Chapitres
Mendelssohn / Schumann
Rédaction : Cora Joris
Introduction
Œuvres
Felix Mendelssohn – Concerto pour violon en mi mineur
Robert Schumann – Symphonie n°1 « Le Printemps »
Distribution
Carolin Widmann, violon
Insula orchestra
Laurence Equilbey, direction
Laurence Equilbey et Insula orchestra ajoutent à leur répertoire la Symphonie n°1 de Schumann dite «Le Printemps», qui fut créée en 1841 au Gewandhaus de Leipzig. Mendelssohn était alors à la baguette, lui dont le Concerto pour violon prendra vie au même endroit, quatre ans plus tard. À La Seine Musicale, la violoniste Carolin Widmann rejoint sur scène les instruments anciens d’Insula orchestra pour ce concerto qu’elle a enregistré en 2016 avec le Chamber Orchestra of Europe.
Carolin Widmann
Julien Benhamou
Mendelssohn en dix points
Felix Mendelssohn
Carl Jäger - Source gallica.bnf.fr / BnF
1. Felix Mendelssohn est un compositeur allemand du XIXème siècle.
2. Il est l’un des piliers du romantisme allemand.
3. Il commence sa vie musicale par le piano et par la composition.
4. C’est un musicien prodige et il compose ses premières œuvres très jeune.
5. Il devient chef d’orchestre et dirige de nombreux concerts partout en Europe.
Mendelssohn bei Goethe
Wikimedia Commons
6. Il permet de faire redécouvrir la musique du XVIIème siècle, et notamment celle de Jean-Sébastien Bach.
7. Il est surtout connu pour ses symphonies, pour ses concertos et pour sa musique de chambre.
8. Il joue de l’orgue et compose aussi beaucoup de musique sacrée.
9. Il meurt en 1847 en Allemagne, à l’âge de 38 ans.
10. Sa sœur, Fanny Mendelssohn, est également une grande musicienne et compositrice.
Schumann en dix points
Robert Schumann
Josef Kriehuber - Wikimedia Commons
1. Robert Schumann est un compositeur allemand du XIXème siècle.
2. Il commence sa carrière de musicien comme pianiste virtuose.
3. Il abandonne finalement le piano en raison d’une paralysie de la main qui l’empêche de jouer.
4. Il épouse Clara Wieck, fille de son professeur de piano, et elle-même grande pianiste virtuose.
5. C’est sa femme Clara qui fait découvrir au public un grand nombre de ses œuvres pour piano lors de tournées en Europe.
Deux hommes contemplant la lune
Caspar David Friedrich - The Metropolitan Museum of Art
6. Robert Schumann compose principalement des œuvres pour le piano ou pour la voix.
7. Il compose aussi de nombreux lieder et quatre grandes symphonies.
8. Il compose un seul opéra, Genoveva, et s’intéresse plus largement à la musique dramatique.
9. Il est l’un des piliers du romantisme allemand.
10. Robert Schumann tombe gravement malade et souffre de troubles psychiques ; il meurt à l’âge de 46 ans.
Le romantisme dans les arts
Le voyageur au-dessus de la mer de nuages
Caspar David Friedrich - Wikimedia Commons
En littérature, le romantisme trouve son origine en Allemagne, dans les textes de la fin du XVIIIe siècle. Les écrivains Goethe (1749 – 1832) et Schiller (1759 – 1805) servent de modèle et inspirent les romantiques par leur rapport à la nature et à la liberté, thèmes récurrents dans la littérature du XIXe siècle.
En peinture, le romantisme s’oppose au classicisme : les formes nettes, l’équilibre et la sobriété laissent place à la couleur, au mouvement, à la passion, au drame. La grandeur, la puissance et la beauté de la nature sont souvent représentées.
En musique, les compositeurs romantiques s’expriment dans des œuvres souvent tourmentées : les contrastes de nuances mettent en valeur des sentiments qui s’opposent et l’histoire qui est racontée. L’orchestre s’agrandit et intègre de nouveaux instruments (comme le piccolo, le cor anglais, le trombone, le tuba, la grosse caisse, les cymbales…), ce qui lui donne une puissance et une sonorité nouvelles. Les œuvres prennent une dimension plus grande, principalement en raison de leur durée et de la complexité du langage des compositeurs.
