Chapitres
Mozart à Prague
Rédaction : Cora Joris
Introduction
Programme
Wolfgang Amadeus Mozart
La Clémence de Titus, extraits
Symphonie n° 38 «Prague»
Joseph Haydn
Scène de Berenice
Distribution
Cecilia Molinari, mezzo-soprano
Insula orchestra
Direction
Laurence Equilbey
Entre Mozart et Prague, la lune de miel n’a jamais connu d’orages. Quand le compositeur se rend pour la première fois dans la capitale de Bohème en 1787, il apporte dans ses bagages sa Symphonie n° 38, créée pour l’occasion. Un succès extraordinaire qui le conduit à écrire ce qui sera son dernier opéra, La Clémence de Titus, pour le couronnement du roi de Bohème, Leopold II, en 1791.
Mozart à Prague
Julien Benhamou
Mozart en dix points
Wolfgang Amadeus Mozart
Barbara Krafft - Wikimedia Commons
1. C’est un compositeur autrichien.
2. Il a vécu au XVIIIe siècle.
3. C’est un enfant prodige.
4. C’est un virtuose du piano et du violon.
5. Il fait partie des compositeurs de la période classique.
Mozart Giving A Concert In The salon Des Quatre-Glaces
Michel-Barthélémy Ollivier - Artvee
6. À l’âge de sept ans, il part en tournée de concerts dans toute l’Europe avec son père.
7. Avec Joseph Haydn et Ludwig van Beethoven, il représente le style musical viennois.
8. Il a composé 41 symphonies.
9. Il a composé une vingtaine d’opéras.
10. Il est mort à l’âge de 35 ans.
Mozart à Prague
Don Juan
Kelsey Curtis - Unsplash
Wolfgang Amadeus Mozart développe très jeune des talents incroyables pour la musique. Il reconnaît et mémorise très rapidement des mélodies et est capable de les reproduire au piano. Son père, Léopold Mozart, lui-même violoniste et compositeur, repère le potentiel de son enfant prodige et lui organise une grande tournée de concerts dans toute l’Europe. Le jeune Mozart se produit alors dans les Cours européennes et impressionne par son jeu pianistique et son oreille incroyable.
Après une jeunesse marquée par les voyages, Mozart s’installe à Salzbourg, sa ville natale, puis à Vienne, en Autriche, où sa notoriété s’installe peu à peu. Il développe son style musical et compose des opéras (Bastien et Bastienne en 1768, Lucio Silla en 1772, La finta giardiniera en 1775, L’Enlèvement au Sérail en 1782…), des symphonies, des sonates…
En 1786, il compose Les Noces de Figaro, un opéra en quatre actes d’après Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, dans lequel Mozart se moque des travers de la noblesse à travers le personnage du Comte Almaviva. L’œuvre, créée à Vienne le 1er mai 1786, plaît modérément au public viennois, qui est froissé par la critique sociale du livret.
Mozart quitte alors Vienne pour Prague, où son opéra connaît un succès fulgurant, et où il est reçu comme un roi. Il y reste quelques temps, et y reçoit notamment la commande d’un nouvel opéra : Don Giovanni.
Pour remercier le public pragois et en hommage à la ville de Prague, Mozart compose en 1786 sa Symphonie n° 38 dite « Prague ».
Petite histoire de la symphonie
Mozart a Prague
Julien Benhamou
Une symphonie est une œuvre musicale pour orchestre symphonique. Elle se compose généralement de quatre mouvements.
La symphonie trouve ses origines à la période baroque, c’est-à-dire au XVIIe siècle, où les compositeurs (comme Antonio Vivaldi, Alessandro Scarlatti, Jean-Sébastien Bach…) écrivent des œuvres pour des ensembles de plusieurs musiciens, sous forme de dialogue entre les instruments.
La symphonie émerge au XVIIIe siècle, notamment avec le compositeur allemand Joseph Haydn, qui en compose 104. Il forme l’orchestre symphonique, met en avant les instruments, et compose dans chaque mouvement des mélodies qu’il fait évoluer, qu’il développe.
Wolfgang Amadeus Mozart contribue à faire évoluer le genre de la symphonie : il fixe le nombre de mouvements à quatre et écrit des mélodies au caractère souvent théâtral.
Ludwig van Beethoven donne à la symphonie une dimension nouvelle. Il compose 9 symphonies beaucoup plus longues et plus complexes que ses prédécesseurs, agrandit l’orchestre, et introduit même un chœur et des chanteurs solistes dans sa Symphonie n°9. Il ouvre alors une voie nouvelle aux compositeurs romantiques.
