Chapitres
Symphonie n° 5
en ut mineur, « Destin »
op. 67
Les clefs de l'œuvre
Date et lieu
Le 22 décembre 1808 à Vienne
Époque
Romantique
Taille
Environ 35 minutes
Dimensions
Cordes, bois et cuivres doublés pour ce concert, timbales
Signes distinctifs
Pom pom pom pom !
Ce que nous aimons
Son thème fatidique, sa puissance;
Sur la partition, ça n’a l’air de rien : 4 notes – trois brèves, identiques, suivies d’une longue. Quatre notes qui vont pourtant faire le tour du monde et devenir immédiatement reconnaissables.
Ce motif qui ouvre la Cinquième de Beethoven, énoncé à l’unisson par les clarinettes et les cordes, est une première dans l’histoire de la musique occidentale : Beethoven l’avait déjà utilisé dans des œuvres antérieures (andante du Trio à cordes n° 1, premier mouvement de la Sonate « appassionata », coda du premier mouvement du Concerto pour piano n° 3…), mais jamais encore une seule cellule rythmique n’avait pris toute la place d’une symphonie.
Répété, modifié, inversé, amplifié, affirmatif ou interrogatif, ce thème initial est révolutionnaire parce que, exploité de mille manières, il contient une puissance sidérante, au point de représenter à lui seul la musique classique.
Destiny
Beatrice Offor - Wikimedia Commons
Pourtant, la première représentation de l’œuvre ne commence pas sous de bons auspices. Lorsqu’elle est créée au Théâtre an der Wien, le 22 décembre 1808, le programme dure plus de quatre heures, la salle n’est pas chauffée, l’orchestre se montre hostile au compositeur… Autant d’éléments qui font de la soirée un fiasco.
Il faut attendre l’éloge d’E.T.A. Hoffmann, l’auteur de Casse-Noisette, également compositeur et critique musical, pour que la Cinquième, donnée en 1810 à Leipzig, suscite enfin l’intérêt : « C’est irrésistible comme cette magnifique œuvre transporte l’auditeur à travers des climats grandissant jusqu’au royaume spirituel de l’infini ». Dès lors, les louanges ne tarissent plus, celles de Berlioz en tête : « La symphonie en ut mineur […] nous paraît émaner directement et uniquement du génie de Beethoven ; c’est sa pensée intime qu’il y va développer ; ses douleurs secrètes, ses colères concentrées, ses rêveries pleines d’un accablement si triste, ses visions nocturnes, ses élans d’enthousiasme en fourniront le sujet ; et les formes de la mélodie, de l’harmonie, du rythme et de l’instrumentation s’y montreront aussi essentiellement individuelles et neuves que douées de puissance et de noblesse. »
Ainsi le Destin frappe à la porte.
Faut-il croire l’anecdote relatée par Anton Schindler, auteur de la première biographie de Beethoven ? Ayant demandé au compositeur la signification des quatre notes initiales, ce dernier lui aurait répondu : « Ainsi le Destin frappe à la porte ». Trait d’humour ou une véritable conviction ? Cette phrase a en tout cas donné à l’œuvre son sous-titre de « Symphonie du Destin ».
Elle est avant tout une des rares œuvres politiques de Beethoven. Le premier mouvement, irrigué par la cellule rythmique du premier motif, est un combat acharné contre l’oppression et la tyrannie.
Son Andante, plus intérieur et rayonnant, peut résonner telle une prière et une évocation des temps heureux.
La résistance s’organise dans le Menuet très actif et contrasté. Toute la partition mène vers une résolution libératrice.
Grâce au Final triomphant qui conclut cette quête vers la liberté, la symphonie acquiert une universalité magistrale. Une vision puissante, qui fait entrer de plain-pied la musique dans le romantisme.
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