Chapitres
Symphonie n° 6, op. 68, dite « Pastorale »
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Composée et créée en 1808 lors d’un grand concert de plus de quatre heures donné au Theater an der Wien au bénéfice de Beethoven.
Époque
Romantique
Taille
45 minutes
Dimensions
Orchestre symphonique
Signe distinctif
Elle est la première symphonie à programme, en l’occurrence la nature.
Ce que nous aimons
La vie frémissante qui jaillit de la partition, son caractère apaisé malgré l’épisode de l’orage au quatrième mouvement.
Nous vous conseillons
La Cinquième Symphonie de Beethoven composée et créée la même année.
Et pour les enfants : La Part du colibri, éd. Bilboquet-Valbert, un joli album illustré qui montre que chacun peut agir à son échelle pour aider à préserver la planète.
… la symphonie pastorale, cet étonnant paysage qui semble avoir été composé par Poussin et dessiné par Michel-Ange.
« Levez-vous, orages désirés ! » Cette exhortation de Chateaubriand, comme elle exprime bien le goût des romantiques pour la nature, elle qui par son effervescence et ses contrastes, semble le miroir de leurs tourments !
Si pendant des siècles la nature a inspiré les musiciens, leur permettant d’imiter le langage des animaux ou de reproduire les variations des saisons, elle devient au XIXe siècle une sorte d’idéal.
Le calme de la campagne, les douces mœurs pastorales, le chant mélodieux des oiseaux : autant de composantes enviables de cet état de nature corrompu par la société, dans une vision héritée de Jean-Jacques Rousseau.
Ce n’est pas un hasard si Laurence Equilbey a choisi d’ouvrir ce spectacle sur la relation entre l’homme et la nature par le mythe de Prométhée, avec une musique de ballet écrite par Beethoven en 1801 : Les Créatures de Prométhée.
Celui qui a dérobé le feu aux dieux révèle aux hommes leur vocation : transformer la nature grâce à la conquête technique.
Portret van Ludwig van Beethoven
Jan Fekkes - Rijksmuseum
Encore faut-il utiliser ces techniques avec raison. Or, l’urgence climatique nous montre à quel point l’homme a surexploité la nature, laissant la planète exsangue et en danger.
Certes, les cataclysmes terrestres ont toujours existé : en témoignent en musique les nombreux orages du répertoire comme celui d’Anton Reicha dans Lenore, la tempête dans Obéron, l’opéra de Weber, ou les montées des eaux décrites par Julius Rietz ou Fanny Hensel Mendelssohn dans Hero und Leander, deux amoureux qui se noient en tentant de se rejoindre.
Mais trop souvent, le déchaînement d’éléments trouve une cause dans la main de l’homme. La guerre est ainsi le pivot de la cantate Kampf und Sieg de Weber tandis que le poignant allegretto de la Septième Symphonie de Beethoven semble évoquer une tragique marche des migrants.
Autant de contrastes et de tensions dont s’emparent Carlus Padrissa, metteur en scène au sein de la Fura dels Baus, et le scénographe Mihael Milunović. Pour leur création commune autour du climat, ils ont imaginé des projections à 360° – expérience immersive favorisant la prise de conscience écologique –, et font de l’arbre le point névralgique du spectacle, avec toute la symbolique qu’il contient.
The Clove – A Storm Scene in the Catskill Mountains
Jasper Francis Cropsey - Artvee
Face à l’urgence climatique aiguisée par une économie favorisant la surproduction des ressources naturelles, quelles sont les alternatives ? Céder au pessimisme devant la charge écrasante qui nous attend ou préférer l’espoir en décidant d’agir ?
C’est cette option que semble avoir choisi en son temps Beethoven dans sa Sixième symphonie dite « Pastorale ». Lui qui aime tant la nature la choisit pour thème de sa partition. Nourri de lectures antiques et de Goethe, le compositeur y voit l’expression du consentement à la vie. D’où l’impression de sérénité qui se dégage de sa symphonie, écrite en 1808.
Sur les cinq mouvements de la « Pastorale », on ne note aucune tension, ce que reflètent les intitulés des premier, deuxième et troisième mouvements : « Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne », « Scène au bord du ruisseau » ou « « réunion joyeuse de paysans ». Seul le quatrième, un allegro intitulé « Orage », fait entendre un violent déchaînement, presque effrayant – une rupture dont on ne peut s’empêcher de trouver des résonnances contemporaines.
Isabelle Stibbe
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