Le romantisme chez les compositeurs
Insula orchestra
Julien Benhamou
Le romantisme de Mendelssohn
Felix Mendelssohn est non seulement instrumentiste et compositeur, mais il est aussi chef d’orchestre. Il dirige ses propres œuvres, ainsi que celles de ses contemporains (notamment des œuvres de Schumann), et contribue également à faire redécouvrir la musique baroque. En effet, il s’intéresse au XVIIème siècle, se plonge dans les œuvres de Jean-Sébastien Bach et de Georg Friedrich Haendel par exemple, et fait entendre ce répertoire au public de l’époque, plutôt habitué à la création qu’à l’interprétation d’œuvres anciennes.
Évidemment, sa musique s’imprègne de son intérêt pour la période baroque. S’il appartient bien au courant du romantisme, son style reste plus léger et plus vif que la plupart de ses contemporains. Aussi bien à l’orchestre que dans ses œuvres de musique de chambre, il fait preuve d’un véritable talent d’orchestrateur, c’est-à-dire qu’il mêle les sonorités des instruments avec agilité et subtilité.
Mais ses œuvres contiennent également une certaine grandeur, une profondeur liée notamment à la dimension sacrée de sa musique, même quand il s’agit d’œuvres profanes (Symphonie n° 5 « La Réformation »).
Insula orchestra
Julien Benhamou
La Sonate à Kreutzer
René-Xavier Prinet - Wikimedia Commons
Le romantisme de Schumann
La musique de Robert Schumann s’imprègne des autres arts, et principalement de la littérature : avec plus de 200 lieder, qu’il compose en cycles, il met en musique les textes des poètes de son temps, comme Heine, Rückert, Goethe… Sa musique reflète les sentiments exprimés dans les poèmes, et Schumann se libère des formes préétablies du lied : le piano n’est pas seulement accompagnateur de la voix mais joue un rôle important dans l’expressivité de ces pièces.
Robert Schumann compose beaucoup pour le piano. C’est un instrument qu’il connaît bien puisqu’il est lui-même pianiste, mais il est contraint d’interrompre sa carrière d’instrumentiste en raison d’une paralysie de la main droite (il se serait blessé en essayant d’étirer sa main à l’aide d’une machine de son invention). Cependant, il continue à expérimenter et composer pour le piano, notamment grâce à sa femme Clara Wieck, elle-même grande pianiste, qui interprète ses œuvres. Schumann développe ainsi une musique qui mêle virtuosité, inventivité, et qui fait appel à la fois aux traditions des compositeurs précédents et à un imaginaire poétique et romantique.
Robert Schumann travaille sur le timbre des instruments pour lesquels il écrit : ses pièces de musique de chambre sonnent comme un petit orchestre, mais c’est surtout dans ses quatre symphonies qu’il développe une grande expressivité. Ses œuvres comportent parfois une dimension narrative (Symphonie n° 3 « Rhénane »), c’est-à-dire qu’elles évoquent une histoire, des personnages ou des images, même si elles ne se basent pas sur un texte ou sur des paroles.
Concerto pour violon de Mendelssohn
Nom
Concerto pour violon n°2 en mi mineur, op. 64
Date de naissance
Composition entre 1838 et 1844, création le 13 mars 1845 par Ferdinand David et l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, sous la direction de Niels Gade.
Lieu de naissance
Leipzig
Durée
30 minutes environ
Structure
Trois mouvements (I- Allegro molto appassionato ;
II- Andante ; III- Allegretto ma non troppo)
Effectif
Violon soliste et orchestre symphonique (cordes, 2 flûtes,
2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales)
Signes particuliers
Après son premier concerto pour violon, œuvre d’étude destinée à l’apprentissage de l’instrument, Felix Mendelssohn compose le Concerto pour violon n° 2 entre 1838 et 1844. Il le dédie à Ferdinand David, grand violoniste du XIXème siècle, qui le joue pour la première fois en 1845.
Les trois mouvements sont conçus de manière à être enchaînés, sans réelle interruption comme c’est le cas habituellement.
Après son premier concerto pour violon, œuvre d’étude destinée à l’apprentissage de l’instrument, Felix Mendelssohn compose le Concerto pour violon n° 2 entre 1838 et 1844. Il le dédie à Ferdinand David, grand violoniste du XIXème siècle, qui le joue pour la première fois en 1845.
Dans cette œuvre, Mendelssohn fait preuve de clarté et de délicatesse d’écriture : les plans sonores sont bien distincts, les mélo-dies principales, facilement mémorisables, se répètent, et le compositeur respecte la structure-type du concerto en trois mouvements. Pourtant, Mendelssohn propose une lecture continue de son concerto : les trois mouvements sont conçus de manière à être enchaînés, sans réelle interruption comme c’est le cas habituellement. Le compositeur écrit par exemple une petite transition entre le deuxième et le troisième mouvement, qui permet de relancer la musique et de créer une continuité entre les différentes parties.