Au XIXe siècle, la symphonie continue à prendre de l’ampleur, avec des compositeurs comme Felix Mendelssohn, Robert Schumann, Johannes Brahms, Gustav Mahler, Hector Berlioz… De nouveaux instruments apparaissent dans l’orchestre, comme le contrebasson ou les cloches par exemple, et les œuvres évoquent de plus en plus souvent un programme, une histoire.
Aux XXe et XXIe siècles, la symphonie a tellement évolué que les compositeurs mêlent plusieurs genres. Les exemples de symphonies sont moins nombreux, mais on peut quand même citer les œuvres de Jean Sibelius, Dimitri Chostakovitch, Serge Prokofiev, Henri Dutilleux, Philip Glass…
Mozart - Symphonie n°1, première page du manuscript (1764)
Biblioteka Jagiellońsk, Kraków
Mozart et la symphonie
La musique de Mozart, de manière générale, est une musique théâtrale, dramatique. Même quand il n’y a pas d’histoire, dans ses symphonies par exemple, Mozart raconte en musique : il fait entendre des mélodies variées et contrastées, très caractérisées ; chaque thème musical évoque un univers différent et la succession des mélodies forme une narration.
Mozart compose 41 symphonies tout au long de sa vie. Il agrandit l’orchestre symphonique en ajoutant notamment la clarinette et en généralisant l’usage des timbales, et donne donc une nouvelle ampleur au genre. Certaines symphonies, comme la Symphonie n° 40 ou sa dernière n° 41 dite « Jupiter » sont particulièrement magistrales.
Symphonie n° 38 « Prague »
Nom
Symphonie n° 38 «Prague» en ré majeur K. 504
Lieu de naissance
Prague
Durée
30 minutes
Structure
Symphonie en trois mouvements : I- Adagio, Allegro ; II- Andante ; III- Presto
Effectif
Orchestre symphonique : 2 flûtes traversières, 2 hautbois, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, cordes
Hynek Kott Praha
Düsseldorfer Auktionshaus - Picryl
Signes particuliers
Cette Symphonie n° 38 se construit en trois mouvements seulement, alors que le genre de la symphonie, depuis Haydn, tourne plutôt autour de quatre mouvements. Si Mozart fait ici une entorse à la tradition, ce n’est pas pour revenir aux origines de la symphonie, mais plutôt pour chercher à atteindre un équilibre en trois temps.
On peut également remarquer l’absence des clarinettes dans l’orchestre : la clarinette, à cette époque, n’était pas encore présente partout, et Mozart a préféré ne pas écrire pour cet instrument puisqu’il ne savait pas si l’usage de la clarinette était fréquent à Prague.
Le premier mouvement, traditionnellement rapide, commence ici par une longue introduction lente, magistrale dès les premières notes qui évoquent des appels de trompettes, ponctuées par les timbales. Après ce lever de rideau théâtral, ce passage lent fait entendre différents univers musicaux : la légèreté et la douceur laisse parfois la place à des accords plus torturés. Succède ensuite le mouvement rapide, léger et sautillant, dont certaines formules mélodiques rappellent l’ouverture de La Flûte enchantée, opéra le plus connu de Mozart.
Dans son deuxième mouvement, Mozart fait preuve de lyrisme en écrivant de longues mélodies chantantes et tournoyantes, qui changent de visage : joyeux, nostalgique, menaçant, apaisé…
Le dernier mouvement de la Symphonie n°38 est un mouvement rapide, léger et sautillant comme le premier mouvement, mais les accents dramatiques qui le ponctuent, soulignées par les trémolos des cordes et les grands coups de timbales, amplifient la dimension théâtrale de la musique de Mozart.
Petite histoire de l'opéra
A night at the opera
Carl Kahler - Artvee
L’opéra est un genre musical qui regroupe un orchestre, des chanteurs solistes et un choeur.
L’opéra est une œuvre musicale et théâtrale, avec un livret qui met en scène des personnages, incarnés par des chanteurs solistes.
L’opéra est né en Italie, à la toute fin du XVIe siècle. Le premier opéra est Dafne, du compositeur italien Jacopo Peri, en 1598. Le genre se développe, notamment grâce au compositeur Claudio Monteverdi, et le chant prend de plus en plus de place : les airs se font plus virtuoses, et alternent avec les récitatifs. Les livrets opposent des éléments tragiques à des éléments comiques, avec la présence de la magie et du merveilleux dans l’histoire.
En France, le compositeur Jean-Baptiste Lully crée un style d’opéra français avec la tragédie lyrique. Les sujets tournent alors autour de la mythologie.
Au XVIIIe siècle, l’opéra se développe aussi en Allemagne notamment avec Wolfgang Amadeus Mozart et le genre du Singspiel. À cette époque, on distingue deux grandes catégories d’opéra : l’opera seria, au caractère sérieux et noble, et l’opera buffa, au style plus léger et aux sujets comiques.
