Pastoral for the Planet
Attention, turbulences ! Les catastrophes terrestres sont au cœur de la première partie de ce concert qui explore la relation de l’homme à la nature. Heureusement, après l’orage (de Reicha) vient l’apaisement de la Symphonie n° 6 de Beethoven. La « Pastorale » trouve ici un écrin dans la mise en scène de la Fura dels Baus qui, après le succès de La Création de Haydn, revient avec un dispositif participatif et des projections à 360° et interroge notre rapport à l’écologie profonde.
Livret
Prometeo trayendo el fuego
Jan Cossiers
(…) l’arbre est tombé. Cette chute sonne la fin du monde, de l’harmonie et de l’espoir.
Première partie : Mythologie
Prométhée dérobe le feu sacré de l’Olympe pour le donner aux humains. Il est paradoxal, à la fois prévoyant et imprudent, utile et dangereux.
Dans la version du mythe par Pseudo-Apollodore (Ie ou IIe siècle ap. J.-C.), Prométhée crée les hommes à partir d’eau et d’argile, l’esprit étant ensuite insufflé par la déesse Athéna. L’idée essentielle de ce mythe est la souveraineté de l’homme. Le feu dérobé aux Dieux devient le symbole de l’indépendance de l’homme, mais également la tentation de l’homme de se mesurer à eux, de les surpasser.
Sur scène se dresse un arbre – axe du monde, totem, arbre anthropomorphe et arbre martyr. La forêt et les arbres symbolisent les humains et leurs sociétés ainsi que la force progressive de la vie, l’harmonie avec les cycles naturels de la planète.
Dans cette mise en scène, Prométhée devient Prométhéea. La création de l’humanité n’est pas l’affaire d’un homme mais d’une femme. Elle donne naissance à l’humanité. Dans la mythologie, Prométhée crée l’homme, et Zeus ordonne à Héphaïstos de créer la première femme, Pandore.
Dans cette mise en scène, Pandore devient Pandoro, celui qui libère tous les maux en ouvrant la boîte symbolique. Dans la mise en scène, Zeus est la chef d’orchestre, et Prométhéea la soprano.
L’eau de l’Èbre, fleuve espagnol, était considérée comme miraculeuse. La boire assurait longévité et santé. Mais aujourd’hui son eau est imbuvable car trop polluée. Nous sommes tous condamnés à boire de l’eau empoisonnée, à respirer un air pollué. Zeus a puni Prométhéea de son audace en l’enchaînant pour l’éternité au mont Elbrouz – le foie sans cesse dévoré par des aigles.
Nous sommes nous-mêmes enchaînés, condamnés à des souffrances provoquées par notre propre civilisation. Sur scène, l’aigle de Zeus attaque l’humanité, la contraint aux souffrances causées par la pollution des éléments essentiels – l’eau et l’air.
Les périodes d’attaque, de paix, de guerre, se succèdent. Les animaux s’éteignent au fur et à mesure. La dernière attaque est menée par des géants aux allures militaires, l’aigle se transforme en avion de chasse. De l’aigle-avion tombe soudainement une bombe et ainsi commence la destruction totale.
Allegory of War
Giovanni Antonio Pellegrini - Artvee
Deuxième partie : Pluriréalité
La guerre. Les humains sont désorientés, ils ne comprennent plus rien. C’est le début d’une destruction terrible : destruction des vérités, de la mémoire, des sociétés.
À la fin de cette guerre, l’arbre est tombé. Cette chute sonne la fin du monde, de l’harmonie et de l’espoir.
Le changement climatique a détruit l’équilibre naturel du monde, les conflits armés détruisent la Terre et les foyers, provoquant des flux massifs d’immigration. Nous assistons à l’exode de millions et millions de personnes.
Hero und Leander de Fanny Hensel-Mendelssohn raconte l’histoire d’amour entre Hero, prêtresse du temple d’Aphrodite et Leander, jeune homme de la ville d’Abydos.
Ils ne se sont jamais vus, ils communiquent par signaux à travers le détroit des Dardanelles. Ils ne se rencontreront jamais : Leander se noie en essayant de traverser le détroit et Hero, consommée par le chagrin, met fin à ses jours.
Ce mythe symbolise les histoires dramatiques des immigrés séparés de leurs familles, dispersés dans le monde, parfois noyés dans la mer.
Ainsi finit la Symphonie Pastorale, avec un retour à l’état divin de l’humanité.
Troisième partie : La Pastorale
La Symphonie pastorale imagine un renouveau, comme un paradis qui serait finalement accessible aux humains. Elle évoque la possibilité de créer un monde parfait grâce aux connaissances et aux expériences accumulées pendant des millénaires, dans le respect des ressources naturelles.
