie physique transmise par la force des accents, suspendue dans la partie centrale – appelée trio – où le hautbois entonne une douce mélodie champêtre.
Un finale au galop fait entendre ses brefs motifs comme autant de clins d’œil aux détours de la course, qui s’achève en apothéose.
Luca Dupont-Spirio
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