Chapitres
Symphonie n° 2
en ré majeur, op. 35
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Composée en 1845 et créée le 3 mai 1846 au Conservatoire de Paris.
Époque
Romantique
Taille
33 minutes environ.
Dimensions
Orchestre symphonique
Signes distinctifs
Le modèle viennois traversé de touches romantiques.
Ce qu'on aime
Son écriture fraîche et lyrique.
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La Troisième symphonie de Louise Farrenc et le livre Mozart était une femme d’Aliette de Laleu (Stock, 2022) qui rend aux femmes leur place dans l’histoire de la musique.
Le talent de Mme Farrenc dans le genre de composition le plus difficile sera désormais une des gloires de l’école française.
Née en 1804 dans une famille d’artistes qui comptait de nombreux peintres et sculpteurs (dont son père), Louise Farrenc, née Dumont, montre très tôt des talents pour la musique, en particulier pour le piano. Vers quinze ans, elle commence l’étude de l’harmonie et de la théorie musicale avec Antonin Reicha (1770 – 1836) qui fut l’ami de Ludwig van Beethoven. Deux ans plus tard, elle épouse Aristide Farrenc, flûtiste et éditeur de musique, qui l’encourage non seulement à continuer ses études mais à faire connaître ses propres œuvres. Car, fait rare à l’époque, Louise Farrenc compose ! Au XIXe siècle, d’autres femmes ont possédé ce talent – Fanny Mendelssohn ou Clara Schumann, par exemple –, mais elles ont été la plupart du temps contraintes par leur famille d’étouffer leurs ambitions créatrices pour se cantonner à l’interprétation musicale voire tout bonnement à leur rôle d’épouses.
Si dans cette société marquée par la domination masculine, s’épanouir en tant que compositrice relève de l’exception, s’attaquer au genre symphonique confine à l’exploit ! Lorsque Louise Farrenc écrit sa Première symphonie en 1841, elle n’est que la deuxième femme de l’histoire de la musique à se lancer, après Marianne Martines en 1770. Il est frappant de lire à quel point les critiques de l’époque la comparent à un homme ou utilisent à son sujet des qualificatifs liés à la virilité. Sous la plume de Castil-Blaze : « C’est parmi les hommes que Mme Farrenc doit chercher ses rivales » ; sous celle d’Adolphe Giacomelli, parlant de sa Troisième symphonie : il s’agit d’« une œuvre forte et virile » tandis que Honoré Chavée décrit « les traits et les formes cérébrales d’une femme à la stature élevée, à l’aspect presque viril… ». Même en se voulant élogieux, ses contemporains ne font que souligner la faiblesse ou l’infériorité supposées des femmes, comme si l’ampleur des orchestres devait dépasser leurs forces, alors que le problème relève avant tout des préjugés de l’époque : pas facile de convaincre les chefs d’orchestre ou les programmateurs que les femmes ont les capacités intellectuelles pour investir le répertoire des concerts symphoniques – ne parlons pas même des scènes lyriques !
Concert à l'Opéra
Max Liebermann - Artvee
Les premières tentatives de Louise Farrenc pour l’œuvre orchestrale – après des compositions pour le piano – se traduisent en 1834 par les deux Ouvertures op. 23 et 24. Sa Première Symphonie voit le jour à Bruxelles en 1845, avec succès semble-t-il. La Deuxième symphonie, composée en 1845, est créée l’année suivante pour le Conservatoire de Paris où elle enseigne le piano depuis 1842. Lors de ce concert figure également le Concerto pour piano en ré mineur, K. 466 de Wolfgang Amadeus Mozart, interprété par sa fille Victorine.
L’écho entre la partition de Mozart et la Deuxième Symphonie de Farrenc est intéressant dans la mesure où cette dernière s’inspire du modèle mozartien et use d’un langage imagé pour les instruments à vents. Elle débute par un Andante de facture classique où le lent prélude introductif module tout à coup en mineur avant de succéder à un Allegro énergique en forme-sonate. On y entend particulièrement les lignes des instruments à vent, une caractéristique qui se retrouve souvent dans l’écriture de Louise Farrenc. Le deuxième mouvement, un Andante, affirme un lyrisme serti dans une orchestration presque intime. Le troisième mouvement, un Scherzo très enjoué avec des réminiscences beethovéniennes, cède la place au Finale, marqué, comme le premier mouvement, par l’importance donnée aux instruments à vents, avant de se conclure par une coda énergique.
Si le public de l’époque semble avoir accueilli favorablement cette partition, Louise Farrenc tombe dans l’oubli après sa mort en 1875. Depuis plusieurs années, son œuvre fait l’objet d’une redécouverte et est appréciée pour elle-même. Il était temps !
Isabelle Stibbe
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