Chapitres
Coriolan
ouverture en ut mineur
op. 62
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
1807 à Vienne au palais du prince Franz Joseph von Lobkowitz
Époque
Romantique
Taille
9 minutes
Dimensions
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales, cordes
Signe distinctif
L’une des plus célèbres ouvertures de Beethoven avec celle d’Egmont, une préfiguration du poème symphonique.
Ce que nous aimons
Les chocs des contrastes et des rythmes
Nous vous conseillons
L’ouverture d’Egmont (1810)
Le caractère d’une inquiétude impossible à calmer, d’une nostalgie qui ne sera jamais satisfaite.
Qui était Coriolan ? Son histoire nous est contée par Plutarque dans sa Vie des hommes illustres.
Alors que la République romaine est constituée depuis peu, Caius Martius, un vaillant soldat qui se distingue à chacun de ses combats, reçoit son surnom de Coriolanus lorsqu’il vainc les Volsques, un peuple italote voisin des Romains, en s’emparant de leur capitale, Corioles, en 493 avant J.-C.
Devenu général, ce patricien est élu consul mais se heurte aux tribuns, tout juste institués pour défendre la plèbe. Exilé par le peuple dont il menace les droits, Coriolan se met au service de ses anciens ennemis, les Volsques, qu’il conduit aux portes de Rome, menaçant de l’attaquer. Le Sénat et le peuple romain dépêchent leurs plus fins diplomates pour le faire renoncer.
En vain.
C’est seulement quand une délégation de matrones – son épouse Volumnia et sa mère Veturia en tête – se présente devant sa tente avec ses enfants que Coriolan fléchit, et lève le siège, évitant ainsi la destruction de Rome.
Si Beethoven a sans doute lu la tragédie éponyme de Shakespeare, c’est le Coriolan d’un autre auteur, son contemporain Heinrich Joseph von Collin (1772 – 1811), qui lui inspire une musique de scène.
Composée en 1807, l’ouverture domine avec celle d’Egmont l’ensemble des onze ouvertures de Beethoven, tant le musicien a réussi, en une concision remarquable (moins de 10 minutes), à atteindre une intensité dramatique dans un style héroïque typique de son esthétique.
The Weary Moon
Edward Robert Hughes - Artvee
Il faut dire que la figure légendaire de la République romaine correspond à la fascination de Beethoven pour la figure du héros : un héros romantique dont les idéaux sont brisés par l’incompréhension de la société.
Beethoven s’inspire particulièrement de la fin de l’histoire de Coriolan, ce qui lui permet de multiplier les contrastes : volonté de puissance et révolte d’un côté, renoncement et tendresse familiale de l’autre. Nul étonnement s’il choisit la tonalité d’ut mineur, tonalité tragique par excellence, et la forme sonate (exposition, développement, réexposition) qui lui permet de donner toute sa puissance aux conflits du héros.
Commençant par un unisson fortissimo des cordes sur la tonique d’ut, l’ouverture, un Allegro con brio, cède la place, après deux mesures, à un accord brutal de fa mineur qui éclate avec violence, suivi d’un silence dramatique.
Le premier thème, véhément, martial, haché et fiévreux, dessine la détermination de Coriolan tandis que le deuxième, associé à la mère et à la femme du général romain, se fait plus douce et lyrique.
De la tension entre les deux thèmes jaillit un développement qui module constamment et se développe en vagues successives, peut-être pour faire écho aux supplications des deux femmes.
La coda est marquée par une dissolution du premier thème qui s’épuise en un diminuendo, comme pour mieux souligner le renoncement du héros.
Dès sa création en 1807 au palais du prince Lobkovitz, l’ouverture rencontre le succès au point que Beethoven envisage une autre collaboration avec Collin pour un opéra : Macbeth. Si ce projet a avorté, Beethoven a ouvert la voie au poème symphonique tant son ouverture de Coriolan est un condensé de drame instrumental.
Isabelle Stibbe
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