Beethoven / Farrenc
Le programme
Œuvres
Louise Farrenc
Ouverture n° 1 en mi mineur, op. 23
Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 35
Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19
Soliste
Lucas Debargue, piano
Ensemble
Insula orchestra
Direction
Laurence Equilbey
Insula orchestra continue de défricher avec passion l’oeuvre de Louise Farrenc, compositrice française du XIXe siècle injustement oubliée. Ses deux ouvertures comme sa Symphonie n° 2 témoignent de son impressionnant talent symphonique. Leur compagnonnage avec le Concerto pour piano n° 2 de Beethoven, interprété par le sensible Lucas Debargue, fait de ce concert un hommage passionnant au romantisme.
Concert Louise Farrenc / Ludwig van Beethoven
Enregistré le 30 septembre 2022 à La Seine Musicale, Auditorium Patrick Devedjian
Note d'intention - Lucas Debargue
Etude pour le piano du "Bal blanc"
Joseph-Marius Jean Avy - Artvee
Quel est votre rapport à Beethoven ?
J’entretiens un rapport étroit avec Beethoven depuis que j’ai commencé à faire de la musique. Il est pour moi l’exemple le plus spectaculaire de ce que peut accomplir la volonté créatrice, quand elle n’ignore pas les passions du cœur et de l’esprit, sans pour autant se laisser totalement dominer par elles. Intimidant, parfois austère, son génie est un guide dans les temps où il semble que l’esprit humain n’arrive plus à supporter la coexistence de certaines contradictions fondamentales : entre les forces aspirant à l’ordre et celles aspirant au chaos qui luttent chacune en nous pour avoir la primauté, la musique de Beethoven nous offre un équilibre, où ordre et chaos peuvent coexister par l’opération d’une volonté faisant acte d’amour.
Quels sont les plus grands défis du Concerto pour piano n° 2 ?
Ce concerto prend le soliste à revers dans bien des passages, à commencer par son entrée : après la majestueuse introduction orchestrale, la main droite du pianiste égrène un motif dans le registre suraigu, comme s’il ne voulait (et non ne pouvait, on le verra par la suite) opposer aucun poids à la force orchestrale qui précède. Cette légèreté, qui se manifeste d’autant plus clairement dans la brillante tonalité de si bémol majeur, regarde consciemment vers Mozart – comme pour mieux s’affranchir de lui.
Le style classique est pour Beethoven un point de départ pour préparer l’ascension vers des sommets d’expression musicale, notamment dans la cadence du premier mouvement (écrite plus tardivement) et le second mouvement qui s’élève comme une grande prière. Que doit donc faire l’interprète, si ce n’est se laisser guider par les nécessités rhétoriques du style classique, sans pour autant craindre de manifester l’extraordinaire déferlement d’énergie spontanée auquel Beethoven s’adonne dans cette œuvre ? Je dirais que cette pièce réclame de l’interprète un enthousiasme passionné, qui sache se faire timide, réservé, recueilli, fier, drôle quand il faut.
Vous êtes également compositeur. Est-ce que cela influe sur votre façon de jouer ?
Je ne sépare pas vraiment mes activités de pianiste et de compositeur : elles sont le prolongement de la même pensée, de la même vie musicale. Ce que j’apprends de l’écriture musicale m’est directement utile pour l’interprétation, car cela me rapproche de l’artisanat des maîtres dont je joue les œuvres. Réciproquement, jouer les œuvres des maîtres me permet d’éviter de perdre la conscience d’un certain pragmatisme instrumental et de la réalité du concert dans la musique que j’écris : trop de compositeurs d’aujourd’hui se passent complètement d’être interprètes ou d’être au moins concernés par l’interprétation, accouchant d’œuvres parfois irréalisables à l’instrument et ne se souciant guère d’être intelligibles pour l’auditeur (chose dont un interprète doit en permanence se soucier, lui).
La parole à Josquin Macarez*
Insula orchestra
Julien Benhamou, 2022
*délégué artistique d’Insula orchestra
Insula orchestra remet au goût du jour les ouvertures et symphonies de Louise Farrenc. En quoi ces œuvres résonnent encore aujourd’hui et méritent d’être jouées ?
Dans les programmations de musiques dites classiques – qui plus est dans le répertoire symphonique – on observe une quasi absence des compositrices. Notamment parce qu’elles n’étaient pas considérées à leur époque, et leurs partitions rarement éditées et conservées. Avec Insula orchestra, nous menons une politique de recherche sur le répertoire, notamment celui des compositrices. Ainsi, dès notre première saison à La Seine Musicale, nous avons proposé la troisième Symphonie de Louise Farrenc et senti la parfaite adéquation entre sa musique et nos instruments d’époque.
Ces dernières années, le travail des compositrices semble de plus en plus mis en avant, qu’est-ce qui suscite cet engouement selon vous ?
La qualité de la musique que l’on découvre. En à peine cinq ans, Farrenc est entrée au répertoire, l’Orchestre Philharmonique de Radio France a programmé à son tour la troisième Symphonie puis d’autres orchestres ont suivi. Laurence Equilbey est d’ailleurs régulièrement invitée à jouer ses œuvres avec des orchestres permanents, cette saison encore à Granada et Montréal.
Comment Insula orchestra participe à ce travail de mise en lumière ?
Nous allons sortir prochainement une intégrale chez Warner classics -Erato, la toute première sur instruments d’époque. Puis nous nous attaquerons à l’œuvre d’Emilie Mayer, une autre compositrice du XIXe qui a écrit huit magnifiques symphonies. Nous avons à cœur d’enregistrer ces œuvres pour pouvoir les rendre accessibles au plus grand nombre. Enfin, il est important pour nous de proposer un travail de pédagogie au-delà des concerts. Cela passe par de la médiation, le numérique* ou encore la bande dessinée**.
*par exemple, Music Investigation, Louise Farrenc et les femmes compositrices.
**comme la bande-dessinée Louise Farrenc, illustrée par Chloé Wary.
Pratique d'exécution
Beethoven, Concerto pour piano n°2 op.19
Pno solo / 1.2.0.2 / 2.0.0.0 / Timb. / Cordes (10.8.6.5.4)
Farrenc, Symphonie n°2
2.2.2.2 / 2.2.0.0 / Timb. / Cordes (10.8.6.5.4)
Farrenc, Ouverture n°1
2.2.2.2 / 4.2.3.0 / Timb. / Cordes (10.8.6.5.4)
Diapason
430 Hz
Nomenclature – Mode d’emploi
Boulogne-Billancourt
Auditorium de La Seine Musicale
Dispositions de l’orchestre – Plans de scène
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Bibliothèque
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