Beethoven
Concert d'ouverture
Rédaction : Cora Joris
Introduction
Programme
Concerto pour piano et orchestre n°3, en ut mineur, op 37
Symphonie n°4, en si bémol majeur, op 60
Distribution
Sunwook Kim, piano
Insula orchestra
Laurence Equilbey, direction
Pour célébrer avec fraîcheur l’ouverture de la saison 21.22 à La Seine Musicale, Laurence Equilbey et Insula orchestra privilégient l’inédit.
Si honorer la musique de Beethoven leur est habituel, jamais encore ils n’avaient exploré sa lumineuse Symphonie n° 4 et son romantique Concerto pour piano n° 3.
Laurence Equilbey, Sunwook Kim
Julien Benhamou
Beethoven en dix points
Portrait de Beethoven
Joseph Karl Stieler - Wikimedia commons
1. Ludwig van Beethoven est un compositeur allemand de la fin du XVIIIesiècle et du début du XIXème siècle.
2. Il est né en Allemagne mais a vécu à Vienne, en Autriche, presque toute sa vie.
3. Il commence sa carrière comme virtuose du piano avant de se consacrer à la composition.
4. Avec Wolfgang Amadeus Mozart et Joseph Haydn, il représente le style musical viennois.
5. Il fait partie des derniers compositeurs de la période classique mais on le considère aussi comme l’un des premiers compositeurs romantiques.
Beethoven's funeral
Franz Xaver Stöber - Wikimedia Commons
6. Il souffre de problèmes d’audition et devient complètement sourd à l’âge de 27 ans.
7. Dans la plupart de ses œuvres, son style musical est tourmenté et dramatique.
8. Il compose neuf symphonies, dans lesquelles il agrandit l’orchestre et développe une puissance musicale qui inspire et impressionne tous les compositeurs du XIX siècle.
9. Il compose également de nombreuses pièces pour piano, des oeuvres de musique de chambre, des concertos et des œuvres vocales. Il compose un seul opéra.
10. Il est l’un des compositeurs les plus joués aujourd’hui, et certaines de ses oeuvres sont très connues, comme la Symphonie n°5 ou encore la Symphonie n°9 et son hymne à la joie dans le dernier mouvement.
Petite histoire de la symphonie
Arthur Nikisch
Nach Robert Sterl - Wikimedia Commons
Une symphonie est une œuvre musicale pour orchestre symphonique.
Une symphonie est une œuvre musicale pour orchestre symphonique. Elle se compose généralement de quatre mouvements.
La symphonie trouve ses origines à la période baroque, c’est-à-dire au XVIIe siècle, où les compositeurs (comme Antonio Vivaldi, Alessandro Scarlatti, Jean-Sébastien Bach…) écrivent des œuvres pour des ensembles de plusieurs musiciens, sous forme de dialogue entre les instruments.
La symphonie naît au XVIIIe siècle, notamment avec le compositeur allemand Joseph Haydn, qui en compose 104. Il forme l’orchestre symphonique, met en avant les instruments, et compose dans chaque mouvement des mélodies qu’il fait évoluer au cours de l’œuvre.
Le compositeur autrichien Wolfgang Amadeus Mozart contribue à faire évoluer le genre : avec ses 41 symphonies, il fixe le nombre de mouvements à quatre et écrit des mélodies au caractère souvent théâtral.
Insula orchestra
Julien Benhamou
Ludwig van Beethoven donne à la symphonie une dimension nouvelle. Il compose 9 symphonies beaucoup plus longues et plus complexes que ses prédécesseurs, agrandit l’orchestre, et introduit même un chœur et des chanteurs solistes dans sa Symphonie n° 9. Il ouvre alors une voie nouvelle aux compositeurs romantiques.
Au XIXe siècle, la symphonie continue à prendre de l’ampleur, notamment en Allemagne avec Robert Schumann, Johannes Brahms, Gustav Mahler… L’orchestre s’agrandit encore, et de nouveaux instruments apparaissent dans l’o, chez les bois avec le contrebasson par exemple, ou encore dans le pupitre des percussions. Les œuvres évoquent de plus en plus un programme, c’est-à-dire une histoire, bien que le texte ne soit pas explicite ; c’est le cas notamment de la Symphonie Fantastique du compositeur français Hector Berlioz.
