Chapitres
Symphonie n° 8
en ut majeur, D. 944
« La Grande »
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
« Mars 1828, Vienne » à l’état civil ; mais la naissance a pu avoir lieu plus tôt…
Époque
Pré- romantique
Taille
Bois (flûtes, hautbois, clarinettes, bassons) par deux, cors et trompettes par deux, trois trombones, timbales, cordes
Dimensions
50 minutes, soit presque deux symphonies de Mozart !
Signe distinctif
La toute dernière symphonie de Schubert, d’une durée inédite.
Ce que nous aimons
Son architecture imposante ; le 2e mouvement en particulier, qui balance entre marche résignée et repos apaisés.
Nous vous conseillons
La Symphonie en si mineur D.759 « Inachevée » de Schubert : première symphonie de maturité du compositeur, dont seuls deux mouvements ont été terminés.
On trouve ici non seulement une réelle maîtrise technique de la composition, mais aussi la vie sous toutes ses facettes, une science de la couleur dans ses nuances les plus subtiles, un sens omniprésent, l’expression la plus profonde de l’individu.
Le rapport que Schubert entretient avec le genre symphonique est pour le moins compliqué. Sur treize tentatives, la moitié seulement a abouti à une œuvre achevée ; ironie de l’histoire, c’est celle que l’on surnomme « l’Inachevée » qui est devenue la plus célèbre et la plus populaire des symphonies de Schubert.
Plusieurs raisons expliquent les difficultés du compositeur à aller au bout de son travail. D’une part, Schubert peine à faire jouer ses œuvres orchestrales ; alors pourquoi s’obstiner à terminer une œuvre qui, peut-être, ne verra jamais les pupitres des musiciens ?
D’autre part, Schubert doit « cohabiter » avec un confrère pour le moins encombrant : le génie de Beethoven porte la symphonie à un point de perfection après lequel plus rien ne semble envisageable. Qu’à cela ne tienne : privé du tumulte des salles de concert, Schubert crée dans l’abstraction, et ainsi innove.
Franz Schubert
Österreichische Nationalbibliothek - Europeana
L’histoire de « La Grande » Symphonie en ut D.944 garde une part de mystère.
Alors qu’il passe l’été 1825 en Haute-Autriche, Schubert échange avec ses amis de nombreuses lettres au sujet d’une symphonie qu’il vient de commencer. Il a déjà à son actif six symphonies de jeunesse, ainsi que les deux mouvements de la future « Inachevée ».
Un an plus tard, Schubert écrit à la Société des Amis de la musique (Musikverein) de Vienne pour lui proposer la dédicace d’« une symphonie » : rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’il s’agit bien de l’œuvre commencée en 1825, car aucune trace d’un tel envoi n’a été conservée dans les archives de la Société.
Enfin, en 1828, Schubert contacte – sans succès – plusieurs éditeurs pour publier sa symphonie : la mention « mars 1828 » du manuscrit aurait donc été portée à seule fin de faire passer l’œuvre pour nouvelle.
Onze ans après la mort de Franz Schubert, son frère Ferdinand remet à Robert Schumann le manuscrit de la symphonie ; conquis par « cette longueur divine », Schumann la fait interpréter pour la première fois le 21 mars 1839, par l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Felix Mendelssohn.
Chacun des quatre mouvements dépasse en ampleur les standards de l’époque.
Les premières notes introductives, confiées à deux cors soli, concilient intimité et grandeur : un paradoxe qui fait la force de Schubert.
Dans le second mouvement, le rythme de marche résignée rappelle celui de plusieurs lieder (mélodies pour voix et piano) de Schubert, en particulier ceux qui font référence au Wanderer, figure romantique de l’errance éternelle.
Le dernier mouvement, qui comprend plus de mille mesures, renferme une citation évanescente de l’« Hymne à la joie », extrait de la Neuvième symphonie de Beethoven, comme le lointain souvenir d’un complexe d’infériorité désormais vaincu.
Yann Breton
Autres ressources associées
Contenu lié
Direction… Varsovie et Katowice
Bibliothèque
Retrouver les ressources associées à cette œuvre dans notre bibliothèque numérique.Vous aimerez aussi
Dans le même thème