Chapitres
Symphonie n° 4
en si bémol majeur, op. 60
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Créée en mars 1807 à Vienne chez le prince Lobkovitz en exécution privée puis reprise le 15 novembre au Hoftheater de Vienne pour la création publique.
Époque
Romantique
Taille
Environ 35 minutes
Dimensions
1 flûte, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales et cordes
Signe distinctif
Sa proximité avec les dernières symphonies de Joseph Haydn.
Ce que nous aimons
Son style enjoué, son équilibre, sa tranquillité intérieure.
Nous vous conseillons
Précisément les deux symphonies de Beethoven qui l’encadrent : la Troisième et la Cinquième.
Elle est « une mince fille de la Grèce entre deux géants nordiques »
Cela commence par une violente dispute : alors que Ludwig van Beethoven séjourne à l’automne 1806 chez son protecteur et mécène le prince Lichnovsky, le compositeur refuse de jouer devant des officiers français. Telle est sa façon de protester contre l’invasion napoléonienne.
Peu après, il va jusqu’à déclarer dans un billet lapidaire : « Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes il y en a et il en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven ». Quel panache ! mais aussi quelle gêne financière désormais !
Cela explique pourquoi il accepte une commande, lui qui ne les goûte pas particulièrement : celle du compte Oppersdorff, un aristocrate voisin qui lui demande une symphonie qui sera la quatrième de son catalogue.
Cupid And Psvche
François Gérard - Artvee
Composée très vite, sa nouvelle œuvre débute par une introduction lente à la tonalité dramatique, jouée pianissimo. En jaillit crescendo un Allegro optimiste qui expose le thème principal, très enjoué avec ses notes piquées des violons. Un second thème assez dansant vient le rejoindre, parsemé de modulations hardies, puis la progression dramatique culmine avec une coda affirmant la tonalité de si bémol majeur.
Du deuxième mouvement, un magnifique Adagio qui constitue le sommet de la partition, Hector Berlioz a écrit : « il surpasse tout ce que l’imagination la plus brûlante pourra jamais rêver de tendresse et de pure volupté. » De fait, la tendresse qui en émane instaure un climat poétique et mystérieux.
Le menuet, en réalité un scherzo au tempo très rapide, débute fortissimo par un motif des premiers violons, clarinettes et bassons et impressionne par son jeu sur les rythmes. On y entend ensuite deux fois un trio, ce qui donne au menuet une coupe en cinq parties – la règle qui sera désormais la norme dans les autres symphonies de Beethoven.
Le finale, très véloce également, renoue avec l’enjouement du premier mouvement et progresse avec virtuosité jusqu’à une conclusion riche d’effets.
Foin de la légende tenace selon laquelle cette symphonie optimiste serait le fruit des fiançailles entre Beethoven et la comtesse Thérèse de Brunswick – en réalité, ces fiançailles n’ont jamais eu lieu. La Quatrième symphonie ne constitue pas non plus un retour en arrière après la grandeur de la Symphonie n° 3 dite « Héroïque ».
Si par certains côtés, Beethoven se fait l’héritier des dernières symphonies de Haydn, les surprises qu’il introduit avec de brusques oppositions de dynamiques ou de rythmes traduisent bien sa marque de fabrique.
Isabelle Stibbe
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