À partir du XXe siècle, la symphonie continue à évoluer, en mêlant plusieurs genres. Les exemples de symphonies telles qu’on les composait auparavant sont moins nombreux, mais on peut quand même citer les œuvres de Jean Sibelius, Dimitri Chostakovitch, Serge Prokofiev, Henri Dutilleux, Philip Glass… Les symphonies sont parfois le reflet de l’époque dans laquelle elles naissent et prennent alors une dimension politique et historique.
Beethoven et la symphonie
Ludwig Van Beethoven, « Symphonie n° 9 - 1ères mesures du 2nd mouvement », fac-similé
La symphonie représente un enjeu important pour Beethoven, qui se confronte au genre plutôt tardivement : il a 29 ans quand il commence à travailler à sa Symphonie n° 1. Il cherche à se renouveler à chaque œuvre, et son langage musical se fait toujours plus complexe.
Il agrandit l’orchestre symphonique, par rapport à celui de Haydn ou Mozart : il introduit le piccolo, double le nombre de cors, augmente le nombre d’instruments à cordes…
Ses symphonies sont plus longues (la Symphonie n° 9 dure plus d’une heure, alors que celles de Haydn durent en moyenne 15 minutes !), et Beethoven développe en particulier le dernier mouvement, pour achever ses œuvres de manière grandiose.
Beethoven propose, dans chaque symphonie, de nouvelles particularités. Voici les plus importantes :
La Symphonie n°1 s’inscrit dans la tradition classique de Mozart ou de Haydn ; Beethoven joue sur les silences et construit ses mélodies avec seulement quelques notes. L’œuvre commence par une introduction lente pleine de mystère.
La Symphonie n° 3 est appelée Symphonie Eroica. C’est grâce à ce titre qu’on caractérise le style de Beethoven comme « style héroïque ». Cette symphonie rend hommage à Bonaparte, qui incarnait, jusqu’à sa prise du pouvoir, les idéaux héroïques de Beethoven. Le deuxième mouvement est une marche funèbre, et la musique de Beethoven se fait particulièrement dramatique.
La Symphonie n° 5 est l’une des plus connues de Beethoven, notamment grâce à son premier mouvement qui montre bien l’écriture tourmentée, dramatique, énergique du compositeur.
La Symphonie n° 6 s’appelle « Symphonie Pastorale », parce que Beethoven cherche à traduire en musique ses sentiments lorsqu’il est à la campagne, dans la nature. La Symphonie Pastorale n’est pas en quatre mouvements, mais en cinq, dont certains sont enchaînés, sans interruption. Beethoven évoque tour à tour le chant des oiseaux, le bruit tranquille et continu d’un ruisseau, la menace d’un orage, les coups de tonnerre, les danses de paysans et leur soulagement après la tempête…
Dans la Symphonie n° 7, Beethoven travaille sur le rythme : on entend des rythmes de marche funèbre, de chevauchée, des rythmes dansants et sautillants… Cette symphonie est la seule du compositeur qui ne propose pas de réel mouvement lent. En revanche, elle commence avec une longue introduction lente.
La Symphonie n°9 est la plus longue de toutes les symphonies de Beethoven. Pour le dernier mouvement, le compositeur ajoute à l’orchestre un choeur et quatre chanteurs solistes : c’est l’hymne à la joie, aujourd’hui adopté comme hymne officiel de l’Europe.
La symphonie n°4 de Beethoven
Nom
Symphonie n° 4
Date de naissance
Création le 5 mars 1807, sous la direction de Beethoven
Lieu de naissance
Vienne, Autriche
Durée
30 min environ
Structure
4 mouvements (I- Adagio, Allegro vivace, II- Adagio, III- Allegro molto e vivace, IV- Allegro ma non troppo)
Effectif
Cordes – 1 flûte – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 2 cors – 2 trompettes – 2 timbales
La Symphonie n° 4 est l’une des symphonies de Beethoven les moins connues et jouées.
La Symphonie n°4 témoigne de la subtilité d’écriture du compositeur qui réalise ici un équilibre remarquable entre légèreté et puissance expressive. L’orchestration se fait raffinée, et le compositeur fait ressortir les timbres de nombreux instruments qui interviennent seuls : pupitre des cordes, flûte, clarinette, cors, timbales…
Sa composition correspond à une période pendant laquelle Beethoven s’éloigne quelque peu du « style héroïque » : le Concerto pour violon et le Concerto pour piano n° 4, composés au même moment que la Symphonie n° 4, font entendre un univers musical plus apaisé, moins tourmenté que dans les œuvres précédentes.