Acrobat With Violin
Antonio Mancini - Artvee
Le premier mouvement, au tempo plutôt rapide, fait entendre une mélodie ample que s’échangent le soliste et les différents pupitres de l’orchestre. Le deuxième mouvement est un mouvement lent, tendre et apaisé. Le troisième mouvement, au tempo rapide, est pétillant ; Mendelssohn joue sur les sonorités du violon soliste qui se mêlent à celles de la flûte ou du hautbois, dans un jeu de questions-réponses.
Le compositeur écrit un dialogue entre les deux groupes : l’orchestre n’est pas seulement accompagnateur, il joue un véritable rôle en énonçant les mélodies principales, tandis que le soliste passe au second plan. C’est par exemple le cas à la fin de la cadence de soliste du premier mouvement : le violon égrène rapidement et avec virtuosité les notes de l’accompagnement tandis que l’orchestre reprend en tutti le thème principal.
Symphonie n° 1 de Schumann
Nom
Symphonie n°1 en si bémol majeur « Le Printemps », op. 38
Date de naissance
Composition en 1841, création le 31 mars 1841 à Leipzig sous la direction de Felix Mendelssohn
Lieu de naissance
Leipzig
Durée
30 minutes environ
Structure
Quatre mouvements (I- Andante un poco maestoso – allegro molto vivace ; II- Larghetto ; III- Scherzo molto vivace ; IV- Allegro animato e gazioso
Effectif
Orchestre symphonique (cordes, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, triangle)
Signes particuliers
En 1841, après avoir écrit de nombreuses pièces pour le piano ou pour la voix, Robert Schumann se lance pour la première fois dans la composition d’une symphonie. Il la compose avec facilité, en quelques semaines seulement.
Schumann donne initialement des titres aux quatre mouvements de sa symphonie.
La symphonie représente un enjeu important pour les compositeurs du XIXème siècle. En effet, la symphonie est le genre romantique par excellence, dans lequel l’orchestre se montre à la fois expressif et descriptif. C’est Ludwig van Beethoven (1770-1827) qui donne à la symphonie une ampleur nouvelle, en ajoutant des mouvements par exemple, ou encore en donnant à ses œuvres une dimension narrative (Symphonie n° 6 « Pastorale »), et les compositeurs après lui se placent comme héritiers de sa musique et de ses bouleversements musicaux.
Avec cette première symphonie, Robert Schumann fait une référence directe à la Symphonie n° 6 de Beethoven, dite « Pastorale », dans laquelle le compositeur évoque en musique les sentiments de l’homme en arrivant à la campagne. En suivant le modèle de Beethoven, Schumann donne initialement des titres aux quatre mouvements de sa symphonie : « Eveil du printemps », « Soir », « Joyeux compagnons » et « Adieux au printemps ». Si ces quatre titres ont été finalement supprimés au moment de l’édition de l’œuvre, pour laisser une plus grande liberté d’écoute au public, ils portent néanmoins le programme narratif imaginé par Schumann au moment de la composition.
Orchard in Spring
Alfred Sisley - Artvee
Le premier mouvement commence par une introduction magistrale : les cors et les trompettes sonnent et résonnent sur quelques notes d’ouverture, reprises par tout l’orchestre. Les timbales semblent exprimer une menace certaine, mais c’est de manière joyeuse, avec vivacité et éclat, que se poursuit le mouvement, qui s’achève en apothéose, avec notamment la sonorité du triangle qui se détache de l’orchestre.
Le deuxième mouvement est un mouvement lent, apaisé, contemplatif, dans lequel Schumann laisse la part belle aux cordes, qui font entendre la mélodie principale, et qui répondent en écho aux instruments à vent, comme le hautbois par exemple. Ce mouve-ment s’achève en suspens et s’enchaîne traditionnellement au suivant, qui reprend un rythme de danse à trois temps, marquée et appuyée. Cependant, Schumann propose une rupture dans le rythme de l’œuvre en écrivant une partie centrale à deux temps qui contraste avec le reste du mouvement.
Le quatrième et dernier mouvement commence à nouveau par quelques grands accords magistraux, en guise d’introduction au déchaînement de l’orchestre qui suit, dans un tourbillon rythmique qui n’est interrompu qu’au centre du mouvement pour laisser entendre les sonorités des cors – rappel musical du cor de chasse – et de la flûte qui évoque le chant d’un oiseau.
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