Un nouvel arbre est dressé sur scène. Un arbre biotechnologique, capable de créer de l’énergie et d’offrir un habitat. La Terre, alors désert aride, peut être revitalisée et cultivée à nouveau. La vie reprend, l’humanité exprime sa joie en se tournant vers l’art.
Ainsi finit la Symphonie Pastorale, avec un retour à l’état divin de l’humanité.
QUATRIÈME PARTIE : LE FUTUR
À l’aide de l’application Kalliôpé, le public choisit le destin de l’humanité et de la planète…
Les œuvres du programme
Premier Acte
- LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770 – 1827)
Les Créatures de Prométhée, n° 1 « La tempesta » - ANTON REICHA (1770 – 1836)
Lenore, « Orage » - Jota, chant traditionnel d’Aragon, Espagne
- JULIUS RIETZ (1812 – 1877)
Hero und Leander, ouverture - Chant traditionnel de l’ethnie Fang de Guinée équatoriale.
- CARL MARIA VON WEBER (1786 – 1826)
Kampf und Sieg (Bataille et victoire), n° 7 « Schlacht » (« Bataille ») - Dans le jardin, le saule est beau, chant traditionnel ukrainien
- LUDWIG VAN BEETHOVEN
Symphonie n° 7, 2e mouvement - FANNY HENSEL MENDELSSOHN (1805 – 1847)
Hero und Leander
Deuxième Acte
LUDWIG VAN BEETHOVEN
Symphonie n° 6, op. 68, dite « Pastorale »
Fin alternative
- CARL MARIA VON WEBER
Oberon, « Prière », « Tempête », « Cavatine » - LUDWIG VAN BEETHOVEN
Egmont, « Symphonie triomphale »
Projet artistique
Solistes
Sophie Karthäuser, soprano
Macarena Bravi, Luis García, Tamara N’Dong, Quico Torrent, danseurs
Ensemble
Insula orchestra
Dramaturgie et direction musicale
Laurence Equilbey
Mise en scène
Carlus Padrissa – La Fura dels Baus
Scénographie, dessin et contenu visuel
Mihael Milunović
Créateur vidéo et audiovisuel
José Vaaliña – Eyesberg
Mes dessins pour la mise en scène de la Pastorale sont réalisés au crayon, rappelant les carnets des explorateurs, et ils portent ce brin de mémoire, cette intimité profonde propre aux souvenirs.
Attention, turbulences ! Les catastrophes terrestres sont au cœur de la première partie de ce programme qui explore la relation de l’homme à la nature.
Prométhée, symbole de la destinée humaine, ouvre la longue liste des plaies climatiques avec une tempête d’anthologie, suivie par un orage décrit par Anton Reicha, ou par la montée des eaux à travers l’histoire d’amour de Héro et Léandre mis en musique par Julius Rietz et Fanny Hensel-Mendelssohn.
Les ravages causés par la main de l’homme s’invitent dans ce déchaînement d’éléments : la guerre est le pivot de la cantate Kampf und Sieg de Weber, tandis que le poignant allegretto de la Septième symphonie de Beethoven semble évoquer la marche des migrants.
Contrastant avec ce tumulte, La Symphonie n° 6 dite « pastorale » de Beethoven, jouée en deuxième partie, livre une atmosphère plus apaisée pour triompher dans un véritable hymne à la nature et à la paix.
Pastoral for the Planet
Julien Benhamou
Après le succès de La Création de Haydn, c’est la deuxième collaboration entre Insula orchestra et La Fura dels Baus, collectif catalan connu pour ses mises en scène à fort potentiel visuel et son ancrage dans le XXIe siècle.
Le sujet de la relation de l’homme et de l’écologie profonde tient particulièrement à cœur au metteur en scène Carlus Padrissa, qui s’associe à l’artiste multidisciplinaire Mihael Milunovic pour imaginer des projections à 360°.
La scénographie de Mihael Milunovic se développe autour du thème de la forêt comme représentation symbolique du rapport de l’homme à la nature. Toiles, dessins, éléments suspendus révèlent les jeux d’opposition entre verticalité (l’harmonie de la nature et des arbres) et horizontalité (la force transformatrice de l’homme).
On évolue ainsi progressivement d’une nature protectrice et nourricière à une nature dominée et soumise à la quête matérialiste des hommes. Les tensions et déséquilibres nés de l’action humaine révèlent l’urgence d’une prise de conscience écologique qui puisse durablement apaiser la relation de l’homme à la nature.
Carlus Padrissa et Mihael Milunovic développent aussi un axe participatif fort pour impliquer les spectateurs au cœur de la représentation, avec un dispositif numérique original.