The Lobkowitzplatz in Vienna
Bernardo Bellotto - Kunsthistorisches Museum Wien
Le premier mouvement s’ouvre sur une introduction lente, pleine de mystère, dans laquelle le silence occupe une large place. La mélodie des cordes dans le grave se fait menaçante et suggère une tension qui se relâche au changement de tempo : la suite du mouvement, plus rapide, fait entendre des passages musicaux vifs, joyeux, pétillants, victorieux…
Le deuxième mouvement est un mouvement lent qui fait entendre une mélodie calme et berçante aux violons. Pourtant, les quelques accords martelés du début, soulignés par les timbales et les cuivres, rappellent la puissance beethovénienne ; on décèle à intervalles réguliers une certaine menace sous-jacente, présente tout au long du mouvement qui s’achève pourtant dans l’apaisement.
Le troisième mouvement est un scherzo, c’est-à-dire une danse légère à trois temps. Mais Beethoven s’amuse et déplace sur les temps faibles les accents naturels de la mesure à trois temps. Le déséquilibre rythmique ainsi créé alterne, tout au long du mouvement, avec un deuxième univers musical qui fait la part belle aux bois ; flûtes, hautbois, clarinettes et bassons se passent la mélodie, accompagnés tout en délicatesse par les cordes.
Le quatrième mouvement, au tempo très rapide, fait entendre des cordes vigoureuses, à la rapidité fulgurante. L’euphorie des premières mesures laisse la place à des passages contrastés, tour à tour tendres, menaçants, victorieux… La Symphonie n° 4 s’achève sur un tutti triomphant.
Le concerto pour piano n°3
Nom
Concerto pour piano n°3 en ut mineur op. 37
Date de naissance
Création le 5 avril 1803
Lieu de naissance
Theater an der Wien (Vienne, Autriche), par Beethoven au piano
Durée
35 min environ
Structure
3 mouvements (I- Allegro con brio, II- Largo, III- Rondo)
Effectif
Piano soliste et orchestre symphonique (cordes – 2 flûtes – 2 hautbois – 2 clarinettes – 2 bassons – 2 cors – 2 trompettes – 2 timbales)
Le Concerto pour piano n° 3, contrairement à la Symphonie n° 4, fait entendre un langage musical véritablement tourmenté.
Le Concerto pour piano n° 3, contrairement à la Symphonie n° 4, fait entendre un langage musical véritablement tourmenté. Ludwig van Beethoven en commence la composition sept ans avant sa création. L’œuvre présente un piano soliste virtuose qui dialogue avec l’orchestre ; ce dernier n’est pas qu’accompagnateur : il joue un véritable rôle expressif et dramatique, comme dans les symphonies.
Le premier mouvement s’ouvre sur une longue introduction de l’orchestre, qui fait entendre une première fois le thème principal. Les premières notes, dans une nuance piano, installent un climat musical mystérieux et inquiétant, amplifié par les accords martelés qui suivent. Le piano soliste apparaît seul : de longues gammes, parfois affirmées et vigoureuses, parfois délicates, ponctuent la ligne mélodique toute en souplesse, à laquelle répondent les bois ou les cordes. Tout le mouvement se construit sur le développement du motif mélodique du début ; le compositeur explore les possibilités virtuoses du piano, surtout dans la cadence de soliste à la fin du mouvement.
Twilight in the Wilderness
Frederic Edwin Church - Artvee
C’est le piano seul qui fait entendre pour la première fois la mélodie lente et mélancolique du début du deuxième mouvement. Le thème est ensuite repris par la flûte et par les violons, avec un accompagnement chaleureux et apaisé aux cordes graves. Quand il ne joue pas les mélodies principales, le piano s’enroule autour de l’orchestre pour en orner les interventions, avec des fioritures mélodiques délicates.
Le dernier mouvement commence par un refrain qui revient à plusieurs reprises, tantôt au piano, tantôt à l’orchestre. Beethoven en propose des variations, c’est-à-dire qu’il y apporte des modifications de nuances, de timbres, de notes… Les couplets, différents les uns des autres, font entendre différentes sonorités de l’orchestre : délicatesse des bois, tumulte des timbales… Le mouvement s’achève sur une dernière section encore plus rapide, dans laquelle le piano est particulièrement rapide et virtuose.
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