Chapitres
Rodelinda et Ariodante
Les clefs de l'œuvre
Widow with a child at her husband’s grave
Wincenty Smokowski - Artvee
Georg Friedrich Haendel a vingt-cinq ans lorsqu’il arrive à Londres. Il y triomphe avec Rinaldo, premier opéra italien écrit pour l’Angleterre ; à ce genre, à ce public, le musicien va consacrer trente ans de sa vie. Non sans quelques déboires. Les spectacles coûtent trop cher, la banqueroute n’est jamais loin. Les cachets des chanteurs, stars venues de Naples ou de Venise, vident les coffres ; leurs caprices défraient la chronique. Pour ne rien arranger, des compositeurs et théâtres rivaux menacent d’éclipser le Saxon. C’est pourtant dos au mur, au cœur des tempêtes, que Haendel s’avère le plus génial, ainsi au début des années 1720 et de la Royal Academy of Music, première compagnie pérenne d’opéra en Grande-Bretagne.
Pour satisfaire public et mécènes, notre musicien partage l’affiche avec deux collègues. Attilio Ariosti et Giovanni Bononcini, avec leur grâce et leur simplicité italiennes, défient son style plus riche. Haendel répond par trois chefs-d’œuvre en moins d’un an : Giulio Cesare, Tamerlano, Rodelinda.
Cette dernière pièce, créée le 13 février 1725 sur la scène du King’s Theatre, illustre bien la veine lyrique du temps. Empruntée au Pertharite de Corneille – qui la tient lui-même de Paul Diacre –, l’intrigue présente des personnages illustres, dans lesquels la noblesse londonienne aime à se reconnaître. Bertarido, roi de Milan, a vu son trône usurpé par l’infâme Grimoaldo ; il se fait passer pour mort afin de retrouver son épouse, Rodelinda, et leur fils Flavio. Les lois de l’amour bousculent bien sûr celles du pouvoir, et la reine se retrouve au centre du drame, pleurant d’abord son bien-aimé en visitant – croit-elle – sa tombe (« Ombre, piante »). Réunis à l’acte 2, les époux s’enlacent (« Io t’abbraccio ») avant d’être séparés par Grimoaldo. Celui-ci, trahi par un conseiller plus perfide encore, se verra sauvé par Bertarido, qui choisit de l’épargner et retrouve sa couronne (« Vivi, tiranno »).
Dix ans plus tard, la première Academy a fait faillite, et la seconde se heurte à des manœuvres politiques. Pour bafouer le roi qui soutient Haendel, le prince de Galles et son cercle ont fondé leur propre compagnie, l’Opera of the Nobility, qui engage deux célèbres Napolitains : le compositeur Porpora et le castrat Farinelli. Victime collatérale, le Saxon sort de nouveau les griffes, produisant coup sur coup Ariodante et Alcina. Deux joyaux d’après l’Arioste et son Orlando Furioso, épopée magique de la Renaissance. Dans le premier, le chevalier éponyme a les faveurs de Ginevra (« Vezzi, lusinghe »), convoitée par le vil Polinesso. Celui-ci la lui présente comme infidèle, provoquant le dépit du héros (« Scherza, infida »). Dalinda, qui a permis la ruse en prenant l’aspect de Ginevra, avoue et se repent (« Neghittosi, che fate? »). Ariodante tue Polinesso en duel, sauvant sa belle de l’échafaud et dissipant le mensonge (« Dopo notte »). Le chœur célèbre la vertu victorieuse (« Sa trionfar ognor »).
Luca Dupont-Spirio
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