Chapitres
Le Nozze di Figaro, K. 492
Les clés de l'œuvre
Date et lieu
Le 1er mai 1786 au Burgtheater de Vienne
Époque
Classique
Taille
3 heures pour l’opéra intégral
Dimensions
Orchestre et voix
Signe distinctif
La première collaboration entre Mozart et le librettiste Da Ponte.
Ce que nous aimons
La jubilation de l’ouverture, la mélancolie des airs de la Comtesse.
Nous vous conseillons
Les deux autres opéras écrits par Mozart en collaboration avec le librettiste Lorenzo Da Ponte : Don Giovanni et Cosi fan tutte.
Tous les numéros furent bissés, ce qui fit durer la représentation presque aussi longtemps que celle de deux opéras, et engager l’empereur à décider qu’à la seconde représentation, aucun morceau ne serait répété.
Au siècle des Lumières, les idées et les productions artistiques circulent si vite qu’à peine cinq ans après la première du Barbier de Séville en 1775 à la Comédie-Française, quatre opéras issus de la pièce sont composés en Europe.
Mais quand Mozart propose à Da Ponte d’écrire un livret tiré du Mariage de Figaro, ce choix n’est en rien dicté par la facilité : choqué par la pièce, l’Empereur Joseph II en a interdit la traduction et l’adaptation en allemand.
Da Ponte doit se résoudre à édulcorer la charge politique de la pièce pour faire accepter l’opéra.
Certains, comme l’écrivain François Mauriac, croient y déceler un effritement de la dramaturgie : « Enlevez de Beaumarchais le grondement sinistre qui annonce l’heure toute proche où le rasoir de Figaro va devenir le couteau de Guillotin, l’intrigue qui subsiste ne me retient que peu ».
Pourtant, le rasoir est autrement aiguisé. Témoin la cavatine de Figaro, où Mozart fouille les chairs avachies de la noblesse avec une lame bien affûtée.
Imperceptiblement, le menuet aristocratique du comte dégénère en une cabriole, les forti se font brusques, le ton de ré mineur menaçant. Pour qui sait écouter, ce menuet par lequel Figaro se paie la tête d’un représentant de la noblesse grince autant que la guillotine qui la fera tomber.
Mariage de Figaro
A. Lebours - gallica.bnf.fr / BnF
Si toute œuvre est une confession déguisée, on comprend pourquoi Mozart tenait tant à monter la pièce de Beaumarchais. Pour ce franc-maçon épris d’égalité, la dénonciation des privilèges ne pouvait rester sans écho. Plus que tout autre, il sait ce que signifie l’humiliation par les grands.
Elle est même inscrite dans sa chair, au sens propre, comme en témoigne le coup de pied au derrière reçu du comte Arco quand il lui présente sa démission de son poste de konzertmeister au service de l’archevêque Colloredo.
Mozart n’a pas oublié non plus les heures interminables passées dans le salon glacial de la duchesse de Chabot à jouer du piano dans l’indifférence générale.
Qu’est-ce qu’un musicien à l’époque ? Guère plus qu’un laquais. Et cela révolte Mozart qui a pleinement conscience de sa valeur : « le cœur ennoblit l’homme et même si je ne suis pas comte, j’ai peut-être plus d’honneur au corps que bien des comtes ; et valet ou comte, du moment qu’il m’insulte, c’est une canaille », enrage-t-il dans une lettre de juin 1781.
Dès l’ouverture, écrite en ré majeur, Mozart donne le ton : ce sera un presto. Si un temps, le compositeur a envisagé de l’interrompre par un mouvement lent en ré mineur, il y a rapidement renoncé, comprenant que seule une ouverture en un mouvement unique et se terminant par un crescendo vertigineux de tout l’orchestre, permettait d’imprimer le rythme de l’action et de mieux souligner le sous-titre de l’opéra : la Folle Journée.
Quant à la Comtesse Almaviva, la piquante Rosine du Barbier cruellement délaissée par son mari dans Les Noces, quelle noblesse dans chacun de ses deux airs ! La cavatine Porgi amor, qualche ristoro (Amour, apporte quelque réconfort à ma douleur) émeut par sa gravité tandis que le Dove sono évoque avec nostalgie le bonheur passé. Deux airs de toute beauté qui montrent à quel point Mozart était sensible aux personnages de femmes. Ce sont d’ailleurs elles qui triomphent à la fin de l’opéra, en unissant leurs forces, anticipant le concept de sororité.
Isabelle Stibbe
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