Notes d'intention - Laurence Equilbey, Carlus Padrissa, Mihael Milunović
Pastoral for the Planet - La Seine Musicale
Julien Benhamou
C’est un spectacle hybride et multidisciplinaire où les spectateurs sont entourés par des projections, de la musique symphonique, des voix lyriques, du théâtre physique, avec la possibilité d’interagir depuis leur smartphone.
Comment est venue l’idée de ce spectacle ?
Laurence Equilbey : Depuis quelque temps, je réfléchissais à un projet musical autour de la question cruciale du climat. Le spectacle vivant a peu traité ce sujet, qui me paraît tellement sensible pourtant.
En 2017, après avoir créé La Création de Haydn avec la Fura dels Baus, nous étions désireux de travailler à nouveau ensemble. C’est pourquoi j’ai proposé « Pastoral for the planet » à Carlus Padrissa, qui a sollicité le plasticien Mihael Milunović.
Comment avez-vous choisi les extraits qui accompagnent la Pastorale ?
Laurence Equilbey : Pour ouvrir le spectacle, je suis partie symboliquement de la figure de Prométhée qui donne le feu sacré aux hommes.
La « planète en danger » est ensuite le sujet : musiques de tempête, d’orage, de montée des eaux, de guerre, de catastrophes, qui entraînent des dégâts irréversibles et des migrations dramatiques.
J’ai puisé dans Reicha, Beethoven, Weber, et deux raretés autour du thème de Hero und Leander, de Julius Rietz et Fanny Mendelssohn : l’histoire de deux amoureux qui se noient en tentant de se rejoindre.
Vient le temps alors de la reconstruction, avec la Sixième symphonie « Pastorale » de Beethoven. Il y a également quelques chants traditionnels, de Catalogne, d’Ukraine, d’Afrique, faisant référence à notre origine profonde, loin du tumulte actuel.
Direction... Aix-en-Provence #PastoralForThePlanet
Pastoral for the Planet - La Seine Musicale
Julien Benhamou
En quoi consiste le projet scénique ?
Carlus Padrissa : C’est un opéra immersif à 360°. Un spectacle hybride et multidisciplinaire où les spectateurs sont entourés par des projections, de la musique symphonique, des voix lyriques, du théâtre physique, avec la possibilité d’interagir depuis leur smartphone.
Mihael Milunović : Beethoven a achevé sa Symphonie n° 6 en plein milieu de la révolution industrielle, au début du processus qui a conduit au dérèglement climatique. J’ai réfléchi à la position de l’homme, mais aussi du créateur et de l’artiste, dans le contexte actuel.
Sur scène, le point central visuel est un arbre, symbolique – axe du monde, totem, un arbre anthropomorphe, arbre martyr. Arbre aussi qui personnifie Prométhée, le porteur de feu, de la connaissance à l’humanité. La verticalité de la forêt est le principe même de tout vie sur Terre.
Mes dessins pour la mise en scène de la Pastorale sont réalisés au crayon, rappelant les carnets des explorateurs, et ils portent ce brin de mémoire, cette intimité profonde propre aux souvenirs.
Carte Postale, Pastoral for the Planet à Brême
Pratique d’exécution
Beethoven, Les Créatures de Prométhée (tempête)
2.2.2.2 / 2.2.0.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Reicha, Lénore (Orage)
1+Picc.2.2.2 / 2.2.3.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Weber, Kampf und Sieg (Bataille)
2Picc.2.2.2 / 4.2.0.0 / Timb. + Tambour / Cordes (10.9.6.6.4)
Beethoven, Symphonie n°7 (2ème mouvement)
2.2.2.2 / 2.2.0.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Rietz, Hero und Leander (ouverture)
2.2.2.2 / 4.2.3.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Mendelssohn-Hensel (Fanny), Hero und Leander
Sop. Solo / 2+Picc.2.2.2 / 2.2.3.Spt / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Weber, Oberon (Cavatine)
Sop. Solo / 0.0.2.2 / 0.0.0.0 / Cordes (10.9.6.6.4)
Beethoven, Symphonie n°6 "Pastorale"
2+Picc.2.2.2 / 2.2.2.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Weber, Oberon (Prière)
T. solo / Cordes (6Va + 6Vc)
Beethoven, Egmont (symphonie triomphale)
1+Picc.2.2.2 / 4.2.0.0 / Timb. / Cordes (10.9.6.6.4)
Diapason
438 Hz
Nomenclature – Mode d’emploi
Boulogne-Billancourt
Auditorium de La Seine Musicale
Aix-en-Provence
Grand Théâtre de Provence
Dispositions de l’orchestre – Plans de scène
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Direction… Aix-en-Provence
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