Au XIXe siècle, les opéras prennent une dimension plus grande, avec un élargissement de l’orchestre. On peut citer comme exemple Carl Maria von Weber, Gioachino Rossini, Giuseppe Verdi, Charles Gounod, Jules Massenet…
Les sujets correspondent à l’idéal romantique de l’époque : le merveilleux et l’amour sont toujours présents, le héros torturé est au centre de l’intrigue, et la musique se fait plus expressive et grandiose.
An Opera Performance
Jean-Michel Moreau - Artvee
Le compositeur allemand Richard Wagner repousse les limites de l’opéra : il rassemble un orchestre de plus de cent musiciens et des chanteurs aux voix plus puissantes, pour des opéras qui durent plusieurs heures. Il compose notamment l’Anneau du Nibelung, un ensemble de quatre opéras inspirés de la mythologie germanique et nordique, dont la durée totale est de quinze heures environ.
Au XXe et au XXIe siècle, les compositeurs cherchent à développer le genre de l’opéra d’une autre manière, en rupture avec Wagner. Ils développent d’autres langages musicaux, et choisissent des sujets plus réalistes pour leur livret.
Comme dans une pièce de théâtre, un opéra se structure en plusieurs actes. L’opéra commence toujours par une ouverture instrumentale, juste avant l’Acte I, dans laquelle seul l’orchestre fait entendre les mélodies principales de l’œuvre et donne le ton général (léger, dramatique…).
Les voix des solistes sont différentes selon les personnages. Les voix principales de l’opéra sont les suivantes : soprano (voix de femme aigue), ténor (voix d’homme moyenne), basse (voix d’homme grave). Traditionnellement, la voix de soprano incarne l’héroïne amoureuse, la voix de ténor le héros amoureux et la voix de basse le méchant ou le sage.
Lady with Opera Glasses
Cyprián Majerník - Artvee
Mozart et l’opéra
L’opéra est un genre important pour Mozart : il en compose une vingtaine et contribue à faire évoluer le genre à un moment où l’opéra est en pleine mutation. Il explore différents types d’opéras : seria (Idoménée), buffa (Les Noces de Figaro), mais aussi le genre du Singspiel (L’Enlèvement au Sérail), qui fait alterner les passages musicaux et les dialogues parlés.
On compte parmi les opéras de Mozart de nombreux chefs-d’œuvre ; Mozart a la capacité de mettre en musique les livrets avec une vivacité admirable, de donner vie aux personnages et de créer des œuvres amples à la structure complexe dans une apparente simplicité.
La Clémence de Titus
Nom
La Clémence de Titus K. 621
Lieu de naissance
Théâtre des États de Prague (Empire d’Autriche)
Créateurs
Mozart pour la musique, Caterino Mazzolà pour le livret, d’après Métastase et Suétone (La Vie des douze Césars)
Durée
2h30
Structure
Ouverture + deux actes
Effectif
Orchestre : violons, altos, violoncelles, contrebasses, 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes, timbales
Personnages principaux
Titus (ténor) : Empereur romain
Vitellia (soprano) : Fille du prédécesseur de Titus
Sextus (soprano / voix de castrat) : jeune aristocrate romain
Servillia (soprano) : sœur de Sextus
Annius (mezzo-soprano / rôle travesti) : jeune aristocrate romain
Publius (basse) : capitaine de la garde romaine
Sextus knielt voor Titus
Rijksmuseum
L’argument
L’action se déroule à Rome et tourne autour de l’Empereur Titus, qui doit se marier. Vitellia, éprise de l’Empereur, monte un strata-gème pour empêcher Titus d’épouser une autre qu’elle ; elle convainc Sextus, proche de l’Empereur, de mettre le feu au Capitole. Heureusement, Titus sort vivant de l’incendie, et s’apprête à condamner Sextus à mort, avant de se raviser. La vérité éclate enfin quand Vitellia avoue sa culpabilité, mais Titus montre à tous sa clémence et accorde son pardon à Vitellia et Sextus.
Signes particuliers
La Clémence de Titus est l’une des dernières œuvres que Mozart compose avant sa mort quelques semaines plus tard. Il travaille à son opéra en même temps qu’à La Flûte enchantée, qui est créée presque en même temps. Pourtant, les deux opéras sont radicalement différents : si La Flûte enchantée déborde de malice, de magie et de vivacité, La Clémence de Titus est plus sobre ; Mozart compose un opéra seria en deux actes, sans fioritures, qui reflète en musique la dimension historique et sérieuse du livret.
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